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Clara Joyeux passe des canards à la lavande

Par Baptiste Barbat
  • La Blagnacaise d’adoption, Clara Joyeux, veut miser sur la lavande pour diversifier l’exploitation familiale sise dans le Lot. La Blagnacaise d’adoption, Clara Joyeux, veut miser sur la lavande pour diversifier l’exploitation familiale sise dans le Lot.
    La Blagnacaise d’adoption, Clara Joyeux, veut miser sur la lavande pour diversifier l’exploitation familiale sise dans le Lot.
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Clara Joyeux, pilier du Blagnac Rugby féminin, club phare du Top 16, et du XV de France est née dans la campagne lotoise au sein de l’exploitation agricole familiale. Une tradation qu’elle compte bien poursuivre, en la diversifiant avec... de la lavande.

De ses souvenirs de rodéo, sur le dos des cochons de l’exploitation avec sœur et cousine, est né l’amour de Clara Joyeux pour le milieu agricole. Elle est donc née et a grandi dans la ferme familiale, depuis plusieurs générations, de Reilhac, petite commune lotoise d’une grosse centaine d’âmes, non loin de Gramat. Autrefois éleveurs de cochons et de brebis caussenardes, traditions des Causses du Quercy, les parents de Clara vivent désormais du canard, du foie gras et du porc noir élevés pour la charcuterie. "À l’approche de grandes fêtes comme Noël, on peut envoyer jusqu’à sept cents canards à l’abattoir par semaine", détaille la joueuse qui sait nous vendre ses produits qui entrent dans une démarche de circuit court. "L’élevage, la transformation, la mise en conserve : tout se fait dans le Lot entre Reilhac, Saint-Pierre-Lafeuille, proche de Cahors, et Gramat."

Arrivé à l’adolescence, comme beaucoup de jeunes, difficile pour Clara de parler d’avenir. Alors, au moment du choix fatidique de la première orientation, la Lotoise décide de faire ce qu’elle connaît, en reproduisant le schéma familial. Par ailleurs, ses performances de rugbywoman commencent à se remarquer. L’association de ces deux éléments la conduit au lycée agricole des Vaseix, à Limoges. Ce dernier, gros pourvoyeur de l’équipe de France, a également vu passer dans ses rangs la talonneuse des Bleues, Agathe Sochat, ainsi que Pauline Bourdon, numéro 9, meilleure Française de l’année 2019, et aussi nommée parmi les meilleures au monde. Au cours d’un de ses stages à Rocamadour, joyau architectural du "46", Clara découvre l’exploitation de la lavande.

Exploiter des terres difficiles

"Dans le cadre de mon Bac, je fais mon stage chez Jean-Marc Soulayres. Il m’a expliqué qu’il était en train de réimplanter la lavande car elle était très présente dans les années 50. Je n’y allais pas du tout pour ça mais au final, j’ai fait tout mon rapport de stage sur ce sujet. Plus tard, c’est une thématique sur laquelle j’ai de nouveau travaillé durant mon cursus. J’en ai également parlé à mon père et l’idée l’intéressait." En effet, aride et rocheux, le Causse propose un climat et un terrain ressemblant au Sud-Est méditerranéen, bassin historique de la plante améthyste. Peu exigeante, elle pousse sur un sol pauvre et n’exige qu’un ensoleillement important.

Mais il est difficile de concilier une activité dans la ferme familiale et une carrière dans le rugby, en élite et équipe de France. Surtout depuis qu’elle est installée à Toulouse pour son BTS agricole, qu’elle vient d’obtenir. Malgré de nombreuses discussions avec sa partenaire de sélection et agricultrice, Jessy Trélmoulière, le projet dut attendre un moment plus opportun.

Finalement, il arriva bien plus tôt qu’espéré. Le confinement proclamé le 17 mars, la Lotoise, comme beaucoup d’étudiants en ville, décide de se réfugier dans sa campagne natale. L’opportunité devient idéale. Ni une ni deux, le projet refait surface et obtient l’accord familial dans la foulée. Et voilà les Joyeux partis cueillir les lavandes d’antan qui vivent toujours ci et là dans le département : "La lavande offre de gros avantages pour nous. Nous avons des parcelles inexploitables au vu de notre activité. Ces dernières conviennent parfaitement à la culture de cette plante. On ne perd rien et on se diversifie." Maintenant plantées, les lavandes auront tout le temps de fleurir, le temps que de son côté le projet mûrisse. Pour le moment, l’utilisation finale de ces herbes n’est pas clarifiée mais il y a de fortes chances qu’elles soient utilisées pour des parfums ou des huiles essentielles. Pour le moment, elles ont déjà le mérite d’avoir fleuri et parfumé les terres de Reilhac.

En plus de rassembler la famille, le confinement a permis à l’exploitation de grandir. Certes, le retour à la normale va pousser la joueuse de Blagnac à revenir à la ville, son avenir proche la forçant à regarder vers de nouveaux horizons sportifs. Sans exclure un retour à la ferme dans quelques années. Avec au minimum une heure et demie de route entre son club et l’exploitation, il est trop contraignant pour elle de faire les allers-retours de façon trop régulière. Ses études étant terminées, elle devrait commencer en intérim à la rentrée dans l’agglomération toulousaine. Sa double vie pourrait même la conduire jusqu’au bout du monde puisque cette saison de rugby s’achèvera en Nouvelle-Zélande, à l’occasion d’une Coupe du monde ou les Humbles et Affamées pourraient avoir une grosse carte à jouer.

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