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Woki : « J’adore faire mal au mental de l’adversaire »

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Au lendemain de son retour en France et encore sous le coup du décalage horaire, Cameron Woki, le troisième de l'UBB et du XV de France est revenu pour nous sur sa folle saison, tant en club qu'en sélection.

Vous êtes revenus hier (mardi 20 juillet, N.D.L.R.) d’Australie, comment vous sentez-vous ?
Bien, je subis encore les effets du décalage horaire car j’ai des coups de barre à 23 heures et me réveille à 3 heures du matin, mais ça va…

La saison a été particulièrement harassante, tant sur le plan physique que mental avec l’incertitude liée à l’épidémie… Le ressentez-vous maintenant qu’elle est terminée ?
Elle a été éprouvante, en effet. Déjà émotionnellement, car nous avons effectué un parcours historique, mais physiquement aussi car nous avons beaucoup joué... Sans compter les matchs reportés, la Covid, etc... Cette incertitude a pesé lors de la phase régulière, mais a totalement disparu avec la phase finale. En ce sens, la vaccination a été un vrai soulagement. Je me souviens encore qu’une semaine avant notre demi-finale européenne face à Toulouse, les cas positifs tombaient chez nous. C’était dur, on était tous sous tension.

Quel regard portez-vous sur cette tournée australienne, avec le XV de France ?
En prenant un peu de recul, c’est une tournée encourageante. C’était la première fois que nous affrontions une équipe du Sud, que nous ne connaissions pas du tout. En les affrontant, on a compris que l’on pouvait rivaliser face à cette grande nation. La tournée est réussie, malgré ces deux défaites « encourageantes », on va dire…

Le premier test vous a semble-t-il apporté de la confiance malgré la défaite ?
Tout à fait. Nous avons contrôlé une bonne partie du match, même si le scénario de fin a été difficile à gérer. On en est ressortis avec de la confiance, malgré la défait. Et surtout, on savait comment les jouer, ces Australiens. Du coup, nous n’avons jamais douté de nos forces, d’autant que nous avons eu le temps de travailler pendant 15 jours. Nous n’avions pas peur de perdre, même si nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre.

Le troisième test vous laisse-t-il des regrets ?
Une défaite laisse toujours des regrets, c’est évident. Mais ce fut un grand combat, avec du beau jeu et je suis fier de la prestation de l’équipe. Nous sommes déçus du résultat car on voulait vraiment gagner la tournée.

En comparant le premier et le troisième test, quelle défaite est la plus frustrante ?
La première, sans hésiter. On avait tout pour gagner. On aurait pu les mettre en plein doute d’entrée de jeu. À mon sens, c’est la défaite la plus rageante. Même si elle nous a servi à remporter le deuxième et toucher du doigt la victoire finale.


Comment avez-vous fait pour enchaîner deux tests en quatre jours ?
Ce fut en vérité trois jours assez calmes. Nous nous sommes régénérés, nous avons travaillé la vidéo et avons surtout profité tous ensemble de nos derniers instants en Bleu. Et puis, quand on joue une finale, on met la fatigue de côté. On n’a qu’une envie : remettre le maillot et se retrouver sur le terrain.

Que vous a apporté la victoire du deuxième test ?
C’était incroyable. On a vu qu’il y avait eu beaucoup d’émotion, de joie. C’était aussi une petite revanche. Pas sur les Australiens mais sur nous-mêmes car, cette fois, nous avons terminé le travail. Ce moment était magique. Imaginez, cela faisait 31 ans que la France n’avait pas gagné en Australie !

Sur un plan personnel, vous aurez connu pas mal de moments historiques cette saison, en club comme en sélection !
C’est vrai ! Trois demi-finales avec club… ce n’était jamais arrivé à l’UBB. Ce fut une saison incroyable !

