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Cardiff, cathédrale

Par Midi-Olympique
  • Millenium de Cardiff
    Millenium de Cardiff Spi / Icon Sport - Spi / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito du vendredi par Léo Faure... Bien sûr que Murrayfield est beau. Sublime, même, quand les cornemuses résonnent altières et s’éteignent soudain, que la voix d’un stade monte sans crier, réconfortante et pourtant puissante. Il y a là cette fierté que le peuple écossais vit sans la clamer. Une humilité dure, une insoumission sans arrogance.

Twickenham aussi, vaut d’y aller. Un temple posé loin du centre londonien, sur Whitton road où s’étendait, il y a cent ans, un vulgaire champ de choux. C’est ici, contre 5 500£, que la RFU d’alors avait investi pour faire construire son domaine, désormais royaume du cash. Où l’on ne vend pas pour autant son identité. Parce que le rugby est d’abord britannique, puis universitaire, on trouve à Twickenham tout ce que la bonne société anglaise préserve et choie. La mémoire et le musée mondial du rugby ; la symbolique et ces statues qui ornent son parvis, toutes porteuses d’un message ; le cérémonial et avant chaque match, sur les longues pelouses boueuses de l’hiver, la bourgeoisie anglaise traditionnelle qui soigne son entregent. à voir.

Il y a Dublin, c’est évident. Où le cristal de l’Aviva laisse à voir les belles demeures de pierre qui le jouxtent. Le train est toujours là, qui chahutait jadis les vieilles tribunes en bois de Lansdowne road à chacun de ses passages. Mais le béton de l’Aviva ne vacille plus. Il tient droit et ferme, dressé en symbole de la réconciliation des deux Irlande. Une seule île, une seule équipe. Le rugby est une religion commune. C’était important à dire et à visiter, quand le Brexit ravive quelques fantômes assassins.

Les stades du Tournoi sont des pèlerinages à s’autoriser, une fois au moins. Et tout en haut de la liste, il y a Cardiff. Pas que ce soit véritablement mieux, et surtout pas moins bien. C’est juste autre chose. Un autre monde. Une folie douce dans un cortège de rues en pierres.

Ô Cardiff, dont le centre névralgique pique en plein là où, ce samedi, Romain Ntamack laissera tomber son premier ballon pour donner, d’un drop, le coup d’envoi. La pelouse sera encore chaude des langues de flamme et la clameur, immense, noiera les sens. Les profanes du lieu, d’un ouï-dire ou d’un trop court passage, jurent que le Millennium stadium est situé en plein cœur de la ville. On ne saurait dire plus faux. Il en est le cœur tout entier.

Ce n’est pas seulement une question de sport et de passion, quand les provinces de la principauté se meurent dans des stades vides. La fascination au Millennium est moins celle du rugby que celle d’un maillot, rouge jusqu’au sang, qu’on vient en ce lieu célébrer et protéger. À tout âge.

C’est à cela que les Français seront confrontés, ce samedi. On le répète, tous les deux ans, sans que cela perde de son sens. Y sont-ils prêts ? Cette jeune bande bleue, talentueuse et foutrement imperméable à tout depuis qu’elle a pris les commandes, jure qu’elle n’est pas novice et que, du haut de ses vingt berges, elle a déjà joué dans des grands stades. C’est vrai. Samedi, pourtant, ils ne joueront pas dans un stade. Ils joueront dans une cathédrale. À cela, on n’est jamais vraiment préparé.

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