La déchirure

  • Dans l’Hérault toujours, le feuilleton extravagant qui a bousculé l’ASBH fait causer. En coulisses et autour du club, la séquence laissera des traces profondes.
    Dans l’Hérault toujours, le feuilleton extravagant qui a bousculé l’ASBH fait causer. En coulisses et autour du club, la séquence laissera des traces profondes. Icon Sport - Icon Sport
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L'édito de Léo Faure... Semaine dernière, sur la Côte méditerranéenne. La covid-19 a quitté les esprits avant les corps. Les gestes les plus sages de la distanciation physique ont disparu du quotidien, les restaurants font le plein en terrasse, les commerces sauvent ce qui peut l’être de leurs finances et du côté de l’Hérault, les plages laissent les corps, hier confinés, se dénuder enfin. Un été comme les autres ? Presque. La perspective d’une rentrée à tourments plane sur le front sanitaire. Quand on aime le rugby, cette rentrée s’annonce également bien incertaine pour Béziers.

Dans l’Hérault toujours, le feuilleton extravagant qui a bousculé l’ASBH fait causer. Le processus de rachat du club, par d’éventuels investisseurs émiratis, a tenu lieu de saga depuis deux mois. Il a trouvé un point final, jeudi, quand la DNACG a validé le maintien de l’ASBH en Pro D2, trois jours après que les incertitudes qui entouraient les fonds du Golfe ont sonné le glas du projet de rachat. L’épilogue n’est pourtant qu’administratif. En coulisses et autour du club, la séquence laissera des traces profondes.

Aux grilles du stade Raoul-Barrière, quelques amoureux de l’ASBH - parmi les plus fervents et fidèles - jurent qu’ils ne remettront plus les pieds en tribunes, tant que l’équipe dirigeante actuelle sera en place. Question rupture, on fait difficilement plus profond. L’histoire de cette vraie-fausse vente, mal gérée de bout en bout porte des conséquences désastreuses pour une entreprise désormais bien loin du divertissement, en opposition avec son propre public.

La mairie, étonnamment, tient un discours similaire : plus question d’échanger avec la direction sortante, au risque de se voir retirer les subventions qui pèsent, tout de même, pour près d’un quart du budget de l’ASBH. Une voix qu’on écoute, donc.

Elle rajoute aussi à la cacophonie d’un club qui aurait, désormais, tant besoin de calme. Mais le temps de la paix n’est pas encore venu et René Bouscatel, qu’on annonce futur président, sans trop en dire sur le projet qu’il porte, aura bien du travail pour réconcilier les peuples.

Il y en a, pourtant, pour qui l’armistice devient urgent. Ce week-end encore, sur la Côte méditerranéenne, on nous glissait cette émotion : "Depuis le départ, on parle de tout le monde, sauf des joueurs. Qui s’est soucié d’eux, dans toute cette affaire ? Les pauvres, ils sont complètement paumés." C’est terrible et vrai : dans cette affaire de rugby pour banquiers et politiques, les joueurs n’ont plus leur mot à dire.

En attendant le prochain épisode, on pensera donc à eux. Au staff aussi, qui, depuis le départ, a maintenu les conditions d’une reprise décente du rugby sans savoir si, deux mois plus tard, il serait encore là pour profiter des bords de terrains.

Pour eux, le divorce avec le public est une réalité du quotidien dont ils sont spectateurs et victimes. Ni responsables, ni ciblés, mais directement débités. Cette addition, salée, ils la paieront longtemps. Dans cette affaire biterroise, il ne semble finalement y avoir que des perdants.

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