Abonnés

Parler n'est pas un crime

Par Léo Faure
  • Parler n'est pas un crime
    Parler n'est pas un crime
Publié le Mis à jour
Partager :

On se souvient de ces débuts de semaines monotones, sans surprise et sans étincelle, où l’on se demande deux bonnes journées ce qui fera l’Éditorial du vendredi. Quelle actu nous tient ? Quel événement nous porte ? Rien d’excitant, assurément. Et puis, il y a ces semaines comme celle que l’on vit, où le sujet vous tombe tout cuit dans les bras. Merci bien.

Mardi matin, conférence de presse à Marcoussis et annonce avancée de la composition d’équipe du XV de France qui affrontera l’Écosse, samedi au Stade de France. Avant le pays de Galles, Brunel avait hurlé à la trahison lorsque son équipe avait fuité dans la presse, dès le début de la semaine. Passée la saillie vengeresse, le sélectionneur précisait : « Je ne vais pas m’amuser à changer les chasubles à l’entraînement pour masquer la composition ». Raté : la semaine suivante, il modifiait effectivement les associations à l’entraînement jusqu’au jeudi, pour brouiller les pistes. Gagné : la compo n’a pas fuité. Perdu, encore : les Bleus n’ayant que peu travaillé en situation de XV de départ pendant la semaine, ils ont été dépassés stratégiquement à Twickenham.

Cette situation ubuesque, guidée par un raisonnement du vide et immédiatement punie par le sérieux anglais, quelques joueurs l’ont dénoncée. En commençant par Parra et Lopez. Les Clermontois l’ont payé comptant.

Voilà donc où nous en sommes. Côté pile, à nous plaindre du manque de caractère des hommes qui composent ce XV de France en pleine dépression. Côté face, à fusiller ceux qui osent lever la voix. Que Morgan Parra ait franchement planté sa sortie anglaise est une évidence. Qu’Antoine Dupont, flamboyant depuis trois mois, mérite sa chance, en est une autre. Mais voir Parra totalement disparaître de la feuille de match interroge.

Parra, ô coïncidence, fut le seul à assumer de porter aux oreilles du sélectionneur la grogne qui anime ces Bleus à la machine à café. C’est courageux de le faire en amont, beaucoup plus que d’exhumer les griefs quand il est trop tard. « Je l’ai fait pour le bien de l’équipe, se défend-il. Pas la peine d’aller y gratter une polémique. » On sait que Laporte ne l’a pas entendu de cette oreille, recadrant sévèrement le demi de mêlée clermontois en marge d’une de ses multiples réunions du week-end à Marcoussis. Dans les pas de son président, Brunel a tranché : Parra et Lopez seront hors du groupe. Une sanction ? Bien sûr que oui.

Passé plus inaperçu, un troisième Clermontois subit le même sort. Réclamé comme un homme de base depuis longtemps par Jacques Brunel, Wesley Fofana est certes régulièrement blessé, mais aussi convaincant dès qu’il joue. Il était titulaire face au pays de Galles, blessé en Angleterre. Cette fois, Fofana était apte à 100 % mais reste sur le pas de la porte. Même pas une place sur le banc ? Surprenant. Ou pas tellement, quand on se souvient que le trois-quarts centre auvergnat a récemment fait part publiquement de son étonnement au jour du licenciement de Guy Novès.

L’ère de la communication lisse a sonné. Plus une tête ne doit dépasser. Pour s’en assurer cette semaine, Serge Simon a personnellement supervisé les conférences de presse, se plaçant physiquement en évidence, histoire que tout le monde le voit bien pendant les interviews : les journalistes, donc, mais aussi les joueurs qui répondaient aux questions. Un flicage en bonne et due forme.

C’est cocasse, pour qui a un peu de mémoire. À sa prise de fonctions présidentielles, Bernard Laporte clamait que le premier drame de ces Bleus était leur absence d’image. Qu’il fallait aérer cette équipe et ouvrir les vannes en grand, pour draguer les partenaires. Pas faux, voire totalement vrai. Mais voilà que son bras droit resserre les Bleus contre les grands méchants des médias « qui déforment les propos » - si besoin, les enregistrements de Twickenham sont à disposition./// Le levier de l’ennemi commun est vieux comme le monde, jusqu’à en être désuet. Mais que tout le monde se rassure, à Marcoussis : pour autant que cette stratégie prétendument fédératrice puisse permettre de battre l’Écosse, on sera les premiers ravis de ce rôle d’épouvantail. Franchement. On ne demande même que ça.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?