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Dominici : 1999... son chef-d’œuvre

Par Nicolas AUGOT
  • Dominici : 1999... son chef-d’œuvre
    Dominici : 1999... son chef-d’œuvre PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Il est le symbole de cette équipe de France qui a terrassé les Blacks en demi-finale de la Coupe du monde 1999. Un match qui a changé sa vie.

C’était écrit. La France allait se faire écraser par les All Blacks lors de cette demi-finale de coupe du monde 1999. Les Bleus étaient arrivés à ce stade de la compétition sans vraiment convaincre et Jonah Lomu, au sommet de son art, devait leur marcher dessus à Twickenham. Toute la semaine, les journalistes mais aussi les joueurs avaient répété qu’il n’existait aucun moyen d’arrêter le colosse néo-zélandais. Ils reconnaissaient même se préparer sans réellement penser à la victoire. Elle leur était interdite.

On attendait Lomu. Le monde a d’abord vu un lutin français peroxydé, encore inconnu au-delà du microcosme de l’ovalie, et encore moins dans l’hémisphère Sud. "En 1999, c’est ma première Coupe du monde. On ne m’y attend pas, personne ne me connaît. à l’arrivée, je m’y révèle", racontait il y a peu le principal intéressé. Dans un côté fermé, sans surnombre apparent, Christophe Dominici trouvait une brèche et se lançait dans une course folle. Christophe Lamaison marquait le premier essai du match sur le temps de jeu suivant. Après vingt minutes à trembler, à imaginer les rougeurs de la fessée tant attendue, Christophe Dominici avait montré qu’une autre issue était possible. L’espoir existait même si les All Blacks maîtrisaient globalement cette première période (17-10 à la pause).

La domination néo-zélandaise était réelle, tout comme la puissance de Jonah Lomu qui avait répondu à Christophe Dominici quatre minutes plus tard en mettant sur les fesses tous les défenseurs tricolores se présentant à lui. "Nous avions été beaucoup pénalisés et Lomu avait déjà frappé une première fois, se souvient Marc Lièvremont, à la pause, le scénario est alors dans les clous de ce que tout le monde attendait, à savoir une victoire facile de la Nouvelle-Zélande." Le staff des Bleus tardant à rejoindre le vestiaire, bloqué dans les travées de Twickenham, Marc Lièvremont avait alors pris la parole : "On sentait que les Blacks ne passaient pas un moment agréable, que ce n’était pas la promenade annoncée." Christophe Dominici enchaînait alors dans un style plus direct : "Ils se caguent dessus, je le vois dans les yeux de Lomu."

"Mister Dominici arrive"

Le deuxième essai de la star néo-zélandaise en début de seconde période n’entamait en rien la rage de vaincre de Christophe Dominici. Ce match allait changer sa vie. Il devenait à jamais un symbole du french flair et il incarnerait pour toujours l’essence même du rugby, où les petits se faufilent entre les gros et peuvent même les terrasser. C’était son destin, à l’image de ce rebond magique où le ballon semblait attiré par les bras de l’ailier français pour permettre aux Bleus de passer devant au score en seconde période, la tentative de plaquage désespérée du dernier défenseur néo-zélandais, Andrew Mehrtens n’y ferait rien. Les Bleus basculaient dans l’euphorie pour dérouler le fil d’un des plus grands exploits du XV de France. "ça a été un aboutissement, un moment assez magique, se rappelait Dominici, évoquant ses souvenirs de Coupe du monde en 2019. Passé les effusions de joie sur la pelouse, les Bleus prenaient le temps de savourer cet exploit dans leur vestiaire. Christophe Dominici n’avait pas encore réellement conscience que sa vie ne serait plus jamais la même, qu’il était entré dans tous les foyers français, qu’il leur avait permis de vibrer à travers leur télévision en ce dimanche après-midi. Il avait déjà une première surprise dans les vestiaires : "à l’époque, j’avais le téléphone 8210 de Nokia. Après le match, il se met à sonner dans tous les sens et reste bloqué à 77 messages, ce qui était sa capacité maximum." Il prenait sa douche et "fume une clope" avant de partir à la conférence de presse. "Il fallait traverser tout le stade. Et là, il y a des barrières, une foule immense, les gens veulent des autographes. Puis j’entends le speaker annoncer : Mister Dominici arrive. Tous les journalistes viennent vers moi. Alors, j’avais compris que ma vie avait changé, moi le petit branleur de Sollies-Pont, dont on disait qu’il n’y arriverait pas."

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