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« On joue comme quand on avait 6 ans »

Par Yanis GUILLOU et Dorian VIDAL
  • Edgar Retière et Théo Ntamack sous le maillot toulousain lors de la finale du championnat de France Espoirs.
    Edgar Retière et Théo Ntamack sous le maillot toulousain lors de la finale du championnat de France Espoirs. Photos M.O. - Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Edgar Retière et Théo Ntamack - Demi d’ouverture et numéro 8 de France moins de 20 ans - sont amis d’enfance et disputent ensemble le Tournoi des 6 Nations moins de 20 ans. Forcément spécial pour ces deux joueurs, qui mesurent le chemin parcouru.

Depuis quand vous côtoyez-vous ?

Edgar Retière : On se connaît depuis tout petits. L’âge, je ne sais pas, mais on s’est rencontrés quand nos deux pères entraînaient ensemble. Et quand il y avait des compétitions, on se rejoignait.

Théo Ntamack : Oui, on s’est vu plusieurs fois pendant les Tournois, puis en dehors. Ensuite, on partait parfois en vacances ensemble. Lui était de Dijon, moi de Toulouse, donc nos échanges passaient aussi beaucoup par les messages. Et enfin, l’an dernier, ou il y a deux ans…

E. R. : C’était il y a deux ans.

T. N. : Voilà. Il y a deux ans, Edgar est arrivé à Toulouse. Depuis, on reste ensemble.

Quel est votre premier souvenir ensemble ?

E. R. : Moi, c’est la Coupe du monde 2006, lorsque nos pères finissent champions avec les moins de 21 ans. C’est un souvenir qui reste gravé. On était réunis tous les quatre, avec Théo, Arthur et Romain. Je m’en souviens encore.

T. N. : Je me rappelle qu’une fois, on avait été ensemble à Disneyland ! On avait bien rigolé tous les quatre (sourires). Un été, Edgar était aussi venu au camping avec nous, à la mer. On y avait fait deux-trois bêtises… (Edgar Retière rit) C’était drôle !

Des bêtises ? Du genre ?

T. N. : Du genre, faire du vélo à contresens aux endroits où il y avait plein de voitures, ou bien monter sur des bateaux au port. Bref, deux ou trois bêtises d’enfants (sourire). Je me rappelle aussi de nos parties de rugby sur la plage… C’était bien, c’était drôle.

Qui était le plus fort ?

T. N. : Oh, c’était les deux grands, je pense (Romain Ntamack et Arthur Retière N.D.L.R.) !

E. R. : Ouais, les grands… On faisait souvent les grands contre les petits.

T. N. : …Mais c’était un peu compliqué. (rires)

Quels joueurs étaient vos exemples ? Déjà vos frères ?

T. N. : Nos frères n’étaient pas vraiment nos exemples, car on était un peu petits. Ils étaient plus nos grands frères que nos exemples rugbystiques. Sinon, on admirait nos parents ainsi que les joueurs qu’ils entraînaient. Par exemple, en 2011, les Maxime Médard, Alexis Palisson, Imanol Harinordoquy, tout ça…

E. R. : Personnellement, un peu pareil que Théo. Aujourd’hui, nos frères sont forcément un peu des modèles au vu des parcours qu’ils ont eus. Mais à l’époque, on prenait plus exemple sur leur côté humain que sur leur côté sportif.

Arthur Retière était le plus grand et le plus costaud, à l’époque. Ça a un peu changé depuis…

E. R. : Oui ! Maintenant, c’est le plus petit

T. N. : Le plus petit, mais quand même le plus costaud je pense !

Vous avez tous les deux un grand frère évoluant au très haut niveau. Qu’est-ce que cela vous fait ?

