Revue de l'élite : troisième ligne centre

Alldritt, roi des huit

Greg Alldritt est désormais un habitué des saisons aux allures de marathon. Celui qui - faut-il encore le rappeler ? - évoluait encore à Auch en Fédérale 1 il y a cinq ans a encore cumulé cette saison 1735 minutes de temps en club et en équipe de France. Et pour cause : qu’il porte la tunique des Bleus ou celle du Stade rochelais, Alldritt est indispensable. Jugez plutôt : sur 25 apparitions toutes équipes et compétitions confondues, le Gersois a été titularisé à 22 reprises. Et pour couronner le tout, il termine la saison en étant le meilleur marqueur de l’armada rochelaise, avec 10 essais marqués ! Il devance ainsi les missiles sol-sol que sont le talonneur Pierre Bourgarit (9) et les ailiers Dyllin Leyds (7) et Arthur Retière (6). Que demander de plus ? Cette année, l’impact qu’a eu Greg Alldritt sur le Stade rochelais et le XV de France dépasse les simples statistiques qui servent habituellement à jauger le numéro huit d’une équipe, comme les mètres gagnés, les défenseurs battus ou les franchissements. Le Tricolore a fait bien plus que cela. Au sein de l’effectif rochelais, il a pris une dimension de leader. Au coup de sifflet final de la finale de Coupe d’Europe, on l’avait vu abattu, en larmes. Mais un quart d’heure plus tard, il avait déjà ravalé sa tristesse et jurait que son équipe se remobiliserait pour la fin de saison en Top 14. Alldritt et son Stade rochelais ont tenu parole, puisqu’ils se sont offert une revanche contre le Stade toulousain qui était décidément trop fort pour quiconque. Mais on imagine qu’il veut déjà une autre revanche…

Selevasio Tolofua, l’héritier de Kaino

Cette saison 2020-2021 aura vu un magnifique passage de témoin entre l’immense Jerome Kaino et son héritier, le jeune Selevasio Tolofua. Ce passage de relais s’est effectué en deux actes: lors de la finale de Coupe d’Europe que Kaino a disputé pendant 55 minutes avant de laisser sa place à son cadet, puis en phase finale de Top 14 où Tolofua a été titularisé en demi-finale et en finale. Le géant Kaino s’est alors effacé avec classe et dignité, tandis que son héritier a réussi à faire oublier ce retrait progressif et programmé. Quelle saison de Selevasio Tolofua... Dans un collectif qui a brillé de mille feux, il termine la saison avec pas moins de 17 étoiles Midi Olympique, glânées au cours de ses 20 apparitions pour 14 titularisations.
Certes, il a moins marqué que les joueurs qui l’entourent dans ce classement (3 essais), mais son abattage sur le terrain est immense, tout comme sa capacité à avancer sur ses prises de balles malgré l’opposition en face. Alors vite, la suite ! S. V.

Sekou, c’est show !

On aurait très bien pu mettre Sekou Macalou dans le classement des flankers qui paraîtra la semaine prochaine, mais le Parisien a légèrement plus joué dans le couloir que sur l’aile de la mêlée parisienne. Et partout où il évoluait, il s’est mis en évidence ! Toujours doté de cette vitesse hallucinante qui lui permet de rattraper les ailiers adverses, le Parisien a été le meilleur marqueur de son équipe avec huit réalisations. Et parmi ceux-ci, certains étaient très spectaculaires. On se souvient notamment de son doublé contre la Rochelle (9e journée) ou celui contre le Castres Olympique (15e journée). Il fait également partie des meilleurs franchisseurs du championnat. Et même s’il est encore un peu indiscipliné, son engagement sans faille reste précieux pour ses équipes. C’est d’ailleurs par ce biais qu’il a contribué à la victoire aux Bleus lors du deuxième test en Australie, en grattant au sol le dernier ballon des Australiens. 

