« Le retour du rugby à XIII français sur la place internationale est un enjeu essentiel »

  • la France accueillera bien la Coupe du monde de Rugby à XIII en 2025
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Heureux de l'attribution à la France de l'organisation de la Coupe du monde 2025, le président de FFR XIII Luc Lacoste et Michel Wiener, directeur exécutif du comité de candidature, détaillent leur projet et leurs ambitions sportives, économiques et institutionnelles.

Quel est votre premier sentiment, à l'annonce de cette Coupe du monde 2025 qui se déroulera bien en France ?

Luc Lacoste : C'est un immense honneur, vous vous en doutez. La France était à l'origine de la 1ère Coupe du monde, en 1972. Il y a un demi-siècle qu'on l'attendait et nous allons organiser la 17e édition. Cette Coupe du monde, ce sont de fabuleuses opportunités pour le rugby à XIII au sens large et le rugby à XIII français en particulier.

Michel Wiener : Nous devons désormais être dignes de cette attribution, exemplaires dans la qualité du travail pour organiser un grand événement. Cela inclut plusieurs dimensions : le sportif, l'économique et la promotion du tourisme pour les villes qui accueilleront cette Coupe du monde.

Quel sera le budget ?

Michel Wiener : Aux environs de 59 millions d'euros.
Vous parlez d'opportunités. On imagine que la plus importante, c'est le nombre de licenciés.

Luc Lacoste : La mécanique même de la Coupe du monde va permettre une augmentation du nombre de clubs. Aujourd'hui, ils sont environ 150. Notre mécanique et la répartition de la Coupe du monde sur l'ensemble territoire français, au travers de nombreuses villes qui vont recevoir des camps de base ou des matchs, vont faire qu'énormément de clubs vont se créer. On imagine, d'après nos calculs, que le nombre de clubs pourrait augmenter de 25 % sur 6 ans. On en espère déjà 185 ou 190 à l'horizon 2025.

Comment ?

Luc Lacoste : Quand on a lancé l'appel à manifestation d'intérêt, beaucoup de villes se sont effectivement manifestées. Des villes du nord ou de l'est ont été immédiatement candidates et envisagent de créer des clubs, dans des territoires pas toujours de culture treiziste. Ce sont les villes qui poussent.

Ça c'est de la bonne nouvelle !!! \ud83d\udd25https://t.co/znNLmZcehx

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 7, 2022

Quoi d'autre ?

Luc Lacoste : On table également sur une augmentation des différentes pratiques. Il y a la senior masculine, bien sûr, mais aussi les féminines. De grandes nations du XIII vont venir, ce qui va ouvrir la médiatisation sur les filles. Nous espérons multiplier leur nombre de licenciés par 4,5 d'ici 2026. Pour les handicapés, on peut raisonnablement miser sur des effectifs multipliés par trois. Ce ne sont pas des chiffres sortis de notre chapeau : ils sont issus d'une expertise. Idem pour les jeunes. Une Coupe du monde attire et intéresse la jeunesse. Donc, à prévoir, des créations de sections pour les accueillir, dans les clubs.

Quelle augmentation espérée, au bout de ce chemin ?

Luc Lacoste : D'après nos projections, une multiplication par 3 pour porter notre nombre de licenciés à 40 000, à l'horizon 2025-2026. Et l'histoire démarre aujourd'hui. La Coupe du monde n'est ni un début, ni une finalité. C'est un point GPS, un point de passage. Mais l'histoire démarre dès aujourd'hui.

Vous avez choisi d'ouvrir l'accueil de la compétition aux villes moyennes. Les phases finales resteront-elles, toutefois, dans des grandes villes ?

Michel Wiener : Beaucoup de grandes villes sont effectivement intéressées pour accueillir les demi-finales et finales. Dans notre modèle économique, ces matchs seront dans des stades de capacité importante. La compétition fauteuil, en Arena, visera des salles de plus de 5000 personnes pour les demi-finales et 10000 pour la finale. Pour les stades, les demi-finales et finales devraient se dérouler dans des enceintes de 20 000 à 50 000 places.

Quelles villes se sont positionnées pour ces matchs de phases finales ?

Michel Wiener : On peut déjà parler de Paris, Toulouse, Bordeaux et Nice. Nous avons aussi des appels du pied d'autres grandes villes ou villes moyennes. A partir de mars, nous effectuerons le tour de toutes ces villes, pour rencontrer les équipes et les maires. On saura, en septembre, quelles seront les enceintes retenues. La qualité des installations ne suffira pas. Il y a le modèle sportif associé ou encore une préoccupation RSE. On veut limiter les distances et les trajets au sein d'une même poule, pour minimiser les déplacements et donc l'empreinte carbone. Il faut une cohérence territoriale au sein des poules.

Quelles sont les garanties apportées et le rôle tenu par le gouvernement dans cette attribution ?

Michel Wiener : Nous avons travaillé de façon rapprochée avec la délégation ministérielle et le ministère des sports, ainsi que le cabinet du Premier Ministre. L’État était très séduit par le modèle original de notre Coupe du monde, avec les quatre compétitions traitées à l'identique (masculins, féminines, jeunes et rugby-fauteuil), l'ensemble du territoire français intéressé et les villes moyennes au cœur de notre projet. Notre modèle économique, majoritairement des fonds privés, était également un argument important. Ce modèle a convaincu l’État de nous suivre. Il a fait sien notre projet.

