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Azéma : « Les clubs sont solidaires et prêts à aller à l'affrontement »

  • Franck Azéma, manager de Clermont depuis 2014, est inquiet pour la santé des joueurs en cas de fenêtre internationale prolongée
    Franck Azéma, manager de Clermont depuis 2014, est inquiet pour la santé des joueurs en cas de fenêtre internationale prolongée AFP
Publié le Mis à jour
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À l’aube d’une nouvelle guerre FFR-LNR, l’entraîneur de Clermont, Franck Azéma, muscle son jeu.

World Rugby vient de confirmer une fenêtre internationale de six matchs cet automne. Qu’en pensez-vous ?

Ça paraît énorme. Encore une fois, on va se demander comment caser tout le Top 14, la Coupe d’Europe, les matchs internationaux et, en plus, cette année, les phases finales de la précédente Coupe d’Europe. Le calendrier est un problème récurrent, exacerbé cette année et on rajoute encore d’autres dates. On empile les matchs et certains vont en pâtir. Comme d’habitude, la variable d’ajustement, ce seront les clubs. J’ai l’impression qu’on n’apprend rien.

Que voulez-vous dire ?

Le problème des calendriers n’est pas nouveau. Cette année, avec la crise du Covid qui a tout chamboulé, nous avions une occasion unique de tout mettre à plat, de réfléchir aux formats des compétitions, à leur articulation et à un alignement des calendriers. Il y a quatre mois que le rugby est à l’arrêt, nous avions tout de même du temps pour réfléchir. Il en est sorti quoi, au niveau des institutions ? Rien ! Nous sommes toujours dans les mêmes logiques : empiler les matchs et se faire la guerre entre institutions. La prochaine étape, c’est de jouer en semaine. Il n’y a plus de marge. Mais on continue sur cette logique. On n’apprend jamais, dans le rugby. On ne sait pas évoluer.

Comprenez-vous la sortie de Fabien Galthié, qui explique qu’il n’envisage pas de faire tourner son effectif malgré les six matchs ?

J’ai vu ces propos. À notre niveau, nous n’avons aucun retour du staff du XV de France sur la gestion et l’utilisation des joueurs envisagées sur cette période. J’imagine que tout cela est en négociation entre la Ligue et la Fédé, qu’on en saura bientôt plus. Mais de toute façon, pour les joueurs, on connaît le schéma.

C’est-à-dire ?

Avec l’après-Covid, il va y avoir beaucoup d’appétit et de fraîcheur début septembre, pour la reprise du Top 14. Ensuite ? Les internationaux vont enchaîner la Coupe d’Europe, les tests d’automne, de nouveau la Coupe d’Europe et enfin le Tournoi. S’ils sont internationaux, c’est qu’ils sont des joueurs importants de l’équipe, donc on va les utiliser sur tous ces matchs européens, cruciaux dans notre saison de club. En clair, les internationaux vont tout jouer ou presque, d’octobre à mars. On les use, on les repasse et, comme d’habitude, il va y avoir de la casse. Des joueurs vont se blesser et pourront enfin se régénérer. Dans notre rugby tel qu’il est conçu, un international n’a quasiment que les périodes de blessure pour se régénérer. Avec le Covid, nous avions l’occasion d’évoluer, de changer cela. Au final, nous n’avons rien changé.

Seriez-vous favorable à un nombre de matchs limité pour les joueurs, lors des tests-matchs d’automne ?

En tout cas, il faut qu’il y ait de la souplesse, que chacun y mette du sien. À sa prise de fonctions, nous avons beaucoup échangé avec Fabien Galthié. Je crois que les entraîneurs de clubs ont su entendre son message et faire évoluer la collaboration dans le bon sens, pour l’aider dans sa mission. Tout le monde jugeait que c’était important et nous avons eu cette démarche, je pense en bonne en intelligence. Il faudrait toutefois que cela fonctionne dans les deux sens. Vous ne pouvez pas toujours prendre : parfois, il faut aussi donner.

Quelle solution, alors ?

On va entrer dans une logique de bras de fer, c’est évident. Nous en sommes là, puisque le temps octroyé par le Covid n’a rien fait émerger de constructif. Et j’ai le sentiment que les clubs seront solidaires entre eux. Si je prends mon cas personnel, je n’ai que deux joueurs sur la liste XV de France. La situation qui se profile à l’automne ne va pas beaucoup m’impacter. Mais je ne peux pas oublier qu’en d’autres temps, j’avais une dizaine de joueurs mobilisés. Je sais à quel point cette situation impacte votre équipe et votre management. La difficulté que vont connaître les entraîneurs de Toulouse, Montpellier, Toulon ou du Racing, je la connais et je ne peux pas faire comme si elle n’existait plus, sous prétexte que je suis moins concerné. Je crois que ce sentiment est partagé. Les clubs sont solidaires et prêts à aller à l’affrontement. Nous devons faire entendre notre voix. Il ne faudrait pas que l’équipe de France oublie qu’elle aura besoin de tout le monde, dans son objectif 2023.

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