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Battut : "Comme des cadets ..."

Par Midi Olympique
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Dix jours après le titre de champion de France de Pro D2 remporté par l’Aviron, nous avons retrouvé Antoine Battut pour parler de cette formidable aventure collective et de sa revanche personnelle après des dernières années compliquées.

Midi Olympique : Comment allez-vous après une semaine de célébration ?

Antoine Battut : Je suis en pleine forme. Nous sortons d’une semaine plutôt festive pendant laquelle nous avons bien célébré le titre. Le jour de la finale, ça faisait 51 semaines que nous avions repris. Forcément, nous avions besoin de décompresser. Nous sommes sur la lancée émotionnelle du titre, comme des cadets, heureux d’être autour d’une table et de partager des verres, et des verres, et des verres. Émotionnellement, ça a été riche.

 

En conférence de presse après le match, vous aviez du mal à réaliser. Et maintenant ?

A. B. : Je commence à redescendre. Je n’ai pas encore revu le match. Ça a été une superbe aventure. Dans le sport, il n’y a pas de mérite. Même si, pour moi, nous avions travaillé très dur et que nous pouvions le mériter, il a fallu aller se le chercher. Ce que je retiens, c’est que nous avons su nous construire mentalement toute la saison, pour ne jamais céder et pour aller chercher ces deux derniers matchs qui ont des scénarii haletants.

Quels moments ont été importants dans la saison ?

A. B. : Il y en a plein. Ce fut une saison de symboles pour plein de choses. Nous recevons Brive pour le premier match de la saison et c’est le jour de l’enterrement de Pierre Camou. Pierre a été président de la Fédération, c’est quelqu’un qui a porté haut les valeurs du rugby basque et français. Nous avons attaqué, personne ne savait où on allait. Il y avait des vieux, des jeunes… Tout pour écrire une belle histoire, mais il fallait l’écrire. Il y a plein d’autres symboles. Regardez le premier match de Yan Lestrade à Montauban, par exemple. D’entrée, il a mis tout le monde d’accord. Symboliquement, nous gagnons à l’extérieur et à ce moment-là, nous commençons à montrer que nous existons vraiment. Après, c’était préparé en amont. Au niveau des commentaires que l’on a pu se faire entre nous la semaine, nous n’y avons pas été avec le dos de la cuillère. La parole était libre pendant la séance vidéo, mais, parfois, il fallait être bien assis sur son siège et accepter la critique constructive. Et puis il y a ce dernier symbole, le plus ridicule du monde, avec Aretz Iguiniz qui, après chaque match, faisait une blague sur les Balistos et en proposait à tout le monde. Et le jour de la finale, tu rentres dans le vestiaire et ils avaient mis des Balistos partout. Là, tu as l’impression que tout est écrit. Du symbole qui m’est le plus cher, qui est celui du premier match de la saison avec l’enterrement de Pierre, au plus ridicule avec les Balistos d’Aretz, entrecoupé des moments avec tous ces vieux et jeunes, la saison a été incroyable.

 

Vous aviez été champion avec Auch en 2007 en Pro D2. Quelle saveur a ce bouclier ?

A. B. : C’est différent. Là, il y a l’aventure des phases finales. C’est incomparable, irremplaçable, extraordinaire. Ce sont des moments très forts. En Top 14, j’ai essayé, mais j’ai toujours échoué. Après, j’ai joué à une période où Toulon marchait sur l’eau, mais c’est comme ça. Dans ma carrière, j’ai eu pas mal de hauts et, quand je suis arrivé à Bayonne, j’étais un peu dans un creux. Quand tu passes par un petit coup de moins bien dans ta carrière, tu savoures deux fois plus des réussites comme celle-là.

Vous parlez, là, de votre fin d’aventure douloureuse avec Montpellier…

A. B. : Je suis arrivé en 2014 à Montpellier. C’était une période assez mouvementée. Le MHR se sépare de Fabien Galthié six mois après mon arrivée. Avec Fabien, ça ne marchait pas trop. Jake White arrive, puis je me blesse à la fin de la première saison. Beaucoup de gens pensaient que ça ne marchait pas avec Jake, mais j’ai été arrêté onze mois à cause d’une fracture du scaphoïde. J’ai été opéré deux fois, j’ai perdu l’usage de mon poignet. Sur la dernière année, je regagne une place de titulaire et je me blesse à la dernière journée sur un geste totalement illicite de Uini Atonio qui me prend par-derrière. Ça aurait pu me coûter beaucoup plus que ma carrière de rugby. Et tu termines avec le barbecue de fin de saison où on te dit que tu es viré, même si je l’avais senti venir. C’est difficile de garder une image positive. Au final, même si j’ai beaucoup appris à Montpellier, le passage a été un peu dur, mais honnêtement, j’avais beaucoup plus mal vécu mon départ du Racing en 2014.

 

Pourquoi ?

A. B. : Ça reste pour moi la plus grosse blessure psychologique de ma carrière. Au Racing, j’avais fait mes armes, c’est là où j’ai connu mes plus belles saisons à haut niveau et je ne suis pas reconduit. Ça m’a fait descendre de mon nuage et ça m’a fait comprendre que le rugby n’est pas toujours le monde des Bisounours.

Comment êtes-vous arrivé à Bayonne ?

A. B. : Nicolas Morlaes m’avait contacté. J’étais à la recherche d’authenticité après ces passages dans des clubs que j’appelle "CAC 40", sans connotation négative. Après le Racing et Montpellier, j’avais envie de retrouver quelque chose d’authentique, dans un endroit où le rugby fait partie du patrimoine de la ville. J’avais le choix entre Toulouse et Bayonne. Je n’ai pas fait un mauvais choix puisque je me plais énormément ici.

 

Est-ce ce plus simple d’évoluer dans un groupe sans star apparente ?

A. B. : Ce n’est pas mon rôle de manager. Mais c’est sûr qu’ici, les mecs sont câblés. Ils te disent tous bonjour, ils ont les pieds sur terre. Rien que ça, c’est assez symbolique. C’est plus sain et ce qui était facile, c’est que nous ne pouvions que regarder vers le haut parce que personne ne nous attendait.

Avez-vous peur de vivre une saison de galère en Top 14 ?

A. B. : Je n’ai pas envie de penser à ça. J’ai envie de me dire que c’est une opportunité, pour tous les joueurs de l’effectif qui n’ont jamais mis les pieds en Top 14, d’avoir l’occasion de s’y s’étalonner tout en continuant à progresser. Je suis ravi, aussi, de me dire que je quitterai le Top 14 autrement que sur un mauvais coup qui aurait pu arrêter ma carrière.

 

Ce sera votre dernière saison ?

A. B. : Si je m’étais arrêté sur ce titre, j’aurais fini ma carrière en beauté. Mais j’aime le terrain, le haut niveau. J’aime pousser ma vieille machine le plus possible. Je ne suis pas dans le calcul et c’est pour ça que je vais en faire une dernière avec grand plaisir.

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