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Le rugby se joue au conditionnel

Par Midi Olympique
  • Un temps prévu contre Carcassonne, la rencontre à Perpignan opposera finalement les joueurs du centre de formation à une équipe composée des recrues de l’Usap. Un temps prévu contre Carcassonne, la rencontre à Perpignan opposera finalement les joueurs du centre de formation à une équipe composée des recrues de l’Usap.
    Un temps prévu contre Carcassonne, la rencontre à Perpignan opposera finalement les joueurs du centre de formation à une équipe composée des recrues de l’Usap. - Emilien Vcens
Publié le Mis à jour
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Les clubs pros reprennent, enfin, le chemin des stades avec les premiers matchs amicaux ce week-end, sous surveillance.
La LNR a édicté un document cadre qui fixe le protocole sanitaire à respecter. Midi Olympique vous explique tout pour lancer la saison dans les meilleures conditions. 

On doit encore employer le conditionnel mais normalement ce week-end, pour la première fois depuis près de six mois, on devrait disputer des matchs de rugby en France. Et avec du public ! Une bonne nouvelle avec des dispositions qui sont détaillées dans l’annexe 4 du document de 79 pages qu’a envoyé la LNR à tous les clubs sur les procédures à tenir sur la gestion des manifestations sportives. Il y est stipulé que les neuf rencontres ne doivent concerner que des équipes françaises, les oppositions avec des formations étrangères sont, cette année, proscrites. Les oppositions autorisées, ne le seront qu’entre clubs professionnels et se dérouleront exclusivement dans des stades dits de catégorie A, ou sous réserve de l’accord de la LNR et de la FFR, avec une dérogation, de catégorie B dont la taille des vestiaires pour chaque équipe est au minimum de 60 m2. Les clubs participants devront respecter à la lettre ces consignes, ainsi que d’autres comme l’obligation pour les remplaçants d’être masqués. La Ligue a voulu se prémunir, autant que faire se peut, de tout risque d’aggravation de la situation. Les joueurs qui doivent participer à ces joutes amicales ou de préparation, devront aussi présenter un test négatif au Covid, effectué 72 heures avant au maximum, du coup d’envoi. Pour les clubs, ces restrictions peuvent paraître très contraignantes, elles excluent la possibilité de faire appel à un joueur de catégorie espoir si ce dernier n’a pas été inscrit dans la liste de ceux suivant le protocole médical de la LNR, qui a été transmis aux clubs le 5 mai dernier, mais elles sont nécessaires pour que cette reprise du rugby soit pérenne.

Matchs tests pour la reprise des championnats

Dans près de quatre semaines, le Top 14 doit signer son grand retour, or, les informations de ces derniers jours, provenant du Stade français et de son foyer concernant plus d’une vingtaine de cas, démontrent que l’équilibre est très fragile. Les rugbymen professionnels ne sont pas exempts de tout reproche dans la baisse de vigilance et le respect, plus ou moins strict des gestes barrières par la génération des 20 - 40 ans. L’enthousiasme réel, perceptible, - Canal+ va d’ailleurs, dès la semaine prochaine, retransmettre trois de ses oppositions en direct - ne doit pas cacher que c’est une reprise test qui nous est proposée et que sans des efforts de tous les acteurs, elle pourrait très vite tourner court. Les clubs se sont montrés jusque là exemplaires en matière de respect des protocoles sanitaires auprès de leurs encadrements, dirigeants et joueurs mais ils n’ont pas, et c’est bien compréhensible,  la main sur tout ce qui relève de la vie privée de leurs licenciés. Là s’arrêtent leurs prérogatives mais là, aussi, s’exprime la responsabilité de chacun qu’il soit membre d’un club de sport professionnel ou pas. La reprise du rugby et son bon déroulement cette saison, sont à ce prix.

Le programme du week-end 

Vendredi 

19:30 : Pau - Bayonne, à Lourdes    

19:00 : Brive - Valence-Romans, à Tulle 

19:00 : Agen - Castres, à Agen    

18:30 : Toulon - Grenoble, à Hyères  

20:00 : Biarritz - Bordeaux, à Biarritz  

20:00 : Usap Form. - Usap Baa-baas, à Perpignan    

19:00 : Montauban - Colomiers, à Montauban 

18:00 : Béziers - Toulouse, à Béziers 

Samedi

20:00 : Rouen - Vannes, à Rouen  

 

Nouvelles règles de vie

Les clubs ont reçu de la LNR un document de 79 pages intitulé « gestion des manifestations sportives ». Un rapport qui détaille les protocoles sanitaires et la stratégie de reprise du top 14 et du Pro D2. 

