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Bleu, blanc, bouge !

  • Le préparateur physique Thibault Giroud a commencé à « cuisiner » les joueurs du groupe France sous une forte chaleur.
    Le préparateur physique Thibault Giroud a commencé à « cuisiner » les joueurs du groupe France sous une forte chaleur. Icon Sport
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Alors que la préparation au Mondial vient de démarrer au CNR, une énergie nouvelle semble se dégager du groupe France. Est-ce une illusion ? Ou ces trois mois de stage suffiront bel et bien à combler le retard des Bleus sur les autres nations ?

Avant que ne soit lancé ce stage de préparation au Mondial, on n’avait jamais rencontré physiquement Thibault Giroud. Alors ? En l’absence de Uini Atonio, le directeur de la performance est incontestablement le gonze le plus épais du groupe France et, lorsqu’il pilote ses ateliers de souffrance avec une autorité quasi militaire ("Plus vite, Camille ! Buste droit, Baptiste ! Allonge, Felix ! Les pieds au sol, Sofiane !"), on en vient à se dire qu’à l’époque où les rugbymen biarrots sortaient d’une "session Giroud" pour rejoindre un "atelier Lagisquet ", la migraine pouvait parfois poindre. De ce que l’on a pu apercevoir ces jours passés au CNR, il se dégage néanmoins de cette équipe de France une énergie nouvelle, une ardeur qui avait semble-t-il lâché la maison mère ces derniers mois. "à l’entraînement, explique Jefferson Poirot, il y a toujours des ballons ; le jeu aide à absorber la charge de travail. C’est très intense, vraiment très dur, on fait la sieste tous les jours devant le Tour de France mais moi, je préfère ça à tout ce que j’ai connu auparavant : les 1500 mètres autour d’une piste, les allers-retours incessants, tous ces trucs bêtes et méchants…"

Lorsqu’il a appris qu’il serait chargé de découenner les Bleus, l’ancien préparateur physique du RCT a donc listé les caractéristiques majeures de cinq des plus grandes nations du monde (l’Australie, l’Irlande, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre), des mètres parcourus par minute à la vitesse de replacement après chaque ruck en passant par l’enchaînement des accélérations, passé un certain seuil de fatigue. "Ce sont des standards assez éloignés de ceux du Top 14, poursuit Poirot. Jour après jour, on s’en rapproche un peu plus mais à l’heure actuelle, la vitesse moyenne de déplacement du cinq de devant est de 15 km/h quand on aimerait tendre vers les 18 km/h au début du Mondial. à son arrivée, Thibault Giroud nous a quoi qu’il en soit fait comprendre que nous représentions l’élite du rugby français et qu’il fallait désormais se comporter comme tel." Franchement, on ne peut que se réjouir de la prise de conscience, quoique tardive, des Tricolores. On n’oublie pas, non plus, qu’il y a quatre ans à pareille époque, la fédé avait lancé un énorme plan de comm’ auquel il était devenu, pour quiconque s’intéressait un peu au rugby, impossible d’échapper. Le verbe haut, Philippe Saint-André jurait alors que ses troufions, pour peu qu’ils s’enferment trois mois à Marcoussis, débarqueraient au Mondial anglais "à niveau de chance égale" avec les autres nations. Serge Blanco, le tuteur débonnaire du Goret, clamait de son côté qu’on gagnerait la Coupe du monde "parce qu’on [était] Français". La suite, on la connaît et si, lorsque se coupent les micros, le staff des Bleus assure aujourd’hui que le déficit physique des meilleurs joueurs français par rapport aux plus grandes nations mondiales est sensiblement équivalent à 30 %, on est en droit de se poser ces questions-là : peut-on le combler en trois mois ? Et finalement, peut-on escompter que ces Bleus, souvent à la rue après l’heure de jeu, jouent désormais à armes égales avec les cadors du rugby mondial ? De loin, les contours de la méthode Giroud pourraient plaider en ce sens. Las, la réalité du rugby français, synthétisée jeudi après-midi par Jacques Brunel, eut aussi le mérite de calmer nos ardeurs : "On est au complet depuis quelques jours. Nous sommes la seule nation qui se prépare ainsi et par exemple, les Italiens avec lesquels j’ai encore quelques contacts s’entraînent depuis déjà un mois." Alors…

L’ennui ? Mais quel ennui ?

La question du retard supposé des Tricolores est une chose. Celle de la longueur du stage en est une autre. La semaine dernière à Marcoussis, le thème de "l’ennui" fut donc largement abordé au CNR par certains de nos confrères. Si l’on reconnaît volontiers qu’il n’est pas chose aisée d’enfermer quarante gonzes bouffis de testostérone pendant cent jours et cent nuits, on ne voit pas pourquoi la vie d’une équipe de France devrait être nécessairement soumise aux mêmes lois que celles d’un centre aéré et on s’étonne, dès lors, que le mundillo du rugby français s’inquiète à ce point de savoir de ce que font les internationaux français de leur temps libre. De ce que l’on sait, les Anglais se moquent bien de savoir si Bagshot, où sue le XV de la Rose depuis deux semaines, est trop excentré de la fourmilière londonienne, de la même façon que le petit peuple sud-africain se foutait pas mal de savoir si les Springboks de 2003, tous regroupés dans la base militaire de Kamp Staaldraad où des barbouzes leur braquaient des pétards sur la tempe quand les pompes n’étaient pas correctement cirées, jouaient aux cartes ou aux fléchettes la nuit tombée.

Et l’on a beau ne pas être toujours d’accord avec Jacques Brunel, on ne peut que souscrire aux propos du Gersois lorsque celui-ci affirme : "Pourquoi faudrait-il que les joueurs s’ennuient ? Récemment, j’ai vu Paul Willemse pleurer parce qu’il était obligé de nous quitter. Certains rugbymen ne feront jamais de Coupe du monde de leur vie et la chance d’être ici, avec nous, est donc immense. L’idée même d’ennui n’existe pas. " Ainsi soit-il.

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