Avec l'organisation des deux Coupes du monde en France à deux ans d'écart (2023 et 2025), quelles ont été les passerelles entre le XV et le XIII ?

Michel Wiener : Nous sommes en relation étroite avec l'équipe du GIP France2023. On partage nos idées, nos expériences. Une mutualisation est envisagée, pour que l'héritage de France 2023 bénéficie aussi à France 2025. Dans notre dossier de candidature, on trouvait aussi une belle lettre de Bernard Laporte, pour montrer le soutien du XV au XIII. Deux grands membres de la famille du rugby vont accueillir sur notre territoire deux magnifiques événements.

Luc Lacoste : Nos modèles sont un peu différents avec, en ce qui nous concerne, une répartition forte sur le territoire français et l'intéressement des villes moyennes. Mais on travaille main dans la main avec France2023. J'ai rencontré Bernard Laporte pour lui parler de notre candidature, il l'a pleinement soutenue et je l'en remercie.
La France bénéficiait d'un mandat exclusif : en clair, elle était seule positionnée sur 2025. Qu'est-ce qui a séduit l'IRL (International Rugby League) pour vous accorder ce mandat ?

Luc Lacoste : Il nous fallait travailler vite et de façon sereine, en grande confiance avec l'IRL. Ce mandat exclusif était limité dans la durée. Il nous a permis de monter ce projet à marche forcée. Ce mandat était la preuve que l'IRL avait autant envie que nous d'aller au bout du défi. On avait la certitude que l'IRL travaillait avec nous. Ils ont compris le message que nous portions : le retour du rugby à XIII français sur la place internationale est un enjeu essentiel, pour tout le monde. Nous avons donc travaillé avec eux de façon très forte.

Concrètement ?

Luc Lacoste : J'ai pu intégrer leur comité, leur « board », ce qui prouve qu'ils placent la France comme un enjeu très fort de la politique de développement du rugby XIII dans l'hémisphère nord. Il y a l'Angleterre, bien sûr, qui est d'ailleurs plus forte que nous. Il ne faut pas le nier. Mais l'IRL avait besoin d'un deuxième pilier. Ils ont un plan stratégique à l'horizon 2030 et la France est désormais au cœur de ce plan stratégique.

Michel Wiener : Nous avons profité de quatre séminaires de travail avec l'IRL, qui nous ont permis d'aller très vite au fond des choses, de façon très transparente. Leur Secrétaire général est basé en France et il nous a accordé beaucoup de temps. Après chacun de ces temps de travail, Luc (Lacoste) avait une conférence téléphonique avec un comité dédié à la Coupe du monde 2025, pour faire le point sur notre projet. A chaque fois, on actait des avancées. Cette transparence, cette vision partagée, cette confiance ont fait sens.

Du côté des clubs, il y avait déjà Perpignan en Super League. Désormais, Toulouse a rejoint les Dragons. Quel sera le poids de ces villes dans votre organisation ?

Michel Wiener : Ce sont les deux grandes places fortes de notre rugby à XIII professionnel. Elles seront au cœur de notre organisation. Les deux villes comptent parmi les 38 avec qui nous négocions. Avec grand plaisir, nous irons les rencontrer. Comme les autres. Nous irons avec tout autant de plaisir à Albi, Vannes, Besançon, Paris ou Reims.

Luc Lacoste : Les audiences croissantes de notre rugby à XIII, les résultats fabuleux des Dragons et du TO, les performances de notre XIII féminin ou fauteuil, les futurs matchs internationaux qui seront organisés sur notre territoire en 2022, 2023 ou 2024... Tout cela, ce sont des signaux hyper-favorables de ce qui se passe actuellement dans notre pays. Mais il est clair que le triptyque Dragons-TO-Fédération doit être gagnant. Les deux clubs phare ont donc du poids dans notre organisation, un rôle à jouer. Ils offrent une visibilité importante à notre rugby à XIII. Cet événement doit aussi leur profiter en visibilité, comme à l'ensemble de notre sport. Tous nos clubs, toute la filière du rugby à XIII doit profiter de l'aspiration de cette Coupe du monde.

Organiser la Coupe du monde... pour la gagner ?

Luc Lacoste : L'organiser impose une ambition, une volonté de bien figurer. Il y aura quatre compétitions. Pour celle du rugby-fauteuil, nous avons déjà de belles ambitions pour 2022. Ce devrait être les mêmes pour 2025 : gagner le titre.
Ensuite ?

Luc Lacoste : Pour les hommes, la dynamique de la fédération doit nous permettre d'aller chercher le très haut niveau. Rapidement, nous devrons identifier une « génération 2025 » pour aller chercher quelque chose de grand. Actuellement, la France est au 7e rang mondial. Nous voulons remonter. Notre championnat d'élite progresse, forme et produit des joueurs meilleurs, chaque année. En 2022, on vise les quarts de finale. Pour 2025, on voudra aller plus haut.

Et les filles ?

Luc Lacoste : Pour l'instant, on sait qu'elles sont un peu distancées. La progression sportive se met en route mais elle a besoin de temps. Pour 2022, vu leur poule, ça va être dur. On le sait. Mais ce sport est fondamentalement féminin : peu de jeu au sol, des courses et de la vitesse. C'est un jeu résolument féminin, j'en suis convaincu. Il nous faut désormais faire croître le nombre de licenciées. Pour cela, il faut créer une belle histoire et la raconter. Nos filles commencent à l'écrire.

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