C’est un document qui était particulièrement attendu par les clubs, soucieux de préparer au mieux et dans les règles le retour du public dans leurs stades. Il était source d’angoisses et de fantasmes. Il est vrai qu’il ne se résume pas à de simples et rapides recommandations puisque le rapport fait au final 79 pages pour expliquer au mieux les nouvelles règles de vie, obligatoires ou vivement recommandées pour respecter les consignes sanitaires, tout en sachant « que ces protocoles sanitaires et d’organisation ont été rédigés dans un contexte temporel précis (août 2020) et leur mise en action s’adaptera à l’évolution de la situation sanitaire et des prescriptions des pouvoirs publics.»

Huit points fondamentaux

Les fondamentaux de cette nouvelle organisation générale est synthétisée en huit points : 1. Désignation d’un référent sanitaire (deux par club), 2. Accès et circulation du public et aménagement des espaces pour fluidifier le déplacement des spectateurs, 3. Suspension de toutes actions ne permettant pas de mettre en place les consignes sanitaires (dont animations participatives avec le public et actions protocolaires), 4. Dispositifs de nettoyage renforcés des espaces et zones de contact, 5. Port obligatoire du masque (à partir de 11 ans) et respect des gestes barrières, 6. Protocole de prise en charge des cas symptomatiques, 7. Communication en amont et sur chaque site des règles sanitaires à respecter par les différents publics et l’ensemble des intervenants de l’événement, 8. Incitation à l’ensemble des publics intervenants et prestataires, grand public, supporters, hospitalités, sportifs, staff et officiels de match d’avoir l’application StopCovid.

Le rapport est aussi long car il détaille précisément les consignes pour tous les types d’intervenants, du stadier aux « propriétaires » d’une loge tout en évoquant aussi le cas des joueurs hors groupes et donc du grand public, sans oublier les consignes au personnel du diffuseur. C’est pointu, détaillé, et laisse présager d’un sérieux mal de tête pour les « stadium managers. »

Un nouveau « parcours client »

Pour les supporters, le rapport prévoit plusieurs nouveautés. À commencer par la constitution de « tribu » (groupes de supporters, familles, amis, entreprises et partenaires). Ces groupes seront constitués de 10 personnes maximum venant ensemble ou ayant réservé ensemble. Tout sera alors mis en œuvre pour éviter les échanges avec les autres tribus. Pour cela, le rapport examine un nouveau « Parcours client ». Cela débute dès l’achat des billets et il est recommandé de favoriser et d’encourager l’achat en ligne pour éviter la surcharge des guichets le jour du match. Cela permettra aussi de fournir un guide aux supporters pour préparer au mieux la venue au stade. Le point fort du dispositif réside dans les arrivées décalées au stade (qui ouvriront deux heures avant le coup d’envoi) avec le choix du créneau d’arrivée qui sont vivement recommandées ou peuvent même être imposées. Le rapport recommande quatre créneaux de 30 minutes. Plusieurs formules sont possibles, soit en remplissant un formulaire sur internet, soit en créant des files par numéro de commandes, soit par tribunes ou blocs. Il sera quand même toléré « un nombre d’entrées non planifiées en cas d’imprévu pour le client. » Enfin, la mi-temps a été repensée pour mieux gérer les files d’attente tout en allongeant "la période stratégique de vente de 33 %." Pour cela, la durée de la mi-temps passe de 15 à 20 minutes.

La zone sportive « sanctuarisée »

Le rapport se penche aussi longuement sur la gestion du groupe professionnel avec la création d’une zone sportive « sanctuarisée » pour les sportifs et les arbitres afin de mettre un barrage complet avec les personnes non soumises au protocole médical de la LNR. Pour accéder à cette zone sanctuarisée, il faudra aussi avoir bénéficié de deux tests PCR espacés d’une semaine dont un a minima dans les dernières 48 heures avant la rencontre. Les arrivées au stade (et les départs) devront se faire en respectant une distanciation physique d’au minimum deux mètres entre les membres des équipes et le public. La mise en place d’un double barrièrage est recommandée. Les consignes sont nombreuses pour éviter un contact extérieur (Les ballons atterrissant en tribune seront écartés pour être désinfectés avant un retour en jeu). Heureusement le tour d’honneur est maintenu.

