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Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Vous avez suivi l’actualité des Bleus ? Un hiver en pente raide qui pourrait bien virer au sinistre, samedi à Rome, dans la droite lignée d’une année 2018 ratée qui avait déjà suffi à légitimer Jacques Brunel au rang de pire sélectionneur de l’histoire du rugby français. Sans tirer sur l’ambulance, soyons factuels : le bilan du sauveur censé légitimer le licenciement programmé de Novès transpire l’échec, le bricolage et l’absence de solutions. Au passage, il confirme deux évidences : d’abord, Guy Novès était tout sauf le ringard de service que le vrai-faux audit de Serge Simon a tenté de clouer au pilori.

En suivant, impossible d’ignorer plus longtemps encore la répétition du signal d’alarme qui retentit autour de nous depuis tant d’années : le problème du rugby français n’est pas lié à un "trou" générationnel, même si Picamoles et certains de ses contemporains - des "moyens courriers" qui finissent par s’éloigner de l’excellence imposée par le haut niveau international - sont enkystés dans la défaite.

La vérité est ailleurs : notre problème est d’abord structurel. Lié à la formation des joueurs, aux compétitions, calendriers, rapports Ligue/Fédé et autres recrutements massifs d’étrangers. Sans oublier l’argent roi qui nous a fait croire que le principe de jeu - avec tout ce que cela suppose de créativité et de liberté - pouvait être résumé par la seule valeur travail… à force d’être dévoyée, l’expression se fait choquante.

Arrêtez donc de nous mentir, Messieurs les apprentis sorciers devenus leaders maximo de batailles servant vos intérêts et flattant vos ego. À force d’immobilisme, sans une vision d’avenir partagée, la vitrine du rugby français s’est enlisée dans une forme de médiocrité qui l’étouffe et le ridiculise aux yeux du monde.Rien de nouveau - on l’a déjà trop écrit, ras le bol : depuis 2011, le système s’est auto-bercé par l’illusion de sa toute puissance, avec le French Flair pour creuser la tombe du soldat tricolore et le culte du tout physique pour finir par l’ensevelir.

En cas de succès des hommes de Guirado, samedi à Rome, il ne faudra pas croire au miracle. La soudaine union sacrée ne servira jamais qu’à maintenir les Bleus et leur staff hors de l’eau. Rapidement, il faudra en finir avec le bricolage qui prédomine à tous les étages. Choisir des hommes, et leur faire confiance jusqu’au bout. Déterminer un projet avec une stratégie pour le servir, et s’y tenir. Repenser l’organisation, et revoir l’ensemble des rôles. Reconnaître la compétence, et en finir avec les jeux d’ombre en coulisses.

Plus que jamais, notre vitrine a besoin de lumière et d’éclat. D’autres choses que ces basses manœuvres encore menées en coulisses pour changer de capitaine après l’humiliation anglaise. Ceci tout juste un an après la destitution de Novès qui fut suppléé par un staff construit à la hâte et qui ne saurait payer pour tout le monde, comme son prédécesseur. Bricolez, il en restera toujours quelque chose. Mais ne riez pas : on voudrait fragiliser les Bleus que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

À bien y regarder, si l’on peut regretter l’erreur magistrale de casting, difficile de reprocher à Brunel et ses entraîneurs d’avoir saisi la perche tendue. Tout juste sommes-nous convaincus qu’ils se sont trompés en acceptant de faire croire à l’ensemble du rugby français que nous étions toujours compétitifs… Mensonges. Cette communication a creusé un monde de tensions et d’incompréhensions alors que Brunel avait tout à gagner en déclarant ouvertement porter un projet pour 2023. Même sans victoire, il aurait trouvé du temps et de la bienveillance pour lui, ses dirigeants et les joueurs. Au lieu de quoi, c’est désormais sauve qui peut autour de ce XV de France miné par un climat de défiance et suspendu à l’espoir d’une victoire contre l’Italie pour sauver son Tournoi. Un comble…

Il appartient désormais à Bernard Laporte de faire le ménage et d’y voir enfin clair pour tout le monde. Lui seul peut conduire au changement. Dans l’urgence et comme prévu, sa première décision devrait être de renforcer "rugbystiquement" le staff en place en vue du Mondial. Manière de répondre à l’attente des joueurs et de confirmer tout le temps de perdu. Manière enfin de reprendre les choses en mains et de lancer le grand chantier du rugby français que tout le monde appelle de ses vœux. La fin du grand bricolage ? 

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