998 jours de rugby

  • Coupe du monde 2023.
    Coupe du monde 2023. Abaca / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Le rugby français est un petit monde merveilleux confit de paradoxes. Chez nous, donc, il y a cet éternel complexe d’infériorité face au football qui nous domine et nous oblige. Mais, en même temps, nous bombons le torse fiers et convaincus d’avoir à porter plus de richesses que les autres.
À l’échelle du Top 14, cela se traduit avec ces mots : les complexés du premier rang s’apprêtent aujourd’hui à rendre les armes, autrement dit la case du « dimanche soir » à la télévision, qui va revenir à la Ligue 1 au nom de la loi du plus fort. Les audiences ne plaident pas en faveur du rugby et c’est un juste retour à la normale pour Canal +. N’empêche, Messieurs, difficile de fuir ses responsabilités : il fallait être aveugle ou d’une sacrée mauvaise foi pour affirmer que le Top 14 avait les moyens de concurrencer le football… Alors, silence dans les rangs.
D’autres Artaban se tapent sur le ventre : juré, eux ne seraient jamais tombés dans le piège de Médiapro, dont le milliard d’euros de droits télé parti en fumée fait vaciller le foot hexagonal. Bénéfice du doute accordé mais méfiance : les caisses vides, personne n’est à l’abri de céder aux mirages des promesses de millions faciles et des fonds de pension.

Vous l’aurez compris, sans soutien populaire notre rugby reste fragile. Alors vite, du public dans les stades ! Pour autant, la fin des huis clos ne révolutionnera pas tout. Du côté de la Ligue et des présidents de clubs, il faudra accepter de se poser les bonnes questions : comment ouvrir plus largement notre monde ? Comment attirer plus de jeunes ? Comment ne pas céder aux réseaux sociaux et s’appuyer sur des communautés bien réelles ? Comment sortir de notre niche et grandir sans se prendre pour d’autres ? Bref, comment dépoussiérer le « mammouth » ?

La réponse nous semble beaucoup tenir aux joueurs ou joueuses, à l’humain qui fait la richesse de notre sport et sur lequel nous avons tant de choses à construire. Elle s’accroche également à la devanture de France 2023, cette chance incroyable. La dixième Coupe du monde de l’histoire va en effet placer le rugby sous les feux des projecteurs, qui deviendra une cause nationale si les Bleus sont à la hauteur. Ce défi appartient à Fabien Galthié, responsable du feu d’artifice final après trois ans de conquêtes extra-sportives.
À compter de ce lundi 14 décembre 2020, date du tirage au sort, l’aventure démarre enfin. Pendant 998 jours, notre discipline aura l’occasion d’affirmer ses différences et de défendre des vertus qui dépasseront les grands discours : engagement, passion et partage. De quoi toucher la France au cœur !

C’est l’heure de vérité. S’il entend enfin se développer au-delà de ses frontières, le rugby français doit voir plus grand que jamais. Déterminé. Sans complexe, ni arrogance.

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