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Une histoire d'hommes

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Quel est le point commun entre Montpellier et Perpignan ? Si vous répondez "Méditerranée" ou "Occitanie", vous avez perdu. L’affaire ne doit rien à des considérations géographiques. Le lien entre ces deux vainqueurs du week-end est juste ancré au plus profond de l’ADN du rugby, elle en fait sa richesse historique et la raison pour laquelle nous l’aimons tant : l’aventure humaine. Rien d’autre.

Montpelliérains et Perpignanais, que l’on disait perdus cette saison, minés par les échecs à répétition, ont ainsi relevé la tête ce week-end. Difficile, évidemment, d’imaginer les Catalans s’offrir une "remontada" fantastique pour quitter la zone de relégation mais les Héraultais, eux, ne sont plus qu’à cinq points de la qualification… Les morts-vivants sont toujours debout. Mus par l’orgueil, la fierté et l’honneur. Portés par une vague d’enthousiasme - on ne réalise jamais rien de grandiose sans plaisir - et par la force d’un collectif qui a su se mobiliser autour d’un projet commun. Ce n’est pas la moindre des performances du côté montpelliérain où, jusqu’ici, Vern Cotter n’était jamais parvenu à fédérer un vestiaire miné de l’intérieur, rongé par les clans bien avant son arrivée dans l’Hérault, divisé entre Français, Sud-Africains et tous les autres joueurs réunis sous la bannière "reste du monde"

L’énorme gâchis s’était concrétisé par la sombre défaite que l’on sait lors de la dernière finale du Top 14, contre le Castres Olympique. Certains des meilleurs joueurs de la planète rugby avaient été réduits au silence par la force de ce collectif tarnais moins brillant individuellement mais habité des plus franches certitudes. Le vestiaire montpelliérain a mis six mois pour comprendre et digérer la leçon. Il a fait son propre ménage, sauvé la tête de son manager et posé les bases d’une fin de saison dantesque qui emprunte encore tant de choses à ces Castrais qualifiés de la dernière heure l’an dernier. Et finalement champions…

Rien n’est écrit mais l’on se dit qu’il faudra compter avec le MHR, qui chante encore et semble à nouveau goûter à ce plaisir du jeu que Morgan Parra porte au premier chef de la réussite clermontoise : "C’est la base de tout !" Cette flamme que les Toulousains parviennent à faire durer match après match et qui fait tant défaut au XV de France autour duquel la sinistrose a tout occulté, du savoir-jouer à la joie de vivre et partager des instants exceptionnels en sélection.

Soyons clair, les Gallois - que nous aurions dû battre dès l’entame du Tournoi 2019 - ne sont pas meilleurs que nous. Mais, à l’image des Castrais l’an dernier, ils ont su construire une aventure extraordinaire en donnant beaucoup d’eux-mêmes au service du collectif. C’est ce pouvoir des hommes que révèlent les images d’une vidéo, fabuleuse de simplicité et à l’implacable vérité : celle de l’accolade entre Jonathan Davies et Alun Wyn-Jones, réunis sur le terrain après leur Grand Chelem. Sur les lèvres du centre on peut lire cette déclaration à l’adresse de son capitaine : 'Je t’aime". Parce qu’ils avaient tout à donner et à partager…

À l’inverse des Bleus, revenons-y, privés de tout. En choisissant de remercier Guy Novès l’an dernier, Bernard Laporte avait certainement en tête de remplacer la rigueur du sélectionneur toulousain par cette joie de vivre qui sourit aux autres, histoire de libérer les énergies et de décomplexer les joueurs. Faute de repères et de maîtrise rugbystique, le pari du président de la FFR a échoué. Parce que Jacques Brunel n’est jamais parvenu à écrire les premières lignes d’une de ces histoires d’Hommes qui font la grandeur des managers. Toute la magie du rugby…

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