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XV de France. La difficile équation du buteur

Par Simon Valzer
  • Logiquement peu précis la semaine dernière puisqu’il n’a pas travaillé spécifiquement le but depuis deux mois, l’ouvreur Camille Lopez doit progresser en vue du Mondial. Ses performances auront un impact direct sur la composition du XV de France... La concurrence reste forte à ce poste bien spécifique avec notamment le Toulousain Thomas Ramos.
    Logiquement peu précis la semaine dernière puisqu’il n’a pas travaillé spécifiquement le but depuis deux mois, l’ouvreur Camille Lopez doit progresser en vue du Mondial. Ses performances auront un impact direct sur la composition du XV de France... La concurrence reste forte à ce poste bien spécifique avec notamment le Toulousain Thomas Ramos. Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Absent lors du premier test où Camille Lopez s’est montré peu précis face aux perches, l’arrière-buteur toulousain thomas Ramos revient dans le XV de départ et pousse maxime Médard sur le banc. Décryptage de ce jeu des chaises musicales qui ne semble pas terminé à un mois du mondial.

Cela tient peut-être de l’évidence, mais c’est un fait : aucune équipe ne signe un grand parcours en Coupe du monde sans un buteur de (très) haut niveau. Une rapide analyse des précédentes éditions ne fait que le confirmer : en 2003, les Anglais vainqueurs de l’Australie en finale avaient Jonny Wilkinson : 113 points inscrits à lui seul dont ce drop aujourd’hui légendaire en finale. En 2007, l’Afrique du Sud avait été en partie sacrée grâce à son arrière Percy Montgomery, meilleur réalisateur avec 105 points inscrits. En 2015, les Blacks avaient Dan Carter (82 points). Seule l’édition de 2011 fait entorse à la règle. Cette année-là, les Blacks avaient été sacrés malgré une hécatombe de leurs buteurs (Carter et Cruden sur le flanc, Weepu avait dépanné et inscrit 41 points.)

Les Bleus pourront-ils eux aussi compter sur leur homme providentiel au Japon ? Pour l’heure, la question se pose toujours. C’était d’ailleurs la grande interrogation laissée par les Bleus après leur premier match face à l’Écosse, avec un Camille Lopez peu en vue dans ce secteur et un petit 50 % de réussite face aux perches (3/6). Un score bien évidemment trop loin des canons internationaux, et qui pourrait s’avérer fatal s’il venait à se réitérer en phase de poule. Mais faut-il vraiment en vouloir au Clermontois ? Non, pour deux raisons. La première est qu’il faut rappeler qu’il n’est que le troisième buteur de son club, derrière Morgan Parra et Greig Laidlaw. Du coup, Lopez ne prend presque jamais le but en club : la saison dernière, il n’a tenté que douze coups de pied, avec cependant un remarquable taux de réussite de 91,7 %. Mais la vraie raison, c’est que cela fait tout simplement deux mois que Camille Lopez n’a, tout comme les autres buteurs du XV de France, pas travaillé spécifiquement ce secteur lors de la préparation. Et l’on comprend pourquoi : déjà assez traumatisantes pour les ischios en temps normal, des séances de tirs au but auraient probablement fait des ravages musculaires chez les Bleus en pleine préparation.

Médard sacrifié au profit de ramos ?

Fort heureusement, le groupe de 31 composé par le staff comporte d’autres buteurs réguliers en club, à l’image de Thomas Ramos, Baptiste Serin ou Maxime Machenaud. Mais qui de ces trois hommes peut être un titulaire en puissance ? Machenaud a signé un superbe 86,4 % de réussite la saison passée (sur 44 tentatives) mais est, pour l’heure, en reprise tandis que le tout aussi précis Serin (83,3 % de réussite, 78 tentatives) semble derrière Dupont dans la hiérarchie des neuf. Reste Thomas Ramos. Toutes compétitions confondues, le Toulousain a tenté pas moins de 114 coups de pied l’année dernière pour 79,8 % de réussite, soit un score légèrement plus faible que les autres mais sur un total nettement supérieur. Polyvalent, Ramos couvre aussi deux postes : l’ouverture et l’arrière.

