Barraque : « Le XV est plus intellectuel, le 7 plus instinctif »

  • Jean-Pascal Barraque (Clermont)
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Prêté à Clermont par l'équipe de France à 7, le trois-quart centre (29 ans) est une des grandes satisfactions du début de saison auvergnat. Son intégration, sa bascule entre les deux pratiques et son avenir à Clermont : Barraque balaye son actualité.

Un mois et demi seulement après votre arrivée, vous semblez déjà être un élément incontournable de l'effectif clermontois. Quel est votre secret ?

Je le dois surtout aux gens qui m'entourent. L'équipe et le staff ont fait tout ce qu'il fallait pour me mettre vite dans le bain, que je me sente en confiance à leurs côtés. Les joueurs sont venus vers moi pour m'aider, le staff a pris sur son temps pour me voir à part et me donner toutes les informations dont j'avais besoin. Tout le monde m'a super bien accueilli et a tout fait pour faciliter mon intégration rapide.

Vous attendiez-vous à jouer autant ?

C'est vrai que j'enchaîne les matchs, c'est tant mieux. J'étais venu pour jouer, c'est évident, mais il est vrai que je ne m'attendais peut-être pas à autant jouer, si vite...

Sans difficulté ?

C'est la partie tactique qui est la plus longue à assimiler. D'un club à l'autre, les structures de jeu peuvent légèrement varier, les lancements aussi et surtout leurs noms. Cela fait une masse d'informations à vite assimiler.

Comment vous y êtes-vous pris ?

Je connaissais très bien Sébastien Bézy, avant de venir. Il me guide beaucoup, au quotidien. Camille (Lopez) est aussi adorable avec moi et fait tout ce qu'il peut pour m'aider. Nous avons une application sur nos téléphones, avec le planning de la semaine, la stratégie du prochain match mais aussi le récapitulatif de tous nos lancements. Je les ai appris, les soirs, tout bêtement. J'ai d'ailleurs demandé à Xavier Sadourny, avec qui j'échange beaucoup, de me les imprimer pour que ce soit plus simple à consulter. Ensuite, le soir quand je rentre chez moi, je bûche.

Comme un étudiant ?

C'est ça. (rires) On a fait ça à deux, avec Tavite (Veredamu) qui est mon coéquipier à 7 et qui a également rejoint Clermont. D'ailleurs, quand l'ASM m'a contacté, c'est lui qui m'a appelé pour me convaincre. Il était déjà au club depuis quelques semaines. «Rejoins-moi, ça se passe super bien et les entraîneurs veulent qu'on joue énormément. Ça va te plaire. » A mon arrivée au club, nous logions tous les deux dans un appart'hôtel à côté du stade. Du coup, on passait beaucoup de temps ensemble et le soir, nous révisions les lancements de jeu pour accélérer notre intégration. C'est une démarche logique et d'abord personnelle : si tu ne le fais pas, tu te mets toi-même à l'écart de l'équipe. Tu te punis toi-même.

Êtes-vous désormais installé à Clermont ?

Oui, ma femme et mon fils m'ont rejoint. Au départ, en attendant de voir comment ça se passait pour moi, ils ne m'avaient pas suivi à Clermont. C'était aussi mon choix, je voulais disposer du plus de temps possible pour me focaliser sur le rugby et accélérer mon intégration. Désormais, ils m'ont rejoint et nous sommes installés en banlieue de Clermont, à quelques minutes de chez Sébastien Bézy. On s'entend très bien, nos femmes sont aussi proches et nos enfants, qui ont le même âge, sont désormais dans la même classe. Tout colle, ce qui fait aussi que je me sens bien ici.

Après quatre saisons à 7 et à 29 ans, vous semblez vivre votre expérience la plus aboutie à XV, pratique dans laquelle vous aviez été un des plus grands espoirs français...

C'est vrai que je me sens très bien et que j'ai la sensation de jouer enfin mon meilleur rugby à XV. Le 7 participe à cela : il m'a donné confiance en moi et la maturité dont j'avais besoin pour exprimer pleinement ce que je sais faire. Et le contexte clermontois me va bien.

Quelle est la différence fondamentale entre les deux pratiques ?

Il y a une habitude des contacts à retrouver. A 7, les contacts peuvent être rudes mais ils sont moins nombreux, moins répétitifs. Il y aussi toute une dimension stratégique qu'il faut retrouver. Le 7 est un jeu plus instinctif, avec beaucoup d'espaces. Le rugby à XV est plus intellectuel, plus programmé et il faut souvent quatre, cinq ou six temps de jeu avant que les défenses s'ouvrent. C'est pourquoi il me fallait bien bosser les lancements. Je suis un ancien ouvreur, cela m'aide certainement dans cette dimension stratégique. Mais il y avait quand même du boulot.

Franck Azéma ne cache pas qu'il souhaiterait vous conserver dans son effectif après la durée actuelle de votre prêt, jusqu'en janvier. Qu'en est-il ?

C'est effectivement en discussions. J'en ai parlé avec le club, avec le staff de l'équipe de France à 7 et je sais qu'ils en parlent entre eux. Je pense qu'il y aura la possibilité d'aller plus loin que janvier, ne serait-ce qu'en raison du planning du circuit mondial à 7. Les premiers tournois, Singapour et Hong-Kong, sont programmés pour avril. Si j'arrête en janvier avec Clermont, cela fera trois mois de coupure et donc une préparation physique à refaire. Je préférerais continuer à jouer ici. Surtout, je sais que je peux basculer assez facilement d'une pratique à l'autre. Il me faudra certainement refaire un peu de physique adapté aux spécificités du 7, avec des courses longues, mais c'est l'affaire d'une ou deux semaines. Si je peux rester un peu plus à Clermont, je le ferai.

Jusqu'à la fin de la saison ?

On verra. Il y a aussi des rendez-vous importants à 7 en 2021, avec le circuit mondial puis le tournoi qualificatif aux Jeux olympiques. Puis, espérons-le, les JO. Si les staffs peuvent s'entendre autour de mon cas, de ma gestion et de mes mises à disposition, pourquoi ne pas poursuivre les deux ? Ils échangent à ce sujet. On verra bien si cela abouti.

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