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  • Fabien Galthié, sélectionneur des Bleus
    Fabien Galthié, sélectionneur des Bleus Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmanuel Massicard... La roue tourne. Enfin. Ainsi, les hommes de Fabien Galthié ont donc battu les froids métronomes irlandais pour s’offrir un Tournoi à quatre victoires et une deuxième place derrière les Anglais. Chapeau les gars, merci et à très vite pour la suite. Nous sommes réconciliés avec la sélection même s’il y avait, samedi, quelque chose d’étrange à regarder les partenaires de Charles Ollivon danser sur l’air du succès, seuls dans un stade désespérément vide et heureux d’un second rôle quand ils rêvaient du haut de l’affiche. Franchement, ce vent nouveau qui souffle dans la toile tricolore aurait mérité une troisième mi-temps de tous les diables, terminée rue Princesse au petit jour…

Pour autant, ne faisons plus la fine bouche. Le premier Tournoi de l’ère Galthié marque un vrai changement de cap. S’il ne présume en rien de l’avenir, il pose des bases solides vers la Coupe du monde 2023. « On a le sentiment d’avancer » nous confia Raphaël Ibanez, heureux et prudent. On abonde, forcément.

Le talent est là, nous le savions. Il est désormais mis au service d’un projet de jeu bien identifié et bien né, au service des hommes. C’est ici, certainement, que se fait la différence. Par-delà les sempiternelles promesses d’un « groupe qui vit bien », le XV de France est généreux et surtout solidaire en diable.

On loue son attaque mais ne rêvez pas, c’est sa défense tirée à quatre épingles par Shaun Edwards qui le fait briller. Le message qu’elle renvoie est clair : pas de cadeau, pour personne. Pour marquer, l’adversaire doit s’user la couenne. Il y laissera des forces, parfois son moral… À l’inverse, le XV de France, lui, franchit et marque rapidement. C’est toute la différence avec le passé récent, quand les essais étaient si rares et si chers que la moindre occasion ratée nous plombait tout un match.

La comparaison peut paraître flatteuse mais il y a du (All) Black chez ces Bleus : assez sûrs de leurs forces défensives pour laisser le ballon à l’adversaire, pragmatiques dans l’occupation du terrain et souvent irrésistibles offensivement par la force de joueurs hors normes. Il y a du Black oui, même si ce XV de France est encore loin du niveau d’exécution des maîtres néo-zélandais.

Ce pragmatisme nouveau pourrait devenir la marque d’une grande équipe s’il parvient à être maîtrisé sur le long terme, au fil des matchs et au gré des blessures qui n’épargneront pas éternellement les hommes de Fabien Galthié… Il signe en tous les cas un retour vers une identité très française, que nous avions perdue à force de vouloir jouer comme tous les autres pour combler notre retard.

Félicitons-nous de l’aubaine. Cela faisait bien longtemps que les Bleus ne nous étaient pas apparus aussi Bleus : offensifs, inspirés, tranchants et si difficiles à prédire. Bref, ils sont redevenus fidèles à leur culture et dignes de leur histoire. Même sans titre au premier tournant de l’aventure, c’est déjà une fière victoire.

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