Galthié, café, philo

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L'édito du vendredi par Léo Faure... On se hasarde, parfois, à l’encre de ces lignes, à oser quelques références littéraires et, les jours de grande ambition à s’élever par-dessus le triptyque pizza-bière-sport, à effleurer le sujet philosophique. Le sport et la performance, quoi qu’on en dise, traitent finalement moins de masse musculaire que de l’intellect de la matière humaine et son bourgeon émotionnel. Lequel se ramifie tantôt en doute, tantôt en confiance. Jusqu’à faire de deux joueurs, techniquement et physiquement égaux, une star pour l’un ; un anonyme pour l’autre.

La question qui conclut l’entretien (que vous lirez ci-contre) devait amener le sélectionneur Fabien Galthié vers cet essai de philosophie. « Êtes-vous devenu le sélectionneur que vous vouliez être ? ».

Rendons d’abord au foot ce qui lui appartient : l’interrogation nous avait été tout droit soufflée, comme offerte par une interview de Karim Benzema chez nos confrères de France Football. Dont ce titre : « Je suis devenu le 9 que je voulais être ». Question philosophie, nous voici donc servis. On convoque ici Nietzsche et son « deviens qui tu es.»

Mais trêve de philo. Laissons cela à ceux qui en sont de bien plus éloquents garants. Et revenons à Galthié, que nous avons rencontré mercredi matin à la table d’un café toulousain. A cette invitation à s’auto-psychanalyser, le sélectionneur se mit en mouvement. Il accéléra son débit de parole. Le sujet le ravit, rien de surprenant. Il plongea dedans.

Sur cette question, donc : « Êtes-vous devenu le sélectionneur que vous vouliez être ? ». Il a rétorqué par l’enthousiasme : « Sûrement au-delà. Je suis porté ». Il a saisi le sujet au bond et nous l’a renvoyé d’un revers de livre : « Je crois aussi en une pensée philosophique. On part de soi, on va vers soi. » L’importance du chemin, cette idée si prégnante dans l’œuvre de Paulo Coelho et son merveilleux conte philosophique, L’Alchimiste.

Galthié a enfin évoqué le merveilleux, « ou plutôt le sublime ». Parce que le sublime induit l’idée d’une sublimation. En chimie : du solide vers le gazeux ; de la terre vers le ciel.

Si le sélectionneur peut parfois paraître inaccessible, lunaire, froid, aussi déconnecté, provocant et provocateur, c’est qu’il (se) questionne beaucoup. Il accorde une grande place dans ses prises de parole à la psychologie, la gestion des émotions, l’énergie. Jusqu’à verser dans l’excès, la caricature ? C’est qu’il gagne, voyez vous. Beaucoup plus que ses prédécesseurs. Et qu’à ce jeu du sport professionnel, la finalité de la gagne vaut tout autant que le chemin : elle vous donne raison.

Très tôt, à sa nomination, l’idée était venue que le rôle de sélectionneur lui irait mieux que celui d’entraîneur. Que le tempo des séquences internationales, courtes mais intenses, lui épargnerait l’usure d’un message consumé par l’infinie longueur du Top 14.

Oui, ce métier devait mieux convenir à sa personne et sa méthode. Cela se vérifie effectivement sur le terrain, avec une équipe de France souvent gagnante et enthousiasmante (70 % de victoires). Et Galthié, architecte de cela, dans son implication de sélectionneur, devient qui il est. Peut-être. « L’âge et le temps nous amènent vers nous, ce que nous sommes. » C’est encore lui qui le dit.

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