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La Bretagne ça gagne!

Par Rugbyrama
  • Anthony Bouthier, l’arrière et capitaine vannetais auteur d’un match énorme, est porté en triomphe par Pierre Popelin. Les Bretons sont en demi-finale de Pro D2 ! Anthony Bouthier, l’arrière et capitaine vannetais auteur d’un match énorme, est porté en triomphe par Pierre Popelin. Les Bretons sont en demi-finale de Pro D2 !
    Anthony Bouthier, l’arrière et capitaine vannetais auteur d’un match énorme, est porté en triomphe par Pierre Popelin. Les Bretons sont en demi-finale de Pro D2 ! Photo Bruno Perrel
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Dans un stade en fusion, le RC Vannes a écrit l’une des plus belles pages de son histoire en humiliant Mont-de-Marsan (50-10), synonyme de qualification pour les demi-finales de Pro D2. Tout sauf une surprise…

Le visage crispé, son paquet de cigarettes trituré dans sa main gauche, faisant les cent pas le long de la ligne de touche, Olivier Cloarec peine à masquer son anxiété. Nous étions à 24 heures du coup d’envoi de la rencontre. Le président du RC Vannes assistait au dernier entraînement de son équipe sur la magnifique pelouse hybride du stade de la Rabine, baignée de soleil. Il ne semblait déjà plus tenir en place. « Ça ira mieux demain soir » lâchait-il, sourire en coin.
Sur le pré, la bonne humeur et la sérénité tranchaient avec le stress présidentiel. Patrick Leafa et Pagakalasio Tafili, talonneur et pilier de leur état, s’amusaient à un concours de pénalités avec leurs enfants, le ballon peinant à s’élever et à prendre la direction des perches. Les rires fusaient. Hugh Chalmers dissertait, lui, avec quelques supporters, comme il l’aurait fait pour n’importe quel match de Fédérale. À croire les Vannetais sûrs de leur force et de leur rugby.
Cette impression, elle a aussi sauté aux yeux le dimanche en fin de matinée. Dans l’intimité de l’hôtel Mercure, situé en direction de la Presqu’île de Conleau, il y a bien eu un moment teinté d’émotions, à l’instant de saluer un des vieux guerriers du club. L’Italo-Argentin Javier Lagioiosa, huit années de présence au club et dernier match à la Rabine, a eu droit à une petite cérémonie d’adieux. Mais ensuite ? Quelques joueurs se sont regroupés pour échanger dans un coin un peu isolé. L’entraîneur des trois-quarts Gerard Fraser, confortablement assis dans un fauteuil, n’a pas lâché des yeux l’écran de son ordinateur. Le préparateur physique Simon Boisbluche non plus. Un peu plus loin l’ouvreur Christopher Hilsenbeck, assis seul à une table, une bouteille de boisson énergisante devant lui, a longtemps griffonné une feuille de papier. Quelques combinaisons à se remémorer ? Deux heures plus tard, il appliquait à la lettre le plan de jeu hyper ambitieux de son équipe et réalisé, avec son compère de la charnière Jules Le Bail, sans doute le meilleur match de sa saison. Et toute l’équipe bretonne s’est mise au diapason.

Auradou : « Qu’ils ne s’interdisent pas de rêver à Brive ! »


Ce dimanche face à Mont-de-Marsan, habitué de ces échéances capitales de printemps, le RCV n’a semblé à aucun moment être impressionné. Se retrouver à flirter avec l’élite du rugby français, les Bretons le vivent en toute sérénité. Qui l’eût cru ? Cinquante points inscrits, une orgie de jeu, une ambiance à rendre jaloux quelques clubs de Top 14 ou d’autres fiefs de Pro D2 qui pensent encore trop souvent que ce jeu leur appartient. Vannes, qualifié parfois de belle endormie ou de bourgeoise, a hurlé de plaisir et prouvé, si tant est qu’il en avait besoin, que sa place dans le rugby professionnel n’avait rien d’usurpée. Au contraire. Pourtant, à la veille de la rencontre, le manager breton Jean-Noël Spitzer se disait « déçu » du début de semaine. « On a n’a pas eu de bonnes conditions météo pour travailler et j’ai senti les joueurs fatigués ». L’ancien troisième ligne du club, époque Fédérale 2, n’a pas la tronche d’un blockbuster mais son parcours suscitera probablement quelques convoitises. « C’est vrai que je m’attendais pas à un tel scénario, a-t-il souri après le match. Mais l’équipe a réalisé une performance aboutie, bien meilleure que la semaine dernière. Les premiers essais sont des actions vraiment construites ». Tout sauf un hasard. Force est de souligner la qualité du travail réalisé par le staff vannetais. « Il ne faut surtout pas qu’ils s’interdisent de rêver à une victoire sur Brive », a même rendu hommage l’entraîneur montois David Auradou.
Rencontré la veille du match, d’un restaurant du port, Jean-Noël Spitzer engloutissait une dernière fourchette de sa salade « New-York, New-York » avant de confesser : « En début de saison, on s’était dit entre nous que nous serions 7e avant la dernière journée de la phase régulière et qu’on jouerait la qualification sur la dernière journée face à Mont-de-Marsan. On voulait s’offrir cette possibilité-là, ce petit plaisir. Finalement, on a fait un peu mieux. » Peut-être au grand dam de certains bastions historiques… Parce que dans le sacro-saint microcosme du rugby du sud-ouest, qui compose l’essentiel de la Pro D2, il y a comme une incongruité à retrouver le club breton à ce niveau de compétition. Mais qu’on se le dise : au fin fond du Golfe du Morbihan, à l’abri de ses remparts, le RC Vannes s’épanouit avec force et noblesse.

Vague de fraîcheur


Trois ans quasiment jour pour jour après son accession en Pro D2, le phare breton est à deux victoires d’une éventuelle montée en Top 14. Trop tôt ? Avant la rencontre, François Coville, l’un des vice-présidents du club, papa d’Arthur champion du monde des moins de 20 ans évoluant au stade français mais présent dimanche à la Rabine pour pousser derrière son club de cœur, confiait : « C’est toujours le sportif qui nous a tirés vers le haut. Nous savons que notre objectif dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, sera de drainer l’économie bretonne par notre capacité à séduire. Mai, nous restons encore sur une terre de football et tout n’est pas simple ». Certes, et sans doute ne faut-il pas souhaiter à une entité si jeune à l’échelle du professionnalisme qu’elle aille se brûler les ailes trop vite en Top 14. Mais ce club, qui se construit depuis longtemps autour de son identité régionale, est une vague de fraîcheur dans le monde du rugby professionnel. Mont-de-Marsan l’a pris en pleine figure. 

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