Le problème ? C’est que l’aligner dans le XV de départ revient donc à se priver des services de Camille Lopez, soit de ceux de Maxime Médard qui, du haut de ses 57 sélections, surpasse largement Ramos et ses 5 capes sur le plan de l’expérience. Pour ce match retour à Edimbourg, le staff a fait le choix de titulariser Ramos et de placer Médard sur le banc. En sera-t-il de même dans un mois ? On l’ignore. Toujours est-il que la prestation de Thomas Ramos sera scrutée de près à Édimbourg, notamment sur le plan défensif. Tout comme celle de Lopez car si l’un des deux connaît une méforme, l’autre ne sera jamais bien loin…

Ramos n°10, inconcevable ?

En équipe de France plus qu’ailleurs, les vérités d’un jour ne sont décidément pas celle d’hier… Souvenez-vous : il y a cinq mois à peine, l’ouvreur du XV de France s’appelait Romain Ntamack. Associés avec Antoine Dupont à la mêlée, les deux coéquipiers avaient conduit l’attaque tricolores pour les trois dernières rencontres du Tournoi (Écosse, Irlande, Italie). Si aujourd’hui, Antoine Dupont semble toujours avoir le numéro neuf bleu dans le dos, les choses sont bien plus ouvertes au poste de 10. En effet, son coéquipier toulousain a paru plus en difficulté sur la deuxième moitié de saison (encore, rappelons qu’il n’a que 20 ans !) et n’a par conséquent pas enterré la concurrence. Une concurrence personnifiée par Camille Lopez, à qui il a subtilisé la place lors du dernier Tournoi, mais aussi par Thomas Ramos, qui n’est autre celui qui lui avait subtilisé la sienne en club sur la deuxième partie de saison ! Alors, Thomas Ramos deviendra-t-il un jour l’ouvreur du XV de France ? Jusqu’ici, il n’a encore jamais rempli ce rôle. Sur cinq sélections, l’ex-Columérin a été aligné deux fois à l’arrière et trois fois sur le banc. Seulement, le jeu des chaises musicales instauré par la question du buteur (lire ci-dessus) pourrait bien changer les choses…

Ouvreur, son poste de formation

Surtout quand on sait que son expérience au poste est bien plus grande que les sept petites titularisations qu’il a connues à ce poste l’année dernière avec le Stade toulousain. D’abord, il faut rappeler que c’est à ce poste que Ramos a été formé, avant de glisser ensuite vers l’arrière. Ensuite, dans le système du jeu du Stade toulousain, l’habituel arrière est très souvent amené à occuper ce poste dans le jeu courant. Car pour jouer le plus rapidement possible les ballons de contre, Ugo Mola veut que la conduite de l’attaque soit prise par le joueur le plus proche du ballon, et non uniquement par celui qui porte le numéro dix. Voilà pourquoi l’on voit si souvent des joueurs tels que les centres Romain Ntamack et Pita Akhi ou l’arrière Thomas Ramos jouer spontanément au poste de 10.

Soulignons aussi que parmi les sept titularisations de Ramos à l’ouverture, on trouve principalement des matchs de premier ordre, comme la réception de Toulon au Stadium (39-0), la gifle infligée à Pau (83-6), la demi-finale de Coupe d’Europe à Dublin face au Leinster (défaite 30-12), celle de Top 14 contre La Rochelle (20-6) et bien sûr la finale remportée contre Clermont (24-18). Bien sûr, Ramos n’a pas brillé à chaque fois. Il a raté ses demies ratées face au Leinster et à La Rochelle. Des échecs qui avaient toutefois permis de sonder la force de caractère du minot de 22 ans, qui n’avait pas hésité à jouer rapidement une pénalité en tout début de finale du Top 14 plutôt que de prendre des points faciles alors qu’une semaine auparavant, il passait à côté de sa demie face à La Rochelle : « Le staff a dû se gratter la tête quand on a fait cette action », reconnaissait l’intéressé après la rencontre. Dans un tel contexte, pareille précipitation aurait pu plonger le joueur dans le doute. Pas Ramos, qui ne s’est pas dégonflé et a continué à tenter des coups. Alors, le staff du XV de France osera-t-il parier sur le culot du joueur toulousain pour conduire l’attaque du XV de France ? On l’ignore. Mais l’on gage qu’il mérite au moins le coup d’œil…

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