T. N. : Ça me tire vers le haut. Après, mon frère, c’est mon frère. Et moi, c’est moi. Chacun son parcours. Lui, il a ce parcours-là. J’aimerais avoir le même mais ce n’est pas parce que je n’ai pas le même que c’est un échec dans la vie. Je me bâtirai sur autre chose. Il n’y a pas d’ombre. En plus, on n’est pas trop dans la pression avec mon frère, on n’écoute pas les avis des autres. On joue au rugby pour se faire plaisir. Après, jouer avec Romain et Edgar, ce serait beau, un rêve. Il ne manquerait plus qu’à ramener Arthur…

E. R. : Nos grands frères, ce sont nos modèles. On aimerait avoir la carrière qu’ils sont en train de construire. Mais ce n’est pas une pression. Parfois, j’entends des trucs par-ci par-là, mais je passe au-dessus. Aujourd’hui, si on est ici, c’est qu’on le mérite. Rien à voir avec le nom ou le parcours de nos proches.

Étiez-vous en guerre, cette année, avec les confrontations entre Toulouse et La Rochelle ?

T. N. : L’un était pour La Rochelle, l’autre était pour Toulouse, donc on s’est taquiné. Mais Edgar joue à Toulouse, malgré tout. Personnellement, si mon frère ne jouait pas à Toulouse, je serais quand même pour lui. C’est de bonne guerre. Dès que le match est fini, on oublie tout.

E. R. : Ça va, Théo ne m’a pas trop chambré parce qu’il sait que je suis très proche de mon frère. Les deux finales étaient un peu particulières pour moi. C’était mon club, Toulouse, contre mon frère, Arthur. Forcément, le choix de la famille primait, mais j’étais très content que Toulouse gagne les deux finales. Ils ont mérité de les gagner. Sinon, je ne me suis pas étendu sur le sujet parce que je suis aussi déçu pour mon frère, qui le méritait aussi. Dans tous les cas, j’aurais été content. Il y en aura d’autres et je suis certain qu’il aura un titre, un jour.

Vous rappelez-vous de votre premier match ensemble ?

T. N. : C’était quand ? Contre le Stade français, non ?

E. R. : Je ne sais plus…

T. N. : Ah si ! Le premier match, c’était aux Interpoules. Edgar était en moins de 18 ans et moi en moins de 17 ans. Mais le dernier match, je l’avais joué avec les moins de 18 ans. Et j’étais tombé dans son équipe par pure coïncidence ! Bon, on avait pris une grosse raclée (Edgar se marre).

E. R. : Oui, je m’en souviens, c’était un match compliqué… J’étais content pour Théo, car il avait été surclassé et qu’on allait donc pouvoir jouer ensemble. Mais ce n’est pas non plus le meilleur souvenir qu’on a tous les deux.

Même si Edgar n’arrive à Toulouse qu’en 2019. Êtes-vous restés en contact entre-temps ?

E. R. : On ne se voyait pas souvent avant que j’arrive mais on était déjà proches. On se suivait sur les réseaux et on s’envoyait beaucoup de messages. Même chose avec Romain. Et quand j’arrive à Toulouse, je suis nouveau, c’est une nouvelle ville et un nouveau départ pour moi. Le fait d’avoir Théo et la famille Ntamack, ça m’a permis de bien m’intégrer. C’est comme ma deuxième famille à Toulouse.

T. N. : Peut-être que ma mère l’a plus aidé que moi (rires) ! Mais, oui, il a vécu une semaine chez ma mère et après, il a eu son appartement. En ce moment, d’ailleurs, j’ai un appartement juste à côté de chez lui, donc c’est super-bien aussi. On était souvent ensemble, au début. J’allais l’aider, je lui montrais un peu la ville et puis on se voyait de toute façon tous les jours au stade, même si on n’avait pas vraiment les mêmes créneaux. Désormais, il se débrouille tout seul !

Vous avez été sacré champions de France espoirs. Comment avez-vous vécu cette saison ensemble ?

T. N. : J’ai beaucoup aimé jouer avec Edgar. Nous sommes champions de France ensemble pour ma première année en espoirs, et lui sa deuxième à Toulouse. C’est déjà un beau parcours que de se retrouver après presque quinze ans, de jouer ensemble et de remporter un titre ensemble.

