Les Gaulois du Queyran

Par Midi Olympique
  • Dans le sillage du capitaine Guillaume Garin (avec le ballon), Mathieu Bernet, Olivier Garin, Benjamin Feilles et leurs coéquipiers sont à l’abordage. Photo DR
    Dans le sillage du capitaine Guillaume Garin (avec le ballon), Mathieu Bernet, Olivier Garin, Benjamin Feilles et leurs coéquipiers sont à l’abordage. Photo DR
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LE QUEYRAN - honneur Le RCQ est un exemple rare de gestion de club hors de la dictature de la finance. Faut-il s’en inspirer ? À vous de juger.

L’aventure des clubs d’Honneur du Lot-et-Garonne ressemblerait plutôt cette saison à l’exact contraire du Cid : "Nous partîmes six, mais point de prompt renfort, et il ne fut qu’un seul en arrivant au port d’embarquement pour les phases finales nationales." Le "survivant" n’est pas celui auquel on pense spontanément car Le Queyran n’a rien d’une armada. En revanche, le RCQ, émanation du rugby de quatre villages (Villefranche-de-Queyran, Azex, Leyritz-Moncassin et Razimet) totalisant un millier d’habitants, vibre de l’intérieur. Surtout, il est considéré comme le dernier "club gaulois" (avec Lacapelle-Biron) du Lot-et-Garonne. Ce qui signifie que l’argent ne pénètre pas un millimètre du domaine sportif et que le bénévolat pur et dur tient lieu de doctrine. Peut-être faut-il voir dans cet art de vivre l’influence d’un président : Jean-Marc Garin, également éducateur et président du comité départemental. Très vite, les mots qu’il prononce ont un poids : "Nous vivons qu’avec nos jeunes tous issus, à un élément près, de nos équipes minimes, cadets ou juniors. Sur les 60 licenciés seniors, seuls 8 en équipe B sont de provenance extérieure. Et entre eux c’est fort."

Des règles de vie

Et ce modèle n’est pas un frein aux ambitions car déjà la saison dernière, le titre de champion du comité Honneur avait échappé aux Queyrannais huit minutes au-delà du temps réglementaire. Une blessure qui n’a rien remis en cause puisque la très forte représentation locale provoque un étonnement teinté de respect. "Chaque joueur des minimes aux seniors paie sa licence 50 €, balance fièrement Jean-Marc Garin. Aucun n’est indemnisé, même pas d’indemnités kilométriques. Le club se paye l’eau, l’arrosage, le gaz, l’entretien du stade et cela nous coûte 12 000 € de frais de fonctionnement par an alors que les quatre communes nous versent une subvention totale de 5 000 €. Tenir un budget de 180 000 € exige de gros efforts." Pour offrir plus de confort à leurs joueurs les dirigeants ont eux-mêmes installé l’éclairage payé par le club, comme la clôture de ceinture. Cet investissement généreux des bénévoles ne peut que déteindre sur les joueurs. Ils nettoient à tour de rôle les vestiaires après les matchs. Jean-Marc Garin ne s’en étonne plus : "Ce sont des règles de vie que nous avons mises en place depuis la montée en Honneur il y a cinq ans. Ce sont des valeurs qu’on défend et qu’on inculque. C’est de plus en plus difficile mais les bases sont solides." Heureuse conséquence de cette dynamique, les joueurs se recrutent entre eux et le président peut fortifier sa politique : "Nous jouons au niveau que l’on peut avoir avec nos joueurs. Sans pression." Ainsi la vie est plus belle au Queyran où une très bonne équipe d’anciens vient faire bénéficier les plus jeunes de l’école de rugby de son expérience ; où l’éducatrice Béatrice Castagnet réalise un excellent travail auprès des M6. Où, enfin, les entraîneurs Alain Pittico et Philippe Résigné ont mené le collectif du capitaine Guillaume Garin aux portes d’une belle aventure. Finalement, si le modèle queyrannais était une maladie contagieuse qui se répandait sur les terres d’Ovalie, qui s’en plaindrait ?

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