Jurand : « Je joue comme quand j'étais en Première Série »

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Joris Jurand (24 ans) est une des révélations de l'hiver. L'ailier ou arrière briviste, qui reste sur un triplé face à Lyon, était notamment en lice pour le titre de joueur du mois de février. L'ancien joueur d'Aix et de Montpellier nous parle de son jeu si caractéristique, de son parcours, de sa saison et évidemment de la coupure actuelle.

Comment vivez-vous cette période d'arrêt forcé ?

Comme tout le monde, je prends mon mal en patience en espérant qu'il n'y ait pas trop de dégâts avec cette épidémie. Je fais de mon mieux pour me maintenir en forme et ne pas trop perdre le rythme. Le club a établi un programme pour cette semaine. Pour la suite, on ne sait pas quand reprendra l'entraînement collectif. C'est le flou.

Êtes-vous passé en chômage technique ?

Non, je crois que nous sommes encore en vacances. Ce n'est qu'à partir de la semaine prochaine que nous basculerons. Ca fait bizarre, personne n'a connu ça, même les anciens.

Comment parvenez-vous à vous entraîner ?

J'ai couru hier et aujourd'hui. On sort à deux ou trois en gardant un intervalle entre nous. Ce n'est pas trop autorisé mais ça fait du bien d'être ensemble, ça nous tire vers le haut. Pour le reste, le club a amené un peu de matériel chez nous. On fait comme l'on a envie. C'est tout de même différent des séances en groupe.

La date de reprise du championnat est pour l'heure inconnue. Vous êtes-vous renseigné sur les différents scenarii ?

Non, pas vraiment. J'ai juste vu qu'il y avait plusieurs possibilités. Le plus simple est d'attendre que ce soit acté. Dès que la date sera connue, nous pourrons commencer à préparer la reprise.

Qu'est-ce qui vous semble le plus adapté : un championnat condensé avec des rencontres en semaine ou une formule avec play-off et play-down ?

J'aimerais bien que l'on joue les neuf journées restantes. Ainsi, tout l'effectif aurait du temps de jeu et ça permettrait notamment à des mecs en fin de contrat d'avoir leur chance. Après, ça supposera de faire des choix car il ne sera pas possible de viser tous les matchs. La solution des play-off et play-down ne me dérangerait pas non plus à vrai dire. Même si ce serait dommage vu notre classement. Dans tous les cas, il faudra respecter la décision qui sera prise.

La suspension du championnat est venue briser votre bel élan : vous veniez d'enchaîner de belles performances avec ce triplé face à Lyon lors de la dernière journée...

Oui, c'est dommage, je me sentais bien. Mais voilà, ce n'est de la faute à personne. Ce genre de pépins arrive souvent au mauvais moment. Ce qui importe, c'est de revenir en forme pour performer encore et essayer de reproduire de bonnes prestations. Même si ça sera dur de mettre un triplé à chaque semaine.

Racontez-nous votre montée en puissance, au fil de la saison...

Au premier match, j'avais reçu un carton rouge à Pau. C'était une sanction limite mais méritée. Ça m'a un peu bloqué. Je pensais avoir fait une belle partie mais j'ai été suspendu dans la foulée. Après, l'équipe tournait bien, c'était dur d'enlever les joueurs en place. Jeremy m'a remis dans le groupe, le plus souvent comme remplaçant. Et à partir de décembre et du match contre le Racing, j'ai eu l'opportunité d'enchaîner à l'aile ou à l'arrière. Je me suis bien senti. Mon jeu est basé sur la prise d'initiatives et sur la volonté de créer des différences. Ça m'a globalement souri ces derniers temps.

A quel poste avez-vous été formé, d'ailleurs : arrière ou ailier ?

A la base, j'étais centre (sourire). Un jour, avec les espoirs de Montpellier, nous avions eu une série de coups durs et Anthony Floch m'avait demandé : "Tu veux jouer arrière ?". J'ai répondu que ça ne coûtait rien d'essayer. Anthony m'a beaucoup apporté sur les placements et la vision du jeu à ce poste. Maintenant, j'alterne entre arrière et ailier. Ça me va bien car j'ai plus de champ pour me lancer et je peux amener davantage de vitesse. Mais quand il a fallu passer au centre lors du match de barrage contre Grenoble car "Bison" s'était blessé, ça ne m'a pas posé de problème.

D'où vous vient cette liberté d'entreprendre sur le terrain ?

J'ai toujours joué ainsi. Quand j'étais en Première Série, je faisais ce que j'avais envie. Les entraîneurs m'avaient donné les pleins pouvoirs. Peu importe le niveau, ce qui me caractérise, c'est de jouer avec le feu. Après, il faut s'en sortir et, parfois, ça ne marche pas. A Brive aussi, le staff me laisse jouer mes duels. A condition qu'il n'y ait pas une meilleure option collective évidemment.

Après votre triplé contre Lyon, le téléphone a dû vibrer. Comment réagissez-vous à cette soudaine notoriété, vous qui n'aviez pas joué en championnat professionnel avant janvier 2019 ?

Oui, le téléphone a sonné. C'est surtout les copains qui m'ont appelé. C'était sympa tout ça. Mais je suis déjà passé à autre chose. Je n'aime pas trop regarder vers le passé. J'ai juste envie de vivre d'autres bons moments comme ceux-la.

En un an, tout a été très vite pour vous...

Oui, ça ne fait qu'un peu plus d'un an que je suis à Brive. Jeremy Davidson était venu me voir jouer avec les espoirs de Montpellier. Il me suivait depuis le début de la saison. J'avais beaucoup marqué cette année-là. Le MHR a été très sympa de me laisser partir. Je suis venu à Brive pour m'éclater et avoir ma chance. Je ne remercierai jamais assez mes partenaires pour l'accueil que j'ai eu. Ici, j'ai trouvé ce que j'étais venu chercher.

Montpellier doit regretter de vous avoir laissé filer...

Oui, c'est ce qu'ils me disent maintenant (rire). J'ai gardé le contact avec certains de mes partenaires et avec le centre de formation. Mais je ne suis pas rancunier. Ca ne devait pas se faire là-bas, c'est tout. Il y a une part de destin dans ce qui s'est passé.

Vos performances risquent d'attirer l'attention d'autres clubs. Jusqu'à quand êtes-vous lié à Brive ?

Je suis engagé jusqu'en 2022. C'est une bonne chose, ça permet de savoir où l'on va. Jusqu'à maintenant, je n'avais toujours eu que des contrats d'un an. Je peux enfin me poser et avoir de la stabilité. C'est une marque de confiance appréciable, aussi.

Avant de se projeter sur les saisons à venir, il faut commencer par vous maintenir avec le CABCL... C'est bien parti, non ?

L'équipe est bien au classement. Nous sommes satisfaits de l'avancée de la saison mais il faut bien avoir conscience que le maintien n'est pas acquis. Surtout vu ce qui se passe actuellement.

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