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L’œil de Fabien

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Pour la première fois, ce week-end, Fabien Galthié suivra une rencontre avec un œil nouveau. Pas celui du technicien, non. Cet œil-là, il l’a toujours eu, un temps en avance sur bon nombre ses interlocuteurs. Quand on lui parlait d’un match du XV de France, de ses faits de jeu, ses éclats et ses vides, Galthié était déjà dans la réflexion d’après : le contenu des entraînements, les philosophies de jeu et ses constructions collectives pas toujours en adéquation.

Galthié, dimanche, scrutera ce Leinster-Toulouse de tous les rêves non plus avec son œil analytique mais avec l’œil de celui qui se projette vers du concret. Demain, il ne sera plus seulement là pour décrypter. Il sera là pour construire, avec la matière première du rugby français dont le Stade toulousain détient quelques diamants. Que verra-t-il ? Que notre rugby a du talent, bien sûr, et qu’importe ce que disent ses résultats. Que ce talent, réel et parfois abondant dans nos clubs, ne doit plus laisser la place aux purges des Bleus, comme dans le dernier Tournoi. En ce sens, le dernier Toulouse-Clermont, superbe, emballant et empruntant tout aux codes du meilleur rugby international, a dû le rassurer.

Il verra aussi que le tableau, s’il laisse de l’espoir, n’est pas idyllique pour autant. Ce dimanche, le Leinster sera favori avec quatorze Irlandais sur la pelouse. Toulouse, de son côté, osera un des plus grands exploits de son histoire avec quelques perles bleues, bien sûr (Dupont, Guitoune, Ramos, Cros…) mais aussi une colonie de joueurs venus d’ailleurs. Et que ces joueurs, de Gray à Kaino, de Kolbe à Tekori, de Faumuina à Arnold, sont bien souvent ses éléments dominants depuis le début de la saison. Contre cela, Galthié ne pourra rien. Comme les autres, il devra composer demain avec ce rugby français où la bonne volonté ne suffit plus à écraser les errances d’un système. À défaut d’y trouver tout son réconfort, espérons que l’ancien toulonno-montpelliérain trouve dans cette demi-finale européenne un certain plaisir de futur sélectionneur.

Le plaisir, c’est souvent ce qui a manqué à l’équipe de France, ces dernières années. Ce que les joueurs disent, de manière détournée, quand ils confient toute leur joie de rejouer en club au lendemain d’une séquence internationale. Du plaisir, Toulouse en a distribué à la pelle, depuis huit mois. L’ambition du rugby pratiqué, la solidarité de ses hommes dans la difficulté et le talent, pur, que la confiance sublime, ont été des phares de cette saison 2019-2020. Cela peut-il suffire à renverser la meilleure équipe d’Europe, tenante du titre et comptant parmi les plus beaux collectifs de l’histoire de la Coupe d’Europe ? On veut y croire. Ce sera dur.

 L’expérience montre que le Stade toulousain en est capable. Il l’a fait, en octobre, dans un stade Ernest-Wallon en fusion. Il a aussi souffert lors de sa deuxième tentative face au Leinster, en janvier à Dublin. De retour dans la capitale irlandaise, l’équipe d’Ugo Mola ne sera évidemment pas favorite. Si elle perd, personne ne s’en offusquera, pour peu qu’elle tombe les armes à la main. Si elle gagne, elle n’aura pas encore de titre pour autant. Mais elle aura déjà marqué sa saison d’une émotion immense pour ceux qui lui vouent leur passion. C’est finalement tout ce qu’on demande au rugby. 

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