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Palanques : «A la prochaine Coupe du monde, l’objectif sera d’être en demi-finales»

  • Le Président de la Fédération française de rugby à XIII, Marc Palanques, espère que cette journée de finales à Albi soit une belle fête populaire.  Photo DDM Amaël François
    Le Président de la Fédération française de rugby à XIII, Marc Palanques, espère que cette journée de finales à Albi soit une belle fête populaire. Photo DDM Amaël François
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Championnat élite, affluences, sélections nationales, quête de licenciés, polémiques récentes : l’ancien capitaine du XIII de France et actuel Président de la Fédération balaye l’actualité de sa discipline avec franchise et conviction.

Midi Olympique : Le championnat élite 1 touche à sa fin. Que retenez-vous de cette édition ?

Marc Palanques : Ça a été un championnat très relevé, qui a gagné en qualité. Avec l’arrêt de la catégorie des moins de 19 ans chez les Dragons catalans, beaucoup de jeunes avec un fort potentiel ont été reversés en élite. Il y a eu une bonne émulation de manière générale. Et une forme de renouveau avec l’émergence de clubs et le retour de bastion. Villeneuve-sur-Lot et Albi ont notamment été en vue. L’élite du rugby à XIII a offert un beau spectacle tout au long de saison.

Il reste maintenant à conclure en beauté avec la finale de samedi, à Albi… (NDLR, joué et victoire de Saint-Estève)

M. P. : Comme affiche, on ne peut pas rêver mieux. C’est la revanche de la finale de Coupe de France que Carcassonne a gagné à Perpignan il y a trois semaines. Saint-Estève entend obtenir sa revanche alors que Carcassonne part en quête d’un doublé historique. J’en ai connu deux dans ma carrière, ce genre d’accomplissements vous marque à vie. Ce sont deux belles villes, deux beaux fiefs, en plus. Tous les ingrédients sont là pour avoir une grande finale, une finale à sensation.

Le succès populaire est-il assuré du côté du stadium municipal d’Albi ?

M. P. : C’est l’inconnu, à vrai dire. C’est un peu ce dont je me plains régulièrement : les treizistes ne se déplacent pas assez. J’espère que le public effectuera le déplacement en masse comme il l’a fait lors du match entre les Dragons catalans et Wigan au Camp Nou. Il faut que le peuple treiziste se mobilise davantage pour le championnat élite.

Les amoureux du XIII doivent comprendre que s’ils ne viennent pas plus nombreux au stade, ce sera difficile pour les clubs de se développer et de garder leurs joueurs. Il y a besoin de ces recettes. Le public ne doit pas se concentrer que sur les Dragons. Quand il y a doublon avec un match à Brutus et une rencontre d’Élite, je comprends que les gens choisissent les Dragons. Mais quand ils se déplacent en Angleterre, je ne comprends pas que le principe de vase communicant ne fonctionne pas.

Saint-Estève, champion d'Elite 1
Saint-Estève, champion d'Elite 1 Christophe Barreau

L’élite est-elle sous-estimée aux yeux du public ?

M. P. : Oui et c’est dommage car c’est vraiment un championnat de grande qualité. Déjà, il y a dix essais par match en moyen. Et il y a un très bon niveau. Les résultats de l’équipe de France le prouvent. En sélection, il n’y a pas que des éléments du TO et des Dragons. Désormais, ils arrivent à tenir la dragée haute aux Anglais. Nos moins de 19 ans et l’équipe A sont champions d’Europe, aussi. Tout ça prouve la valeur de nos joueurs. Je pense que les gens n’en ont pas encore pris conscience de la qualité du championnat.

Comment évoluent les affluences et comment cherchez-vous à les augmenter ?

M. P. : Nous en sommes à 1 500 personnes en moyenne. C’est stable. Il y a beaucoup de travaux sur la formation, les éducateurs, les pôles espoirs… Il y a aussi les magic week-end qui sont devenus des événements populaires. L’an prochain, il sera organisé lors de la première journée, début novembre, afin de lancer le championnat. Nous réfléchissons à y associer un magic week-end des écoles de rugby.

Où en sont les équipes de France ? La sélection masculine a peiné à trouver des adversaires pour cette saison…

M. P. : Le problème vient des Anglais. Avant ma gouvernance, ils nous avaient mis 84 à 4. Quand je suis arrivé, j’avais parlé aux joueurs de l’importance de la reconnaissance, de la nécessité d’honorer le maillot et de travailler plus. Depuis, nous avons commencé à offrir une vraie résistance avec, en fin d’année dernière, un revers 34 à 6 alors que notre équipe était en majorité composée de joueurs d’élite 1. Du coup, les Anglais se sont aperçus que nos affrontements nous faisaient progresser donc ils sont réfractaires. Ça a été dur d’organiser une saison internationale.

Finalement, on s’en va en Australie pour la première Coupe du monde à 9, en octobre, pour laquelle seize joueurs sont pris en charge. Après, on envoie un contingent de huit qui permettront de jouer deux matchs en Australie. Dans le même temps, les moins de 19 ans vont en Nouvelle-Zélande disputer quatre à cinq matchs. Nous allons aussi envoyer les filles en Italie et en Turquie, en octobre et novembre, et les moins de 17 ans iront en Angleterre. Toutes ces tournées montrent l’intérêt porté par la Fédération aux différentes sélections. ça paye : nous sommes doubles champions du monde à XIII fauteuil, les moins de 17 ans ont battu à deux reprises l’académie britannique, les meilleurs jeunes anglais. Les équipes de France ne jouaient plus ou peu avant mon arrivée. Or, c’est la clé de la réussite.