Racontez-nous votre essai marqué lors du troisième test face à l’Australie, à la manière d’un basketteur qui aurait marqué en « dunkant »…(rires) Comment vous l’expliquer…

n est près de la ligne et on décide de jouer à la main. Je sais que si mon pilier avance et arrive à mobiliser quelques joueurs, il y aura une opportunité. Au moment où il va au sol, je vois le talonneur adverse qui a les genoux à terre et ne semble pas concerné en défense. Je fais alors une feinte de passe, et je tente de passer par-dessus. Sur le coup ça marche, mais je me serais fait taper sur les doigts si je m’étais loupé…

Blague à part, vous avez déjà joué au basket ?
Pas du tout ! Même si, honnêtement, je pense que j’aurais pu être pas mal…

Vous avez un profil de troisième ligne offensif. Le cultivez-vous ?
C’est vrai. Ce qui me plaît, c’est de jouer les bons coups. J’aime être au cœur du jeu et porter le ballon. C’est mon profil, je suis plutôt longiligne donc orienté vers la conquête en touche et le jeu offensif. Mais selon le profil des adversaires, je peux changer de mission et endosser un rôle très défensif. Toujours est-il que quand j’ai un ballon dans les mains, j’aime faire jouer.

Vous êtes également très à l’aise au contre en touche. Comment faites-vous pour lire les alignements adverses ?
Cela demande pas mal de travail en amont, à l’analyse vidéo. À force de regarder toutes les touches adverses, on en repère. Au bout d’un moment, ça rentre dans la tête et on finit par savoir où le ballon va aller. Ce travail, je l’ai effectué en tournée avec Karim Ghezal qui me laissait le champ libre sur la défense. Je prends beaucoup de plaisir à contrer les ballons, parce que ça met un coup sur les têtes des adversaires. C’est comme un plaquage offensif, une mêlée enfoncée ou un ballon gratté. J’adore faire mal au mental de l’adversaire.

Comment ce nouveau groupe France s’est-il formé en Australie ?
Il y avait beaucoup de néo-capés donc beaucoup de fraîcheur. L’ambiance était top, on s’est bien amusés surtout durant les quinze jours d’isolement. On a appris à se connaître autour d’une table de tennis de table et de jeux de cartes, et on s’est resserrés à partir de là. Dès le premier rassemblement à Marcoussis, chacun a dû se présenter devant les autres de façon assez drôle. Les néo-capés ont également fait des sketchs tout au long de la tournée, c’était vraiment marrant. On s’entraînait dur sur le terrain mais on rigolait bien en dehors.

Qui était en charge de la vie de groupe ?
Teddy Thomas et Romain Taofifenua étaient responsables des sketchs des nouveaux capés. Ensuite, on a fait des tournois de coinche, ou de tennis de table... Tout le monde a pris la main, en mettant un mot dans le groupe pour organiser ces tournois.

Qui est le champion de tennis de table du XV de France ?
Louis Carbonel n’est pas mal du tout… Et Jérôme Garcès (ancien arbitre) est très fort aussi !

Comment abordiez-vous cette tournée au départ ?
Avec beaucoup d’envie. Je voulais montrer que je méritais cette place en équipe de France. Je voulais me donner la chance de débuter des matchs pour montrer ce dont j’étais capable.

Ne fut-il pas trop dur d’enchaîner directement la phase finale avec club et la tournée avec l’équipe de France ?
C’est surtout émotionnellement que ce fut dur. Dans la tête, j’étais très touché par la défaite concédée à Lille, en demi-finale du Top 14 contre le Stade toulousain. Le lendemain, j’étais à Marcoussis et c’était assez compliqué... Mais, avec le recul, je réalise que cela m’a aidé à « switcher ». Cela m’a permis de tourner la page plutôt que d’avoir à ruminer en restant à Bordeaux.

Comment se sont passés vos quinze jours d’isolement lors de votre arrivée en Australie ?
C’était assez difficile, en effet… On n’était pas vraiment libres, on restait à l’hôtel, avec des horaires assez stricts donnés par le gouvernement australien : par exemple, on ne pouvait aller s’entraîner qu’à partir de 18 heures. C’était un peu bizarre de ne s’entraîner que le soir, mais bon… Mais le pire, ce fut la période où nous avons eu un faux cas positif : là, chacun est resté enfermé dans sa chambre 24h/24 jusqu’à ce que l’on ait des nouvelles. Cela n’a duré que deux jours, mais c’était la cerise sur le gâteau. Heureusement, on avait vraiment une super ambiance donc ces quinze jours se sont plutôt bien passés.

