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Boudjellal : "Encore un mur entre Patrice et moi"

  • Patrice Collazo et Mourad Boudjellal (Toulon)
    Patrice Collazo et Mourad Boudjellal (Toulon) Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’homme fort du RCT tire le  bilan d’une saison ratée, défend son manager Patrice Collazo et promet le retour de son club au premier plan la saison prochaine.

Midi Olympique : Cette année, on ne vous reconnaît pas, malgré les défaites, aucun entraîneur licencié, peu de déclarations fracassantes... Où est passé Mourad Boudjellal ?

Mourad Boudjellal : Et actuellement, le RCT n’a jamais été si mal classé en Top 14 depuis que je suis président ! J’aimerais bien refaire le Toulon des années Laporte avec, au minimum, une finale par an. J’y travaille, d’ailleurs... Mais n’oubliez pas que la Ligue a pondu pendant trois ou quatre ans des règlements pour nous empêcher de continuer à dominer le rugby français ! Le système des Jiff et le Salary Cap ont été créés. On a offert à Canal+ la possibilité de diffuser la plus belle affiche le dimanche et, comme par hasard, c’est très souvent Toulon qui a été programmé ! Chaque étape nous a apporté un nouvel handicap. Tant et si bien que j’ai appris à devenir bon perdant cette année.

Qu’est-ce qui fait que vous êtes devenu "bon perdant" ?

M.B. : Plusieurs facteurs, et notamment la rentrée dans le capital du club de Bernard Lemaître. Une personne avec qui j’échange pas mal, quasi au quotidien. Il est ma bonne conscience, mon Jiminy Cricket ! Il sait trouver les mots pour me calmer. Puis, jusqu’à présent je construisais une équipe chaque année ! Et là, avec Bernard mais aussi avec l’arrivée de Patrice Collazo, nous avons décidé de construire un club. Je veux laisser après moi un véritable club de rugby à Toulon.

Donc votre entraîneur, Patrice Collazo, ne sera pas menacé en fin de saison ?

M.B. : Absolument pas. Chaque fois que je me suis séparé d’un entraîneur, c’est parce que des joueurs m’avaient alerté. Des fois, je l’ai dit publiquement, d’autres non. Mais pas une fois j’ai viré un entraîneur sans que le vestiaire ne m’ait alerté. Pour Collazo, pas un joueur ne m’a fait passer un message négatif. Alors, effectivement, la saison est difficile mais je suis aussi conscient que sur le papier l’équipe est bien moins belle que l’an passé, c’est certain. Les résultats de cette année sont excusables au contraire de l’an passé où l’on aurait dû vivre au moins une finale, soit en Coupe d’Europe soit en championnat de France.

Comprenez-vous les doutes qui existent sur le fonctionnement du duo que vous formez avec Collazo ?

M.B. : Il est particulier. Il existe encore un mur entre Patrice et moi, un peu de défiance même. Mais, petit à petit, un capital confiance naît, une relation se construit. Ce n’est pas mon ami mais c’est un partenaire privilégié au plan professionnel. C’est comme cela que je le ressens. Collazo est convaincant ! Quand il parle du futur, du devenir du club, tu le suis dans ses convictions.

Même s’il fait peur à certains joueurs, ou certains employés du club ?

M.B. : Oui, il fait peur à certaines personnes. Mais c’est parce qu’il est ultra-exigeant et autoritaire ! Sincèrement quand vous lui expliquez votre position, un « non » catégorique de sa part peut se transformer en un « oui » sincère. Il a des positions tranchées que l’on peut percevoir comme agressives, mais il faut savoir qu’il est super impliqué dans la vie du club ! Et puis, il a la pression d’être un entraîneur varois, à la tête du RCT et de faire une saison de m…. avec l’impression que tout le monde le juge. C’est quelque chose qui ne vit pas bien, très clairement. Et cette agressivité que l’on peut ressentir, c’est pour lui une forme de protection.

Avec lui, vous avez appris la patience...

M.B. : Cela toujours été la base de sa communication avec moi. Dès le début, il a demandé du temps pour reconstruire. C’est pour cela qu’il est aussi partie prenante dans le recrutement. Il veut avoir les armes pour lutter à armes égales avec les autres.

Ce recrutement est beaucoup moins clinquant cette année. C’est le signe que Toulon a moins de moyens qu’auparavant ?

M.B. : Les transferts seront de moins en moins «bling bling» pour tout le monde car, globalement, les salaires des joueurs augmentent de 10 % tous les ans. Pas le salary cap.

Tout ça fait que le RCT ne remplit plus les stades.

M.B. : Oui, mais cela ne date pas de l’arrivée de Patrice. Je rappelle qu’il y a deux ans pour la finale de Top 14 face à Clermont, nous avions vendu à peine 800 billets, pas un de plus ! Nous avons trop gagné et trop joué le dimanche. Cela nous a fait beaucoup de mal... La victoire est devenue banale ! Quand je vois l’engouement qu’il y a eu à La Rochelle et Clermont pour la finale de Challenge, il n’y aurait eu aucune magie à Toulon. Mais quand nous aussi, nous avions joué notre premier finale européenne dans cette compétition au Vélodrome, il y avait 40 000 personnes, mais bon après trois titres européens...

Est-ce que vous partagez le pouvoir avec Bernard Lemaître ?

M.B. : Assurément. Chacun a son domaine de compétence et oui, on partage toutes les décisions. Parce que je ressens aussi une certaine usure. Et je dois reconnaître que j’ai fait pas mal de bêtises depuis deux ans, je n’ai pas toujours pris les bonnes décisions. Si depuis deux ans, tout ce que j’avais fait était une réussite, je ne partagerai rien. Force est de constater que je n’ai pas toujours pris les bonnes décisions.

Lesquelles ?

M.B. : J’ai signé des entraîneurs et des joueurs qui ont coûté cher au budget du club. Je n’aurai jamais dû les engager !

Et pour Julian Savea ? Après sa prestation à Agen, il ne devait plus jamais jouer pour Toulon…

M.B. : À un moment donné, c’était lui ou moi ! Quitte à payer quelqu’un autant l’utiliser, surtout à son tarif. J’ai peut-être été trop sévère avec lui, mais je suis quelqu’un d’excessif et  d’entier. Je ne me douche jamais à l’eau tiède.

N’avez-vous tout simplement pas mis du temps à faire le deuil de votre relation avec l’entraîneur Bernard Laporte ?

M.B. : Avec lui, nous avons vécu une période inédite. Qui a gagné trois Coupes d’Europe de suite ? Qui a joué dix finales en cinq ans ? Personne ! L’après a été très compliqué, je le concède !

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