Saison 1, épisode 7

  • L'équipe de France lors du dernier Tournoi des 6 Nations.
    L'équipe de France lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito du vendredi par Léo Faure... C’était le 13 mars dernier. Un vendredi où Midol était au rendez-vous, c’est une belle habitude. Le comité des 6 Nations, en accord avec la FFR, avait déclaré quelques jours plus tôt la rencontre France-Irlande impossible à maintenir, en raison de la crise du coronavirus (devenu Covid-19) qui ne faisait alors que couver. C’était il y a six semaines, cela paraît bien loin.

La période emprunte à ces séries si bien faites, dont chaque épisode vous mange la tête au point que vous en oubliez le précédent et que, vite, il vous faut le suivant. Pour rappel : à l’époque, quand tout a démarré, Bernard Laporte ignorait comme tout le monde l’ampleur de ce qui suivrait et jugeait ce report de France-Irlande "rageant".

Sa préoccupation purement sportive, alors, était aussi la nôtre. Elle n’avait de valeur que son immédiateté. Les Bleus, bien que décevants et battus en Écosse, avaient encore une fine chance d’arracher le gain du 6 Nations. Ils avaient, de toute façon, l’occasion de valider chez eux cette réconciliation populaire qui valait bien deux victoires dans le Tournoi, pour une nation plongée dans l’ombre depuis dix ans.

Le prisme du temps est dégueulasse. Il rend insignifiant tous nos enthousiasmes d’alors. Six semaines et sept "éditos" plus tard, on fait le bilan du processus qui s’est depuis enclenché.

Le rugby est orphelin de son feuilleton sportif, qui le voyait se demander chaque semaine qui jouerait gros, qui perdrait gros et qui mangerait gros. Notre rugby s’est réfugié dans un autre feuilleton. Celui des coulisses et de ces décisions impossibles à prendre, faute de visibilité plus précise. Mais autour desquelles tout le monde débat.

Comme dans toute bonne série, on se prend au jeu. Le dernier épisode apporte son lot de vérités que le suivant balaie. Souvenons-nous : il y a six semaines, les présidents du Top 14 s’accordaient sur l’idée d’un Top 16. Cela paraît si loin.

Depuis, tant d’eau a coulé, aspirée par un torrent d’épisodes. Il y a eu sur la table la perspective grandissante d’un arrêt pur et simple des championnats, la création d’un Mondial des clubs, la réforme de la Coupe d’Europe, un Tournoi joué en aller-retour à l’automne, des phases finales de Top 14 improvisées en août, un Pro D2 sans montée mais pas sans champion.

Il y a aussi cette survie sur un fil pour quelques clubs glorieux et en grand danger financier. Voir le Stade toulousain du président Lacroix, ci-contre. Comme lui, ce sont souvent les clubs qui travaillent en économie réelle qui souffrent le plus. Injuste, quand d’autres s’inquiètent moins, assis sur une économie de perfusion.

Il y a ce message médical, enfin. Cette prise de parole scientifique, que vous trouverez dans ces pages et qui remet de nouveau tout en cause. Le dernier rebondissement en date, le dernier épisode de la série en cours.

Jouer au rugby serait donc contre-indiqué, quand on entend confiner un virus. Parce que ce sport engage à la proximité jusqu’au contact. Pire encore : la communion bienveillante des supporters obéit aux mêmes règles et recèlerait, dans son lot de sympathie, un risque sanitaire. Moralement, c’est difficile à entendre. À ce titre et de manière plus pragmatique, moins émotionnelle, il faudrait pourtant tout suspendre, au-delà de l’été. Ce sont les médecins qui le disent et qu’il convient ici d’écouter. Ça n’a pourtant rien de drôle entendre.

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