L'édito : semaine de vérité

Par Emmanuel Massicard
  • Cameron Woki et Grégory Alldritt qui se congratulent après le succès français au pays de Galles
    Cameron Woki et Grégory Alldritt qui se congratulent après le succès français au pays de Galles Icon Sport - Icon Sport
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L'édito de ce lundi 14 mars par le rédacteur en chef du Midi Olympique Emmanuel Massicard.

Sublime. Voilà certainement un des mots les plus empruntés par Fabien Galthié pour décrire son état d’esprit et le fonctionnement de la machine tricolore, quand nous l’avions rencontré mi-janvier. Juste avant le Tournoi des 6 Nations 2022. Avec ce mot qui ne devait rien au hasard, le sélectionneur témoignait alors d’une forme de plénitude, habité par la fonction, déterminé face aux enjeux et toujours béat d’admiration face au pouvoir de ce maillot tricolore frappé du coq. Comme si les résultats, finalement, n’avaient pas d’importance face à l’intensité de l’aventure. À bien y regarder pourtant, ils sont décisifs. Indispensables, même. Et l’ancien demi de mêlée ne le sait que trop. Depuis toujours.

Rassurez-vous, la leçon de communication façon « grand bluff » n’avait dupé personne. Entre ces mots choisis par Galthié pointait déjà l’idée d’un rendez-vous particulier, fixé à ses joueurs en cette année à trois réceptions, donc favorable au plan du calendrier même s’il ne l’avoua jamais. Clairement, ce Tournoi était -et demeure- un enjeu majeur pour le XV de France qui doit étoffer sa carapace et son palmarès avant le Mondial 2023. Il serait même devenu capital, au gré des occasions manquées -de peu- les années précédentes.
Le temps presse. Pour Galthié qui joue déjà une prolongation de contrat, et pour ses hommes qui visent une place en Coupe du monde. Pour leurs adversaires enfin, qui doivent apprendre à composer avec cette nouvelle donne : le talent n’est plus l’arme fatale des Bleus et en même temps leur plus grand péril. Comme nous, vous aurez noté combien la performance livrée vendredi à Cardiff est ainsi venue balayer tous les clichés sur le manque de rigueur du rugby français. En plus de l’expérience et de la confiance, cette équipe s’appuie désormais sur des fondations en béton armé, en conquête comme en défense. Et elle peut enfin compter sur la chance dans les moments décisifs. Cela ne vous dit rien ? Évidemment, Fabien Galthié comme Didier Deschamps… Ou la chance du champion.

En voilà donc assez pour affirmer -sans se moquer- que nous ne sommes pas loin du sublime si cher au sélectionneur, même si nous ne sommes pas encore champions du monde. Oui, le meilleur peut être à venir, pour peu que nous domptions cette Angleterre qui ne ronfle plus aussi fort ces dernières années. Les Irlandais en ont profité samedi à Twickenham, et l’on se dit que les Bleus possèdent eux aussi de solides arguments : une mêlée et des « bouchers » pour tenir les rucks comme la défense ; du pied pour occuper et de la vitesse sur les extérieurs ; de la maîtrise enfin, pour ne pas se laisser griser par le contexte et l’ambiance. Si vous voulez nous croire, profitez-en bien de cette drôle de semaine qui s’annonce. Car ce n’est pas tous les jours que le XV de France se retrouve face au XV de la Rose, à une marche d’un dixième Grand Chelem. La « décima » nous tend les bras.

C’est tout ce qu’il nous manque pour l’aventure devienne véritablement sublime, parce qu’elle dépassera alors le strict cadre des Bleus et deviendra collective. Avec cette France qui gagne et qui emporte tout le monde dans son sillage. C’est tout ce qui fait encore défaut pour valider le redressement du rugby français amorcé en 2015 au lendemain du naufrage de Cardiff, en quart de finale de Coupe du monde. À 538 jours de notre Mondial, c’est ici et maintenant.

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