Mont-de-Marsan : l’hommage à Bouboule

Par Pierre Baylet
  • Pierrot Lamarque dit "Bouboule" (à gauche) avec Laurent Rodriguez
    Pierrot Lamarque dit "Bouboule" (à gauche) avec Laurent Rodriguez Midi Olympique
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Quarante ans ont passé depuis ce printemps de 1979 et cette finale de championnat de France Frantz Reichel, perdue sur le terrain d’Angoulême, sous une pluie battante et par une température de Décembre, face au PUC.

Elle avait de la gueule, notre équipe junior, qui a donné par la suite tant de joueurs à l’équipe première du Stade Montois. 

A sa tête, épaulé par Jean Baylet, à l’époque demi d’ouverture de l’équipe une, un homme, Pierrot Lamarque, dit Bouboule, notre entraîneur, notre mentor. Nous avions 20 ans, il en avait 50, c'était un peu notre second papa.

C'est d'abord pour lui et un peu pour nous que dimanche dernier, nous avons repris le bus, comme autrefois. Pas de match au programme, heureusement, juste une petite escapade au Pays Basque, pour fêter les 90 ans de Bouboule et les 40 ans de cette finale que nous n’avons jamais vraiment jouée, une finale volée par la pluie, le vent et le froid.

Le groupe au départ
Le groupe au départ Midi Olympique

Après avoir enfilé le polo créé pour l’occasion, un premier arrêt était programmé à la sortie de Mont-de-Marsan pour nous recueillir sur la tombe de Jean-Louis Dupouy, notre copain de seconde ligne trop tôt disparu, que Bouboule allait chercher lui-même pour l’emmener à l’entraînement. Ses parents le lui avaient confié, en lui demandant de bien le surveiller. Puis direction Cambo et le restaurant de Laurent Rodriguez. Accueillis comme des princes par Lolo, heureux de nous retrouver et d'évoquer ces années d'insouciance. Il  se souvenait par exemple d’une séance de joug, un soir d’automne, où après chaque poussée, à tour de rôle, les avants partaient dans la cahute des  frères Labeau, les concierges du stade. Un des agriculteurs du groupe avait amené, à l’insu de Bouboule, une bonbonne de bourret. Au bout d’un moment, dérangé par ses allers retours permanents, le coach était allé jeter un œil : « Bande de morpions, avait-il lancé aux joueurs, vous n’auriez pas pu me le dire qu’il y avait du bourret ? » et il en avait pris une bonne rasade avant de remettre tout le monde au travail.

Nous étions donc de nouveau réunis, tous ou presque, et nous avons pu rendre à Bouboule Lamarque l’hommage que, dans un coin de notre esprit, nous avions toujours rêvé de lui offrir. 

Parce que l'homme est un personnage, une figure. Joueur, éducateur chez les jeunes, puis entraîneur de l’équipe première du Stade Montois, responsable de l’école de rugby jaune et noire et dirigeant du Comité Côte Basque durant de longues années, il a toujours œuvré avec discrétion et altruisme. Aujourd’hui encore, à 90 printemps, il va tous les mercredis au stade pour préparer et distribuer le goûter aux mômes du club. 

Son plaisir, il l'a trouvé et cultivé dans le don et le partage, dans ce rugby amateur porteur de fraternité et de joie de vivre, de rencontres et d'amitiés que le temps n'use pas. Son regard malicieux, qui n’a pas changé, et sa voix chantante, vous racontent l’histoire d'un rugby révolu, dont la fonction première était de passer du bon temps ensemble, de cultiver l’amitié et les sentiments, avec pour alibi les dimanches à 15h et parfois, si cela souriait, quelques phases finales.

Dimanche dernier, comme par enchantement, nous avons retrouvé les rires au fond du bus, les chants dont nous n’avions pas oublié les paroles, les regards de complicité que forgent les luttes collectives et les beaux souvenirs. Comme si ne nous étions jamais quittés. Et Bouboule était là, au milieu de nous, radieux et ému, lorsque nous lui avons remis un maillot jaune et noir de l’époque avec nos dédicaces.

La remise du maillot avec émotion
La remise du maillot avec émotion Midi Olympique

Dans 40 ans, ni lui ni nous ne serons encore de ce monde. Souhaitons aux joueurs d’aujourd’hui de pouvoir vivre un jour d'aussi belles retrouvailles, et de croiser sur leur route de sportifs un seul Bouboule Lamarque. Ce serait pour eux une chance inestimable.

Nous, nous avons le nôtre, il ne nous manque rien.

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