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La chronique de Pierre Villepreux : Made in France…

Par Midi Olympique
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Au regard du bien-fondé ou non de l’arrivée d’un manager-entraîneur étranger au chevet du XV de France, en sondant par référendum le monde amateur, il n’aurait pas été inutile de préciser la nature de cette fonction, son rôle, son pouvoir d’action en termes d’objectifs et de moyens. Les votants auraient eu une idée plus claire du poste et des effets attendus sur la conduite du rugby français qui dépassent la quête de meilleures performances du XV de France à l’aune de la Coupe du monde 2023. Un tel choix ne touche pas seulement la refonte du jeu tricolore. Il conduirait à une réforme de nos structures sportives compétitives et administratives et le système de formation actuel en serait impacté.

Je fais partie de ceux qui pensent que la France reste une grande nation de rugby. On a su tout au long de l’histoire du jeu construire — quoiqu’on en dise aujourd’hui — un rugby identitaire. Les éléments moteurs de cette construction résidant dans les façons et modes de jouer le jeu et… de l’enseigner, des débutants au plus haut niveau. La conception de la formation a progressivement été modifiée avec des effets visibles. Une évolution qui a demandé pour les entraîneurs des compétences et savoir faire nouveaux, différents plus scientifiques. Aujourd’hui, l’accès rapide à toutes les données de la pratique, celles du jeu, celles des méthodes de formation et de managements de nos meilleurs adversaires permet d’en faire émerger les régularités, les similitudes et altérités. Autant d’outils qui dans tous les domaines de la performance outils sont maintenant à la disposition des entraîneurs français. Il convient de les exploiter avec à propos sans qu’il soit pour autant nécessaire de passer par une "déculturation" teintée d’idéalisation venue du monde anglo-saxon. Le risque serait d’y retrouver, ou de faire semblant de découvrir ce que l’on sait déjà mais dit et présenté autrement. Pas sûr que cela apporte de réelles solutions ni plus value.

Peut-on croire que ce sont des modes managériales venant d’autres cultures avec d’autres façons d’être et de faire qui transformeront radicalement le jeu actuel des tricolores ? Ces modes viendront, elles, à bout des particularismes culturels franco-français sans provoquer des résistances en interne et pire, en externe, surtout si les résultats ne changent pas radicalement et vite. Importer des concepts de formation et formes de pratiques, c’est laisser croire — c’est ce qui me gêne - que les entraîneurs français ne soient pas qualifiés pour discerner ce qui est pertinent pour gommer nos manques et défaillances en jeu tout en enrichissant notre système de formation.

Les mécanismes de la production rugbystique, leur appropriation par les joueurs afin de les guider vers la performance d’excellence, se construisent dans le temps depuis la formation initiale jusqu’au plus haut niveau. S’il s’agit de tout changer et bâtir une autre réalité de la vie rugbystique des pratiquants et des entraîneurs français, cela prendra du temps et nécessitera un engagement actif, des joueurs, du monde des formateurs à tous les niveaux de notre pratique voire de l’institution fédérale puisque la formation actuelle en sera décrédibilisée et, à terme, caduque.

Elle a produit pourtant de bons joueurs (un potentiel que l’on envie ailleurs), a fabriqué en plusieurs occasions des bleuets champions de monde et une équipe féminine qui joue plutôt bien au rugby, voire maintenant une équipe nationale à 7 qui commence à rivaliser. Je peux parfaitement comprendre vu le dénuement du jeu de l’équipe nationale que l’on puisse aujourd’hui ressentir ce besoin de changement. Mais, si problème il y a, il faut aller chercher les vraies raisons là où elles sont. D’abord, dans le mode de jouer le jeu qui reste à redéfinir et dans la mise en place et œuvre d’une dynamique nationale touchant une méthode de travail commune pour tous les niveaux de la pratique. Dans ce cadre les entraîneurs français possèdent ressources et compétences pour s’engager derrière un vrai projet fédérateur. Il s’agit bien d’une vraie stratégie de rénovation fortifiée par les effets en chaîne que cela générera à tous niveaux de jeu. Ce qui impose de définir au plan méthodologique des priorités de formation. Celles-ci doivent s’anticiper et s’inscrire dans l’accélération du rythme des exigences dans tous les domaines de la performance particulièrement dans le jeu lui-même qui appelle sans cesse à rechercher novations et créativité, caractéristiques de notre culture de jeu, dans un passé pas si lointain.

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