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En pensant à demain

  • (L-R) Vincent RATTEZ of France, Arthur ITURRIA of France and Louis PICAMOLES of France  during France training session at Suizenji Athletic Field on October 8, 2019 in Kumamoto, Japan. (Photo by Dave Winter/Icon Sport) - Vincent RATTEZ - Arthur ITURRIA - Louis PICAMOLES - Kumamoto (Japon)
    (L-R) Vincent RATTEZ of France, Arthur ITURRIA of France and Louis PICAMOLES of France during France training session at Suizenji Athletic Field on October 8, 2019 in Kumamoto, Japan. (Photo by Dave Winter/Icon Sport) - Vincent RATTEZ - Arthur ITURRIA - Louis PICAMOLES - Kumamoto (Japon) Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... Voilà qu’on vient mettre un vent de frais sur l’enthousiasme qui s’empare, enfin, du rugby français à l’aube de ce quart de finale. Entendons-nous donc bien, d’entrée : pas question de minorer l’événement qui se pointe. Un quart de finale de Coupe du monde n’aura jamais rien d’anodin. C’est un rendez-vous immense pour un pays de rugby, plus encore quand celui-ci croupissait dans les catacombes de son histoire depuis si longtemps. à notre échelle franco-française, c’est un événement inespéré en 2019. Il faut le dire.

À ce propos, les joueurs, qui reprochent à tous de ne pas avoir cru en eux, ont raison sur un point : début juillet, quand les Jaguares argentins s’avançaient en finale du Super Rugby et que la dernière victoire française était dérobée en Italie, on ne donnait pas cher de la peau bleue. C’est exact.

Les joueurs se trompent sur un autre point : les gens, leur entourage, ceux qui les aiment, les suivent ou les côtoient ne sont nullement froissés d’avoir eu tort. C’est tout le contraire. Les Bleus sont en quart de finale, merci pour ça. Et qu’importe le scénario pour en arriver là, il n’appartiendra demain qu’au long flot des anecdotes d’une Coupe du monde.

Faut-il s’en contenter ? Certainement pas. Tout respect pour les Gallois, détenteurs du Grand Chelem et que nous avons si peu battus depuis dix ans, ils n’ont rien pour faire peur que détient la Nouvelle-Zélande ou l’Angleterre. Une équipe extrêmement bien organisée, c’est sûr. Peut-être la mieux organisée au monde. Une équipe au mental de diamant, qui souffre toutes ses fins de match et les gagne toutes. Une équipe plus talentueuse que la France ? On peine à le croire.

Le coup, donc, est jouable. Certainement pas facile, mais jouable. Et demain, si tout veut sourire et que les individualités françaises dérèglent ce si beau collectif gallois, la France sera en demi-finale. Un an après s’être fait surclasser à la maison par les Fidji, six mois après s’être fait éventrer en Angleterre et en Irlande. Question scénario, ça a de la gueule. Ce serait chouette. Ce serait aussi un grand péril. Et c’est ici que vient souffler le vent frais promis en entame.

Pour avoir déjà connu tel scénario, la France du rugby aura le devoir de mémoire. C’était en 2011, après un Tournoi bâclé, une rouste face à la Nouvelle-Zélande et une défaite annonciatrice face aux Tonga. C’était la mort soudaine du rugby français, pensait-on. Avant une improbable qualification à deux défaites, une rébellion, un tableau avantageux en phase finale et, in fine, un grand match. Une finale que la France aurait mérité de gagner, face à des All Blacks souvent dépassés.

Quelles leçons avait-on tirées alors, sur l’estrade politique ? Que la France était la deuxième meilleure nation de rugby au monde. Qu’elle n’était passée qu’à un point de son premier sacre mondial et que tout allait donc bien dans notre rugby. Oubliant au passage la lente dégradation du niveau réel de cette équipe de France, déjà. Cela fait huit ans qu’on paye cet aveuglement.

Si, demain, ces Bleus venaient à surprendre le pays de Galles, le scénario aurait des traits franchement approchants. Une lente descente aux enfers, une reprise en mains à l’approche de la compétition, quelques talents supérieurs, d’autres rebonds favorables et, à la sortie, une Coupe du monde dont on s’enorgueillit. Cette photographie serait dangereuse.

Qualification ou non, il ne faudra rien oublier des huit dernières années. Rien omettre des défauts structurels multiples de ce sport en France, de ses luttes intestines qui le paralysent et le plombent. Les chantiers promis devront être menés. Pour une refonte de toute la pyramide, des calendriers, de la formation, de l’accès des meilleurs jeunes aux pelouses des clubs professionnels, de la gestion des internationaux et leur santé. Un projet global absolument nécessaire. Sans quoi, les mêmes maux produiront les mêmes effets.

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