E. R. : Je pense que personne n’aurait cru qu’on gagnerait un titre de champion de France ensemble. Il sait tout ce que je pense de lui sur et en dehors du terrain. On s’entend très bien sur le terrain même si parfois, ça pète un peu. (rires) Ça, ce sont nos caractères. Mais en tout cas, on est compatibles. Il faut que ça continue. J’espère que ce sera encore long.

"Ça pète un peu" ?

E. R. : Quand on est sur le terrain et qu’on a quelque chose à se dire, on le fait. On ne garde rien pour nous. Ça pète un coup et voilà.

T. N. : Oui, ça nous permet de nous tirer vers le haut. C’est une bonne chose. Et maintenant, on s’engueule de moins en moins !

D’ailleurs, quels sont les défauts de l’autre ?

T. N. : Gros caractère, parfois trop gros. C’est un demi d’ouverture, c’est le patron sur le terrain. Il vaut mieux l’écouter que s’embrouiller. Il aime que tout soit carré donc c’est un défaut mais aussi une qualité. Au moins, tu sais que quand tu joues avec Edgar, il faut être carré. Comme ça, il n’y a pas de problème, de petit oubli. Il gueule sur les bons trucs.

E. R. : Des défauts, il n’en a pas trop. Il a un fort caractère et il est un peu têtu, comme moi. Quand on a une idée, on aime bien la pousser et c’est pour ça que ça pète. Parfois, ça ne passe pas parce qu’il faut avoir plus de réflexion et je suis là pour lui apporter ça. Théo a un point fort, c’est son feeling. Il ne se met pas de pression. Il joue comme quand il était gamin. Il ne se pose pas de question. Il est un peu comme mon frère, sur ça.

Si vous deviez chacun prendre une qualité rugby de l’autre ?

T. N. : Ses crochets ! Ça serait bien d’avoir deux ou trois crochets pour se défaire de quelques situations.

E. R. : Je n’ai quand même pas des crochets aussi forts que mon frère, je pense. Moi, chez Théo, je prendrais son physique. Il est ultra-athlétique. Ses qualités d’explosivité, d’appuis, de vitesse. Il dit qu’il n’a pas de vitesse mais il en a. Et ensuite, il sent le rugby.

Ça fait bizarre de mesurer le chemin parcouru ensemble ?

T. N. : Oui, quand on se le dit comme ça, ça fait drôle. Le rugby depuis qu’on est petit, c’est notre passion. On joue comme si on était des gamins, donc on a toujours joué comme ça, sans se mettre de pression et ou calculer ce qui allait se passer après. Pour l’instant, ça marche. Tant mieux. Franchement, c’est cool de se retrouver avec son ami d’enfance en équipe de France U20. Ça fait chaud au cœur.

E. R. : Oui, c’est naturel. Après, je ne pense pas qu’à 6 ans, c’était notre rêve de jouer chez les grands. C’est devenu notre objectif plus tard et personnellement, je ne me rends pas forcément compte du chemin qu’on a fait. De s’être retrouvés, c’est incroyable. C’est aussi pour ça qu’on s’entend bien sur et en dehors du terrain. On joue comme quand on avait 6 ans et c’est pour ça que sur le terrain, on a une bonne connexion.

Sur quoi vous êtes-vous vu évoluer humainement ?

T. N. : Edgar, quand il était petit, je le connaissais un peu tête en l’air, foufou. Maintenant qu’il a grandi, il est mature dans le rugby et en dehors. Moi, je le suis un peu moins donc je lui prendrais bien ça, aussi.

E. R. : Je ne lui donne pas de leçons mais on parle beaucoup. Je fais des erreurs aussi, mais ce que j’essaye de faire c’est de l’empêcher de faire certaines erreurs que j’ai faites plus jeune. Même si on n’a pas beaucoup de différence d’âge, je peux l’aider sur ça.

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