Fabien comme Eddie ?

  • Eddie Jones (coach de l'Angleterre) après la victoire contre la Nouvelle-Zélande
    Eddie Jones (coach de l'Angleterre) après la victoire contre la Nouvelle-Zélande PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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L'édito d'Emmanuel Massicard... C'est un drôle de sentiment qui nous a emporté. Quand une partie de nos certitudes s'est évaporée avec le triomphe anglais pour semer un trouble comparable à celui engendré par le raté du XV de France, six jours plus tôt. Par de là Vahaamahina, les Bleus ont souffert de trop de lacunes pour l'emporter face aux Gallois. Ils restent à quai. Très loin des meilleurs, si l'on en juge par le niveau d'expression des demi-finalistes.

Depuis samedi, donc, les All Blacks ne sont plus des phénomènes invincibles. Ils avaient déjà été renversés, récemment. Cette fois, ils sont éliminés en Coupe du monde. Ce n'était plus arrivé depuis 2007, grâce à la France. Un exploit, à l'époque. Une leçon, cousue d'une implacable logique, à présent. Les hommes de Read et Hansen ont été réduits au silence par un XV de la Rose aux certitudes accumulées sous le joug d'un gourou nommé Eddie Jones. Docteur Jones. Mister Eddie. Le boss à la réputation sulfureuse est en marche vers la reconnaissance suprême. Tant décrié pour ses méthodes et son caractère, il balaie ses adversaires d'un regard glacial. Cela ne vous rappelle rien ? Si, certainement... Les cheveux en moins et l'art de la communication en plus, il y a des airs de Fabien Galthié en lui. A moins que ce ne soit l'inverse...

Les Anglais ne sont pas champions du monde. Pas encore. Comme pour les Bleus, en 1999 et 2007, il leur faudra confirmer. S'inventer une suite. Un autre défi, plus prestigieux encore. Même total, car sans partage ni doute possible comme ce fut le cas des « boys » de Farrell, un triomphe face à la Nouvelle-Zélande en quart ou demi-finale d'un Mondial ne porte pas forcément l'assurance d'une suite glorieuse. Clairement, rien n'est acquis avant l'heure pour les Anglais devant l'Afrique du Sud. Le XV de France, revenons-y, a payé pour apprendre de ses manques au lendemain d'exploits magistraux face aux Blacks. Sur l'échelle de la décompression, nos déceptions furent jusqu'ici magistrales.

A ce jour, rien ne nous permet d'affirmer que les Anglais sauront, bien mieux que les Bleus, éviter le piège suprême dimanche à Tokyo. Comme rien ne nous permet de croire que les français sauront, à leur tour, se nourrir de cette Angleterre qui a tant appris de ces erreurs. Eliminée prématurément en 1999, elle avait su rebondir en 2003. Humiliée sur ses terres en 2015 après avoir traîné son fardeau de honte en 2011, elle est en passe de tout renverser. Cela ne vous inspire rien ? Nous, si. Peut-être les Bleus en 2023...

Le XV de la Rose a désormais valeur d'exemple pour une équipe de France en quête de dépucelage mondial. Quelle que soit l'issue de la Coupe du monde 2019, l'armée de la Rose a déjà cassé tous les codes et prouvé, quatre ans après le naufrage de Stuart Lancaster, que le principal tort de ce bon sélectionneur qui avait misé sur la jeunesse était d'avoir eu raison trop tôt.

Chez nous, la comparaison renvoie à Novès, qui avait lancé Dupont, Ollivon et Penaud. Entre autres. Sans oublier Ntamack, d'abord mis sous tutelle de la liste « élite ». Les autres des jeunes talents n'avaient pas été champions du monde en classe biberon (moins de 20 ans) et le manager toulousain avait eu du mal à couper le cordon avec génération Maestri/Picamoles. Son héritier s'appelle Galthié. Qui doit en profiter. Il joue désormais sur du velours, porté par la grande cause nationale. Galthié, comme Jones, est chargé de faire fructifier le potentiel d'une génération protée.

Puisse-t-il, Fabien, être demain aussi inspiré qu'Eddie. Puisse-t-il viser aussi loin, avec autant de clarté, d'exigence et d'ambition. Puisse-t-il murmurer à l'oreille de ses clubs, suggérant que la réussite de l'un va forcément faire le bonheur des autres. Puisse-t-il tout bonnement incarner cette exigence suprême qui conduirait les Bleus, après les Blancs et les Blacks, à produire un rugby aussi brillant que celui d'Eddie. Un jeu nous laissant cette impression de jamais-vu qui suintait de la prestation anglaise face aux doubles champions du monde Néo-Zélandais. Manière, pour Galthié et les Bleus de réinventer le rugby comme ont si bien su le faire Mister Eddie et ses soldats roses. Manière, enfin, de flirter avec la consécration en 2023 et d'imposer le respect à toute la planète rugby.

Le graal est désormais à portée des Anglais. Alors pourquoi pas nous, dans quatre ans ? A ce jour, malgré ce quart de finale comme un trompe-l'oeil, nous en sommes loin... Assez pour ne pas croire que la réussite d'Eddie Jones tient du miracle. Ou que l'Australien a tout du gourou... Demain, Fabien comme Eddie ? 

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Les commentaires (1)
PROJacquesVerdier Il y a 4 années Le 04/11/2019 à 19:49

Fabien ne sera pas Eddie Jones,vu que Laporte je me mêle de tout va le bloqué,Fabien réussira t-il a mettre Laporte et Simon sur la touche ou en tribune?Faudra bien sinon?