Aux confins des mondes

  • Bernard Laporte, Président de la FFR
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Pour ou contre la « Nationale », nom de baptême de la future division qui servira de pont entre les rugbys professionnels et amateurs ? Il y a quelques années, Bernard Laporte lui même n’était pas emballé par le concept. Dès son élection validée, il avait d’ailleurs coupé la tête de la poule élite, sorte de Graal des « Fédérales », qui ne tenait plus debout à force d’errances financières dans les clubs. Trois saisons plus tard, replongé en année électorale, le patron de la FFR a écouté la voix des clubs pour réhabiliter l’antichambre du professionnalisme. Ce crochet intérieur résume à lui seul l’ensemble des tergiversations historiques des dirigeants français au moment d’appréhender la transition entre des mondes aux exigences totalement opposées. Deux mondes qui doivent pourtant cohabiter.

Les raisons ne manquent pas pour plébisciter cette « Nationale ». D’abord parce qu’il va offrir une vraie compétition entre ambitieux, en lieu et place des confrontations parfois ubuesques imposées par une Fédérale 1 à 48 clubs qui tirait sur la couenne de « petits » sans préparer les « cadors » à l’élite. Désormais, chacun vivra à son rythme. En fonction de sa réalité et de ses rêves. Avec ses armes. Celles d’Albi, Blagnac, Bourg ou Massy ne seront jamais celles de Fleurance ou Graulhet.

Enfin, le monde amateur aura une double vitrine, la « Nationale » pour les ambitieux et la Fédérale 1 pour tous les autres. Chacun sa gloire et surtout la promesse de ne plus voir les clubs qui monteront en Pro D2 effectuer le grand écart sans échauffement…

Mais ne nous leurrons pas. Si la promesse sportive est belle, la « Nationale » porte une part de risques. Ce bal des ambitieux finalisé dans l’urgence, avec quatorze équipes pour autant de longs déplacements, ne fera pas de cadeaux aux finances des clubs qui devront tenir le rythme imposé par ce drôle de tour de France. « La DNACG va avoir du travail… » nous confia cette semaine un dirigeant amateur. « Je suis favorable depuis longtemps : ça va désengorger la Fédérale 1. Mais je suis inquiet pour certains clubs qui ne sont pas forcément prêts. Et j’ai peur des dépôts de bilan en fin de saison… » Ce pourrait être le revers de la médaille d’un championnat surdimensionné pour n’exclure personne.

L’enjeu pour la Ligue et la Fédération qui travaillent de concert sur le projet, sera donc d’accompagner au plus près les clubs engagés ; les aider à grandir et à se structurer administrativement pour ne plus dépendre de la seule vérité sportive ; les préparer aux exigences du monde professionnel sans pour autant les plonger dès à présent dans un modèle qu’ils seraient incapables d’épouser. Car, avouons-le, il nous paraît totalement irresponsable de prétendre créer une troisième division 100 % professionnelle quand les deux premières sont déjà si bien fournies, qu’elles captent tant de partenaires et proposent des salaires à des années-lumière de ce qu’autorisent les budgets de Fédérale.

La « Nationale » doit ainsi écrire son propre modèle sur fond de formation, du double projet cher à Thomas Lombard et même de pluriactivité. C’est à ce prix qu’il tiendra ses promesses et deviendra un succès. C’est à ce prix qu’il trouvera sa place au centre de la pyramide et qu’il prendra tout son sens.

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