Venons-en à l’Union Bordeaux-Bègles. Avec le recul, comment jugez-vous la saison écoulée ?
C’est une saison satisfaisante. C’est même presque une saison rêvée : on a commencé la saison en septembre par une demi-finale de Coupe d’Europe, que l’on perd en prolongations. On connaît nos premières phases finales et on sent l’immense engouement qu’il y a eu autour de l’équipe. Ensuite, il y a la saison régulière qui a été très compliquée mais malgré tout on s’est battus sur tous les fronts, notamment à l’extérieur en gagnant à Clermont ou à Montpellier. Cela n’a pas été facile mais on s’est accrochés. L’objectif était de se qualifier, et on l’a fait. Mais dès qu’on a validé notre billet pour les phases finales, on a voulu viser plus haut. On voulait être champions. In fine, on arrive en demi-finale. C’est déjà exceptionnel, puisque cela n’était jamais arrivé en douze ans de club. Donc, je dirais que ce fut une saison aboutie, qui a rendu fiers nos supporters et nos partenaires.

Ressentez-vous cette dimension historique dans l’histoire du club ?
Oui, oui, on l’a réalisée. Même arriver en demi-finale de Coupe d’Europe, c’est incroyable. C’est vrai que je ne parle que du championnat car je préférerais soulever le Bouclier de Brennus plutôt que la Coupe d’Europe mais… Une demi-finale européenne c’était tout aussi historique.

Est-ce que le fait d’avoir perdu en demi-finale de Coupe d’Europe et en demi-finale de Top 14 contre l’équipe qui a remporté ces deux compétitions, en l’occurrence le Stade toulousain a atténué votre peine ?
Non. Nous avons joué quatre fois contre Toulouse, et on a perdu quatre fois. Mais parmi ces matchs, j’ai vraiment l’impression que nous avions les moyens de gagner la demi-finale de Top 14. J’ai senti que l’on pouvait emporter ce match, alors qu’il n’y avait pas photo sur les trois rencontres précédentes. Et il se trouve que c’était le match le plus important de la saison. Voilà pourquoi je l’ai si mal vécu.

Pourquoi ?
Ce fut très très dur, en effet… Quand on est si proche de la victoire, que l’on perd et que l’on repense à tout ce que l’on a fait pour être là, c’est terrible. Tous les efforts, les concessions, le travail… C’est dur à avaler. Après, on perd contre le Stade toulousain  qui est une très grande équipe, habituée aux phases finales. Donc, on peut quand même être fiers de notre saison.

Votre manager Christophe Urios avait souvent répété que l’équipe aurait la fin de saison qu’elle méritait…
C’est vrai et il avait raison. On a eu notre destin entre nos mains jusqu’à la fin. Le staff a fait son boulot et c’était à nous, joueurs, de le faire sur le terrain et de tout donner. On est allés jusqu’au bout.

Qu’est-ce qui fut le plus frustrant : voir la saison 2019-2020 s’arrêter subitement à cause de la pandémie alors que vous dominiez le championnat ? Ou perdre à la régulière en demi-finales la saison suivante ?
Ouf… Je dirais perdre sur le terrain. Il y a deux ans, la saison avait effectivement été arrêtée alors qu’on était premiers, mais cela ne veut rien dire. Et c’est justement la beauté de ce championnat : on peut être premiers et ne pas être champions... Donc on ignorait tout du destin qui nous attendait. Cette année, on était sur le terrain et on avait tout pour gagner. Donc le plus frustrant est de perdre sur le terrain.

Pensez-vous déjà à la saison prochaine ?
Oh que non ! Je suis rentré hier d’Australie et je suis encore sur le décalage horaire… Là, je pense davantage à me reposer mentalement et physiquement. Après, je basculerai sur la reprise en club.

Quand reprendrez-vous ?
J’ai cinq semaines de vacances donc je reprendrai en club le 23 août avec l’UBB. Je manquerai la première journée du championnat, comme tous ceux qui étaient en Australie. Je me concentrerai sur la réception du Stade français.

Qu’avez-vous prévu pour vos vacances ?
Je vais bouger un peu, aller dans le Sud de la France et en Afrique. En Tanzanie plus précisément, pour me reposer, profiter du soleil, être loin de tout. Couper quoi, et surtout couper avec le rugby car j’en ai besoin après cette saison folle !

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