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France - Australie 1987 : Un match de légende

Par Léo-Pol PLATET
  • Serge Blanco (France) contre l'Australie en 1987
    Serge Blanco (France) contre l'Australie en 1987 Sud Ouest Eco
Publié le Mis à jour
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Le 13 juin 1987, l’équipe de France signait l’une des plus belles victoires de ce sport en battant l’Australie en demi-finale de la première Coupe du monde (30-24) au terme d’un match de légende. Trente-deux plus tard, les souvenirs de ce match d’anthologie restent intact.

« L'équipe de France vient d'écrire une des pages les plus glorieuses de son histoire » c'est en ces mots qu'Henri Nayrou, journaliste au Midi Olympique, décrivait l'exploit tout juste accompli par le XV de France. Avant de poursuivre : Non seulement elle va disputer la finale de la première Coupe du Monde, mais surtout elle a remporté l'un des matchs les plus fabuleux qui soient, bien fait pour rejoindre dans la légende deux de Swansea, Ellis Parl,Spring, Auckland et Nantes. Même engagement, même agressivité, mêmes odeurs fortes mais en plus un rythme fou, des adversaires jamais résignés comme ce fut le cas, à l'automne dernier, et surtout un extraordinaire spectacle au bout d'un incroyable suspense. Bref, en résistant à la néo-zélandaise et en jouant à la française, le XV de France s'attira le plus beau compliment qu'on puisse adresser à une équipe de rugby. ».

C’est dire la prouesse qu’avaient réalisés les Bleus ce jour là face à un grand favori de la compétition. Car en effet, malgré leur Grand Chelem dans le tournoi des cinq nations, les Français ne faisaient pas figure de favoris à l’heure de se déplacer dans l’hémisphère sud.

Après des victoires face à la Roumanie (55-12), le Zimbabwe (70-12) et un match nul face l'Ecosse (20-20) en phase de poule, l'équipe de France de Jacques Fouroux avait ensuite battu les modestes Fidji, en quart-de-finale (31-16) sans vraiment convaincre. « Le vertige avant l'Everest » tels étaient les mots choisis par le Midol pour symboliser l'exploit à surmonter après une prestation bien décevante. Car en face, les Australiens sur leurs terres se présentaient, comme l’un des gros morceaux de la compétition après avoir sorti l'Irlande (33-15) en quart-de-finale.

«Refaire Nantes à Sydney»

Une montagne à gravir donc. Ou plutôt un exemple à reproduire: « refaire Nantes à Sydney » titrait le journal jaune du 9 juin 1987, nostalgique, en référence au France-Nouvelle-Zélande de 1986 où l'équipe de France avait remporté la « bataille de Nantes » au terme d'un combat de tous les instants marqué par la violence.

Un an plus tard et sur la pelouse du Concord Oval de Sydney, c’est un autre match de légende qu’allait écrire la bande de Berbizier.

« J'ai compris à la première mêlée que l'on allait gagner »confessait le deuxième-ligne Biarrot Jean Condom après la rencontre. Pourtant tout ne fut pas si simple, bien au contraire. Supérieurs en mêlées fermées avec une première ligne composée de Ondarts, Dubroca et Garuet, les Bleus connaissaient une première mi-temps compliquée marquée par un drop et deux pénalités de l'artilleur local, Lynagh. Peu avant la mi-temps, le seconde-ligne Lorieux y allait de son essai pour permettre à la France de revenir à (6-9) à la mi-temps.

L'essai de la gagne dans les arrêts de jeu

Passée cette première période aussi intense qu’indécise, le second acte allait prendre une ampleur mythique entre ces deux rivaux bien décidés à ne rien céder. Entre french flair délicieux et détermination sans faille, les Français causaient bien des problèmes à une équipe d’orange vêtue. Le chassé-croisé était permanent, Sella (50e) puis Lagisquet (63e) remettaient les leurs à flot quand le buteur australien, Lynagh, poursuivait sa moisson. Dominateurs en mêlées fermées, séduisants dans le jeu courant et physiquement préparées, les Tricolores étaient cependant menés au score par une équipe pragmatique. A la 79e minute de jeu, le planchot affichait un score de 24-21 en faveur de l’Australie. Une poignée de minutes, arrêts de jeu compris, pour renverser le cours d’un match qui ne pouvait pas leur échapper.

D’une pénalité, Cambérabero repositionné à l’aile , ramenait les siens à égalité, prêts à disputer une prolongation, à moins que… A moins d’un miracle ou d’un essai. Et quel essai ce fut. Acculés dans leur camp, les Français parvenaient à se saisir du ballon pour lancer Lagisquet sur son aile. Esseulé dans son couloir, l’ailier frappait un grand coup de pied de recentrage à la retombée duquel, Lorieux en bout de course se trouvait. Après plusieurs temps de jeu vers le côté fermé, Berbizier renversait la vapeur pour trouver Lagisquet, puis Rodriguez qui servait l’inévitable Blanco pour conclure l’action en coin.

Avec un mental et un courage énorme, le XV de France réussissait le coup de force que peu lui avaient prédit pour finalement se hisser en finale. Restait alors une marche à gravir comme le précisait Pascal Ondarts : « je suis malheureux parce qu'on est pas encore champion du monde ».

Hélas, les Français ne le seront jamais, ni cette année là, battus par les All-Blacks en finale (29-9), ni même plus tard.

Restent alors les souvenirs, ceux que l’ont n’oublie jamais, ceux qui marquent une vie et que l’on aime à humer pour s’offrir quelques minutes d’éternité.

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