Abonnés

L'édito : le jeu aux joueurs

Par Emmanuel Massicard
  • Bernard Laporte est un des hommes forts du retour au premier plan des Bleus.
    Bernard Laporte est un des hommes forts du retour au premier plan des Bleus. Icon Sport
Publié le
Partager :

On l’a assez répété, parfois vanté : la reviviscence tricolore doit beaucoup à sa jeunesse, talentueuse comme jamais. Ces minots multiples et sans complexe, qui font tomber toutes les barrières et dégagent l’horizon du rugby français tout entier.

N’y revenons plus. Et concentrons-nous sur l’autre facette de ces succès, plus cachée mais tout aussi prédominante. Voire capitale. Elle renvoie au président de la FFR, Bernard Laporte. L’homme qui a concrétisé le changement après la prise de conscience de 2015. A l’époque, les Bleus avaient touché le fond en Coupe du monde. Face à la honte, rappelez-vous : Pierre Camou et Paul Goze s’étaient entendus pour muscler le dispositif « Jiff » et ainsi privilégier la formation made in France. Mais le rugby des clubs ne marchait pas main dans la main avec la sélection.

C’est Laporte, en suivant, qui a donné aux Bleus les moyens de remplumer le coq et de toucher à leurs rêves. Quitte à provoquer, quitte à choquer, quitte à se tromper avant de finir par gagner en ayant nommé Fabien Galthié (2019), puis favorisé le changement de gouvernance à la Ligue pour ramener le XV de France au premier rang des priorités en vue du Mondial 2023. Une aubaine : l’hydre à deux têtes qui divisait le rugby français porte désormais une vision commune. Tricolore. Samedi dernier, la présence du président de la LNR, René Bouscatel, aux côtés de Bernard Laporte lors de cérémonie du Grand Chelem ne racontait pas autre chose.

Ne vous y trompez pas, c’est bel et bien en « rassemblant » les présidents de clubs qui, comme lui, sont des anciens joueurs que le boss de la fédé a renversé la table et obtenu des moyens inégalés au bénéfice de la sélection. Ces patrons ne sont pas tous internationaux, mais tous sont sensibles à la force d’attraction du maillot bleu à l’image des Lacroix, Lombard et autres Marti. Parce que le jeu appartient aux joueurs et parce qu’il n’y a rien de plus grand qu’une sélection en équipe de France.

C’est ainsi un virage à quatre-vingt-dix degrés qui a été pris dans la politique de notre discipline, où les clubs et leur destinée économique pesaient plus lourd qu’un XV de France miné par les mauvais résultats et l’absence de perspectives. La roue a tourné.

Vous l’aurez vu, les temps ont changé et ce n’est pas la moindre des victoires de Bernard Laporte. Son ton et cette appétence à peine réfrénée pour le rapport de force ont détoné. Mais, sur le fond des choses, l’ancien sélectionneur avait raison. Si l’or du dixième Grand Chelem français lui permet de rejoindre ses prédécesseurs au palmarès de l’histoire et de légitimer ses victoires acquises sur le terrain de la politique sportive, le plus important est encore à venir avec la Coupe du monde, en 2O23. La faim justifie les moyens.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
jmbegue Il y a 2 années Le 29/03/2022 à 23:25

Je ne suis absolument pas d'accord avec vous quand vous attribuez les mérites des succès de l'EDF à B. Laporte.
Pour moi, il est un des principaux responsables de la situation de 2015. Il était manager du RCT du temps de sa splendeur et son appétit de victoires le rendait totalement indifférent aux résultats de l'équipe tricolore. Il a été un des principaux moteurs de l'arrivée en France d'une armada d'anciennes gloires qui lui ont permis de se moquer comme une guigne des doublons. Il a fallu l'action de Goze et Camou pour y mettre un frein.
Il a saboté avec son compère Simon le travail de Novès jusqu'à ce qu'ils puissent le virer.
Et tout ça pour mettre à sa place quelqu'un qui n'a pas eu de meilleurs résultats que lui. Je ne sais pas si G.N. aurait obtenu un bon résultat à la CDM du Japon. Mais les procédés utilisés sont indignes.
C'est comme si vous disiez que le pompier pyromane est un sauveur...
Je ne suis pas non plus d'accord sur l'importance moindre que vous accordez aux clubs. Si les clubs ne sont pas en bonne santé (et surtout les clubs pourvoyeurs de l'EDF), qui recrutera, formera, entraînera les joueurs? A quoi ressemblera l'EDF?
Or, le championnat est faussé. Un de vos consultants et non des moindres, l'a répété à l'envi. On ne peut pas impunément priver une équipe de toute sa première ligne majeure et du second talonneur, de sa paire de demis, sans savoir que l'équipe "donatrice" va prendre un pet au casque....
On ne peut pas la veille ou l'avant veille d'un match rendre des joueurs à une équipe et pas à son adversaire sans savoir que l'on déséquilibre la rencontre.
Certains publics sont sans pitié. Ils viennent voir leur équipe gagner. Si elle ne gagne pas, ils ne viennent plus. Vous, vous parlez de"destinée économique". Non M'sieur, c'est de la santé financière des clubs qu'il s'agit. Et certains clubs n'ont pas de milliardaires pour mettre la main sur le chéquier quand les affaires vont mal.
Et à priori ce sont ces clubs qui fournissent ces "si merveilleux" joueurs.
Aussi, avant de s'émerveiller sur la grandeur de B.Laporte, j'aimerais que vous entamiez une réflexion sur comment ne pas fausser le top14 et rendre ainsi les sélections moins injustes pour les clubs qui au lieu d'être punis, devraient être récompensés.

Merci de ne pas supprimer ce commentaire parce qu'il ne dit pas de bien de Laporte.