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Nord Paris : l'entraîneur de Courbevoie tire sa révérence

Par Guillaume Cyprien
  • Fédérale 2 - Dominique Rose (entraîneur de Courbevoie)
    Fédérale 2 - Dominique Rose (entraîneur de Courbevoie) Ivan Tessier
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Entraîneur emblématique en Ile-de-France depuis plus de trente ans, le responsable de Courbevoie a créé la surprise en décidant de mettre un terme a sa carrière pour économiser sa santé.

Quelques semaines après Jimmy Delhayes, l’entraîneur de Drancy, qui pour se consacrer à sa vie de famille, a décidé de quitter ses joueurs en pleine réussite sur une montée en Fédérale 1, Dominique Rose a averti les siens mardi soir qu’il ne les accompagnera pas la saison prochaine en Fédérale 2, quelques jours seulement après leur promotion acquise aux dépens de Villars-les-Dombles. « C’est devenu trop fatigant. Je traîne le stress des matchs jusqu’au mardi et celui des entraînements durant toute la semaine. J’en suis venu à me persuader que je devais préserver ma santé », a-t-il expliqué, en laissant filer derrière lui une certaine idée du rugby. La fidélité, la camaraderie, la famille, toutes les sacro-saintes valeurs si souvent fumeuses puisque tellement dévoyées, Dominique Rose les a personnifiées en tant qu’entraîneur pendant plus de trente ans d’une manière tellement singulière.

Depuis la première fois qu’il est devenu responsable d’une équipe un peu sérieuse, c’était en 1990 avec les cadets du Racing Club de France, avec lesquels il devint deux années plus tard champion de France au Parc des Princes, c’est à son épouse Corinne qu’il a confié la réalisation des vidéos de match. Quand le commun des mortels prend son sac comme on part souffler loin de ses attaches, lui venait toujours avec sa moitié. Les vidéos de ses futurs adversaires, le week-end précédent leur opposition, il les commandait à ses parents. Il faut imaginer cet homme de cinquante-six ans envoyant sa maman Monique et son papa Robert par monts et par vaux, comme il y a quinze jours à Vallon-de-la-Tours, pour y scruter Saint-Claude que Courbevoie rencontrait ce week-end en huitième de finale.

Comme un direct au cœur

Depuis qu’il a signé sa première licence à L’Aigle à l’âge de 7 ans, toute cette famille normande qui n’y connaissait rien, au rugby, a suivi dans son sillage, et sa sœur navigue aujourd’hui sur la ligue Occitanie. Dominique Rose, c’est un poème de proximité, un homme qui buvant du Périer les soirs de match comme tous les autres jours de la semaine, a proclamé son amour des deux premières mi-temps sans jamais les dévoyer comme prétexte à se jeter dans la troisième. Professeur d’EPS installé depuis trente ans dans une école primaire du XVIIIe arrondissement, « un melting-pot tellement riche », qu’il ne voit rien de mieux à faire ailleurs, ses besoins affectifs se confondant dans son devoir de rigueur, il a trimballé dans tous les clubs où il est passé une aura d’homme charismatique débarrassé de toute superficialité. « Je lui rappelais l’autre jour le match de la montée que nous avions disputé il y a dix ans contre lui quand il entraînait Suresnes, raconte son président de Courbevoie Bertrand Nicol. La semaine suivante, il me ramenait la vidéo, et je me suis vu jouer et mon fils se trouvait sur le bord du terrain. J’étais aussi ému par les images que par son geste. C’était simple comme un direct au cœur. »

Demi de mêlée suffisamment bon pour intégrer le sport-études de Lakanal, mais trop juste pour se faire une place dans l’équipe première du Racing Club de France, il était devenu joueur de Fédérale 2 à Boulogne, et devint plus tard entraîneur d’équipes fédérales. Il y a une suite logique dans ce parcours qui s’achève, « pour ne pas tricher, pour ne pas vivre à soixante-dix pour cent ». Depuis trente-cinq ans en Ile-de-France, des générations de joueurs sont passées entre ses mains, et assez naturellement, comme une image sublimée renvoyée de lui-même, le plus marquant d’entre eux fut Jérôme Thion, « parce que c’était très rare à l’époque d’être jeune et rigoureux ». L’évolution des mœurs, la difficulté que tous les techniciens déplorent face au manque d’assiduité du public moderne, il balaye cette problématique d’un revers de passion, arguant que « tout le monde veut croquer dans une aventure humaine pleine de contenus. La vraie difficulté de la modernité, c’est la quasi-incapacité des jeunes d‘aujourd’hui à se remettre en cause. L’échange est difficile s’ils sont persuadés d’avoir raison. Toutes ces heures passées à devoir convaincre, c’est peut-être la seule chose que je ne regretterai pas. Et encore, je n’en suis pas certain… » Chienne de santé.

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