L'édito : le jeu aux joueurs
On l’a assez répété, parfois vanté : la reviviscence tricolore doit beaucoup à sa jeunesse, talentueuse comme jamais. Ces minots multiples et sans complexe, qui font tomber toutes les barrières et dégagent l’horizon du rugby français tout entier.
N’y revenons plus. Et concentrons-nous sur l’autre facette de ces succès, plus cachée mais tout aussi prédominante. Voire capitale. Elle renvoie au président de la FFR, Bernard Laporte. L’homme qui a concrétisé le changement après la prise de conscience de 2015. A l’époque, les Bleus avaient touché le fond en Coupe du monde. Face à la honte, rappelez-vous : Pierre Camou et Paul Goze s’étaient entendus pour muscler le dispositif « Jiff » et ainsi privilégier la formation made in France. Mais le rugby des clubs ne marchait pas main dans la main avec la sélection.
C’est Laporte, en suivant, qui a donné aux Bleus les moyens de remplumer le coq et de toucher à leurs rêves. Quitte à provoquer, quitte à choquer, quitte à se tromper avant de finir par gagner en ayant nommé Fabien Galthié (2019), puis favorisé le changement de gouvernance à la Ligue pour ramener le XV de France au premier rang des priorités en vue du Mondial 2023. Une aubaine : l’hydre à deux têtes qui divisait le rugby français porte désormais une vision commune. Tricolore. Samedi dernier, la présence du président de la LNR, René Bouscatel, aux côtés de Bernard Laporte lors de cérémonie du Grand Chelem ne racontait pas autre chose.
Ne vous y trompez pas, c’est bel et bien en « rassemblant » les présidents de clubs qui, comme lui, sont des anciens joueurs que le boss de la fédé a renversé la table et obtenu des moyens inégalés au bénéfice de la sélection. Ces patrons ne sont pas tous internationaux, mais tous sont sensibles à la force d’attraction du maillot bleu à l’image des Lacroix, Lombard et autres Marti. Parce que le jeu appartient aux joueurs et parce qu’il n’y a rien de plus grand qu’une sélection en équipe de France.
C’est ainsi un virage à quatre-vingt-dix degrés qui a été pris dans la politique de notre discipline, où les clubs et leur destinée économique pesaient plus lourd qu’un XV de France miné par les mauvais résultats et l’absence de perspectives. La roue a tourné.
Vous l’aurez vu, les temps ont changé et ce n’est pas la moindre des victoires de Bernard Laporte. Son ton et cette appétence à peine réfrénée pour le rapport de force ont détoné. Mais, sur le fond des choses, l’ancien sélectionneur avait raison. Si l’or du dixième Grand Chelem français lui permet de rejoindre ses prédécesseurs au palmarès de l’histoire et de légitimer ses victoires acquises sur le terrain de la politique sportive, le plus important est encore à venir avec la Coupe du monde, en 2O23. La faim justifie les moyens.
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