Les Français champions d'Europe U19
Les Français champions d'Europe U19 Icon Sport

Comment, avec un budget limité, pouvez-vous mettre les sélections dans les meilleures conditions ?

M. P. : C’est vrai, nous n’avons pas des moyens démesurés. Il faut tout gérer en bon père de famille, faire preuve d’imagination et profiter des opportunités. Mais ce n’est pas parce que l’on a peu de moyens qu’il ne faut pas avoir d’ambition. Rien n’est facile mais capituler, ce n’est pas notre style. Ça demande des efforts colossaux mais nous avons heureusement des partenaires qui nous aident comme le maire de Barcarès qui fournit les installations pour les stages, par exemple.

Nous sommes à mi-chemin de la prochaine Coupe du monde. Comment abordez-vous cette échéance ?

M. P. : Nous avions été déçus de l’édition australienne et du fait de ne pas avoir atteint les quarts de finale. J’avais été élu quatorze mois avant, je n’avais pas pu changer grand-chose. La prochaine édition est préparée en amont. Comme elle est en Angleterre, j’aimerais d’ailleurs que les matchs de poule de la France se jouent chez nous. Mais c’est loin d’être gagné. L’objectif sera d’atteindre les demi-finales. Demi-finalistes, c’est très ambitieux. Mais je suis un compétiteur et ça me paraît réalisable.

Nous sommes au septième rang mondial actuellement. La seule équipe européenne devant nous, c’est l’Angleterre. Il nous faudra donc battre au moins une équipe d’Océanie. D’ici là, nous devons nous préparer à répondre à leur rugby avec ces mecs qui ont des courses dures. En 2020, l’Australie part en tournée en Angleterre. On espère les récupérer pour un match en France, en octobre.

Où en êtes-vous de votre projet de centre national d’entraînement, un des grands chantiers de votre mandat ?

M. P. : Je travaille depuis trois ans pour que le XIII ait son Marcoussis ou son Clairefontaine. Il abritera notre pôle France, notre institut national de formation et nos différentes sélections. Pour rendre ce projet possible, il fallait trouver les terrains et un architecte qui accepte de travailler gratuitement dans un premier temps.

Pour les terrains, j’ai trouvé l’endroit idéal à Alzonne, à dix kilomètres de Carcassonne. Pour l’architecte, ce sera M. Morin qui a conçu le centre de l’En-Avant Guingamp. J’ai présenté ce dossier au congrès. Tous les clubs étaient emballés. J’ai ensuite rencontré les décideurs du département de l’Aude car j’ai besoin du soutien des collectivités. Didier Codorniou est aussi très motivé. J’attends d’avoir mon rendez-vous avec Carole Delga, la présidente de la Région.

France - Angleterre
France - Angleterre Icon Sport

Quand ce projet pourrait-il sortir de terre ?

M. P. : Ça va dépendre de l’intérêt que les collectivités vont nous accorder. S’ils nous suivent, ça pourrait être début 2020. J’aimerais bien que soit posée la première pierre avant les élections de 2020.

Avez-vous pris votre décision à ce sujet : allez-vous vous représenter ?

M. P. : Je ne me suis pas encore positionné. C’est toujours en réflexion.

Comment avez-vous vécu les incidents ayant récemment émaillé l’actualité du XIII : les insultes racistes lors de la cérémonie des XIII d’or et la finale d’élite 2 marquée par dix exclusions ?

M. P. : Je suis évidemment écœuré. Les gens ne se rendent pas compte du mal qu’ils font à notre discipline. Depuis que je suis président, je m’applique à ce que les treizistes se regardent comme des gens appartenant à une belle fédération. J’ai créé cette soirée des XIII d’or pour récompenser les personnes mettant en exergue le XIII et, au beau milieu de tout ça, un abruti a prononcé des mots d’un autre temps…

J’ai déposé plainte par respect pour les joueurs stigmatisés. Si la police veut s’en occuper, ils sauront vite qui a dérapé. Au niveau de la finale élite 2, les comportements ont été inacceptables. Il faut savoir que ce sont en grande partie des remplaçants qui ont été exclus. Mais au moins, le sport a repris ses droits et le bouclier a été décerné. Les arbitres ont eu la bonne attitude. J’espère que la commission sera intraitable et que le rapport des officiels permettra de faire toute la lumière sur ces incidents.

Pour finir, combien de licenciés comptez-vous ? Et quelle est votre politique à ce sujet ?

Nous en sommes à 16 000 licenciés et 154 clubs. Ces chiffres sont stables. La convention d’objectifs qui nous lie au ministère, autour de la santé, de l’intégration, est déclinée au niveau des comités et notre projet fédéral y est adossé. Des passerelles sont créées entre les écoles et les clubs. ça permet de s’ancrer dans les territoires et de débuter des histoires. Par exemple, il y a des villes où le XIII est pratiqué en universitaire à défaut d’avoir un club.

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