 

Inédit depuis la guerre

La séquence de près de six mois de disette qu’on vient de vivre est vraiment historique. Jamais le championnat de France de rugby ne s’était arrêté aussi longtemps depuis 1939 et jamais un championnat de France n’avait été ainsi brutalement interrompu, sans sacre final. En fait, seuls les deux conflits mondiaux ont eu raison du rugby de haut niveau français. En 1914-1918, la compétition avait été interrompue après le fameux sacre de l’Usap face à Tarbes du 3 mai 1914 (la génération Aimé-Giral). Elle n’a repris qu’en 1920 avec une finale Tarbes-Racing. Mais attention, dès 1915-1916, une compétition de remplacement est créée, la Coupe de l’Espérance, elle est censée être jouée par des jeunes joueurs en l’absence de leurs aînés mobilisés. Elle fut sérieusement disputée.

Les vainqueurs s’appellent, Toulouse, Nantes, le Racing et Tarbes entre 1916 et 1919. La France du rugby n’a donc été privée de compétition officielle que pendant une grosse année entre l’été 1914 et l’été 1915.
À l’époque du second conflit mondial, le championnat s’est arrêté entre juin 1939 et l’automne 1942 avant de désigner un nouveau champion, Bayonne, en mars 1943.  La compétition reprit ensuite sans interruption jusqu’à la fin du conflit. Durant les trois ans de « vide », quelques compétitions furent organisées mais elles n’avaient pas de label national, ce furent des sortes de tournois régionaux. Toulouse gagna ainsi une nouvelle édition de la Coupe de l’Espérance en 1940 (après une poule finale en compagnie de Moissac, Saint-Girons et Albi).

On note que le championnat a aussi surmonté deux crises internes majeures. D’abord, la crise de l’UFRA au début des années 30, une sécession de douze clubs, mais qui n’empêcha pas le championnat 1931 d’aller à son terme (Toulon champion) ; puis la crise des 465 en avril 1952 quand les Britanniques tentèrent d’arrêter le championnat au nom de la défense de l’amateurisme. Mais les clubs résistèrent, le championnat 52-53 se déroula normalement (Lourdes champion). La compétition fut même très peu impactée par mai 1968, la finale Lourdes-Toulon fut juste retardée de trois semaines. Lourdes et Toulon firent match nul mais les Bigourdans furent déclarés vainqueurs au nombre d’essais.

 

Auckland reconfinée

Jusqu’ici tout allait bien… Le rugby avec le Super Rugby Aotearoa avait repris, il avait même suffisamment duré pour se trouver un champion, en l’occurrence les Crusaders… Il ne restait plus qu’une journée à disputer, et surtout un match de gala opposant les Blues, deuxièmes provisoires, au champion déjà déclaré, les Crusaders. Un choc malheureusement dénué d’enjeu mais pour lequel pas moins de 43 000 Néo-Zélandais avaient acheté leur place dans le mythique Eden Park d’Auckland. Et puis le Covid-19 a fait sa réapparition à Auckland, plus grand ville du pays. Oh rien de fulgurant : seulement quatre cas positifs. Mais dans un pays qui n’avait pas connu de nouveau cas depuis 104 jours, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Et le gouvernement a aussitôt relevé le niveau d’alerte de la ville d’Auckland au troisième échelon sur un total de quatre, tandis que le reste du pays et repassé du niveau 1 au niveau 2.

En clair, le niveau d’alerte 3 impose aux habitants de limiter au maximum leurs déplacements, d’observer une distanciation sociale d’au moins deux mètres… Mais ce n’est pas tout : en niveau d’alerte 3, les manifestations sportives sont interdites, les lieux publics fermés au public, les équipes sportives et les athlètes ne sont plus autorisés à quitter la ville, tout comme les équipes visiteuses n’y ont plus accès. En clair, si le troisième niveau d’alerte est maintenu sur Auckland jusqu’à dimanche (date à laquelle le match Blues-Crusaders doit se jouer), le choc de la dernière journée sera purement et simplement annulé. À l’heure où nous écrivons ces lignes (mercredi soir), personne ne sait au pays du long nuage blanc si le match se tiendra. En clair, New Zealand Rugby attend les recommandations qui a lui même fait savoir qu’il réévaluerait la situation ce vendredi.

Highlanders-Hurricanes maintenu mais…

L’autre match de cette ultime journée, opposant les Highlanders aux Hurricanes à Otago (au sud de l’île du Sud) devrait en revanche être maintenu. En effet, le niveau 2 n’interdit pas les manifestations sportives, mais limite les regroupements à 100 personnes. Le match se déroulerait donc samedi soir à huis clos, dans un Forsyth Barr Stadium vide : « Il est tout à fait possible qu’il y ait un match à Dunedin mais pas à Auckland », a déclaré Chris Lendrum, le patron du rugby kiwi. Nous suivrons les recommandations du gouvernement. »

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