Les surprises : Kamikamica et Bécognée épatent 

Kitione Kamikamica est loin d’être le Briviste le plus utilisé de son effectif. Normal, puisque le Fidjien évolue à un poste où il trouve une farouche concurrence avec So’oatala Fa’aso’o et Otar Giorgadze. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura saisi toutes les opportunités qui se seront présentées à lui ! Jugez plutôt: malgré seulement douze titularisations en seize apparitions, le Fidjien a cumulé 21 étoiles Midi Olympique, réalisant ainsi le plus haut score de son effectif ! Le joueur de 25 ans a ainsi soufflé la politesse aux habituelles stars du CAB telles que les Axel Muller, Enzo Hervé ou Thomas Laranjeira. En clair, on peut dire que l’ancien joueur de Bordeaux-Bègles et Vannes a maximisé son temps de jeu. Il aura aussi été décisif à des moments clés, comme face à La Rochelle où son doublé scella une victoire qui permit au club corrézien de valider son maintien dans l’élite. On peut même imaginer qu’il n’a pas encore donné son plein potentiel, puisqu’il n’a que 25 ans et ne compte que deux saisons de Top 14 à son actif. Le Montpelliérain Alexandre Bécognée est dans le même cas.

Débarqué dans l’Hérault en Top 14 après avoir brillé en Pro D2 à Mont-de-Marsan, Bécognée a logiquement débuté la saison en tant que remplaçant, dans l’ombre de Caleb Timu et Louis Picamoles. Mais comme Kamikamica, il a su saisir sa chance quand le manager Philippe Saint-André le titularisa en huit pour ajouter un gratteur à sa troisième ligne, en fin de saison. Son impact fut immédiat, et Bécognée s’affirma comme une évidence au poste, au point d’y être titularisé pour la finale de Challenge Cup, gagnée aux dépens de Leicester. 

Les déceptions : Lee surutilisé, Picamoles sur le déclin

On a bien conscience qu’il serait cruel de remettre en question les performances de Fritz Lee, tant le Néo-Zélandais a donné de sa personne pour tenir la baraque clermontoise qui a été tant secouée la saison dernière. Rendez-vous compte : pour le seul Top 14, Lee a cumulé 1602 minutes de jeu. C’est colossal. Voilà qui explique aussi, en partie, pourquoi il a été l’un des meilleurs marqueurs clermontois avec six réalisations. Et malgré tout, on a le sentiment que Fritz Lee a réalisé sa saison la moins aboutie depuis son arrivée à Clermont, en 2013. Cela vient certainement du fait que l’ancien joueur des Counties Manukau nous avait habitués à un spectacle XXL. À l’image de son équipe, il est rentré dans le rang. S’agirait-il du début de la fin pour le Kiwi ? On espère que non. On en espère tout autant pour Louis Picamoles, parti en cours de saison du MHR pour l’UBB. Même si ce changement d’air a initié un rebond favorable, l’ancien huit du XV de France peine à retrouver sa puissance d’antan.

Le classement

1. Grégory ALLDRITT    
La Rochelle - Né le 23/03/1997 - 1,91 m ; 115 kg

Tps de jeu : 857 mins - Points : 50

International français - 23 sélections

2. Selevasio TOLOFUA    
Toulouse - Né le 31/05/1997 - 1,86 m ; 116 kg
Tps de jeu : 1111 mins - Points : 15
International français - 1 sélection

3. Sekou MACALOU    
Stade français - Né le 20/04/1995 - 1,95 m ; 108 kg  Tps de jeu : 1010 mins - Points : 45 International français - 3 sélections

4. Scott HIGGINBOTHAM    
UBB - Né le 5/09/1986 - 1,95m ; 110 kg
Tps de jeu : 1064 mins - Points : 30 International australien - 34 sélections

5. Jerome KAINO    
Toulouse - Né le 6/04/1983 - 1,96 m ; 110 kg
Tps de jeu : 643 mins - Point : 0
International néo-zélandais - 81 sélections

6. Kitione KAMIKAMICA    
Brive - Né le 27/04/1996 - 1,89 m ; 106 kg
Tps de jeu : 887 mins - Points : 25
International fidjien - 1 sélection

7. Yoan TANGA-MANGENE    
Racing 92 - Né le 29/11/1996 - 1,85 m ; 106 kg Tps de jeu : 1126 mins - Points : 20

8. Alexandre BéCOGNéE    
Montpellier - Né le 3/09/1996 - 1,88 m ; 105 kg Tps de jeu : 578 mins - Points : 15 International français - 1 sélection

9. Luke WHITELOCK    
Pau - Né le 29/01/1991 - 1,93 m ; 112 kg
Tps de jeu : 1706 mins - Points : 5
International néo-zélandais - 7 sélections

10. Sergio PARISSE    
Toulon - Né le 12/09/1983 - 1,96 m ;  111 kg Tps de jeu : 997 mins - Points : 5
International italien - 142 sélections