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Pro D2 - Les bonnes recettes de Nevers pour accrocher les phases finales

Par Sébastien CHABARD
  • Les bonnes recettes de Nevers pour accrocher les phases finales.
    Les bonnes recettes de Nevers pour accrocher les phases finales. Midi Olympique - Stéphanie Biscaye
Publié le
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Avec neuf orteils en phases finales, Nevers rêve à voix haute d’un barrage à domicile, et d’un peu plus si affinités. Une telle conclusion serait une première dans la jeune histoire en Pro D2 d’un club désormais reconnu, qui n’a plus besoin de surpayer les joueurs pour les attirer et les fidéliser.

Montée en Pro D2 en 2017, l’Uson Nevers Rugby s’apprête à vivre pour la deuxième fois l’euphorie singulière des phases finales. La première, en 2019, s’était achevée dès les barrages, sur la pelouse de Bayonne, lors d’un match héroïque perdu 32 à 26 après avoir joué pendant soixante-dix minutes à quatorze. L’année suivante, la fin prématurée du championnat pour cause de Covid avait coupé les ailes d’un club bien lancé vers la qualification. Après une saison 2020-2021 de cauchemar, plombée par les blessures et terminée à une douloureuse septième place, les Neversois ont montré que le concept attrape-tout de résilience pouvait également leur être accolé.

Appliqués dès un début de championnat que le hasard facétieux transformait en exorcisme des traumas de l’année précédente au Pré-Fleuri (victoires face à Vannes, Oyonnax et Colomiers, nul face à Grenoble), ils n’ont jamais dévié de leur objectif : retrouver le parfum éthéré des phases finales. Dans un Pré-Fleuri revenu à la vie, les joueurs de Xavier Péméja ont réussi un parcours presque parfait : douze victoires, dont huit bonifiées, un nul et une défaite face à l’Aviron bayonnais. Les soixante-dix-huit points raflés à la maison (sur soixante-quinze possibles) ont fait mieux que compenser les fragilités à l’export – trois victoires et un nul en quatorze matchs – et hissé le club à la quatrième place.

Le large succès face à Rouen (55-15), vendredi dernier, a donné au club neversois deux points d’avance sur Colomiers, quatre sur Carcassonne, sixième et dernier qualifiable, et neuf sur Provence Rugby. Avant les deux ultimes journées, qui envoient l’Uson à Agen avant de clôturer à la maison face à Montauban, le président Régis Dumange évacue la réserve mathématique d’un scénario voyant son club subir deux défaites sèches et se faire doubler par des Aixois vainqueurs bonifiés sur la rude pelouse d’Oyonnax puis à la maison face au leader montois. "La qualification est acquise, même si on perd nos deux matchs sans marquer de point de bonus", assure-t-il. "On devrait terminer à la quatrième ou à la cinquième place."

Esprit famille

Le classement final se jouera probablement à Armandie, vendredi prochain. Si les Agenais n’ont plus rien à espérer ni à redouter en cette fin de championnat, Régis Dumange ne s’attend pas à un paquet-cadeau : "Agen va vouloir terminer sur une bonne note face à son public. Laisser filer une rencontre à domicile, ce n’est pas le genre de la maison. On va avoir droit à un gros match." Quelle que soit l’issue, le président neversois est déjà apaisé : "On a fait une très belle saison, à nous de la terminer de la meilleure façon possible. Si on arrive à faire une demi-finale, ce sera extraordinaire. Je suis satisfait, il n’y a que du bonheur qui arrive."

S’il savoure l’exercice en cours, Régis Dumange a déjà le regard tourné vers la saison prochaine : "Elle va être très belle. On a fait de très bons choix." Le club est resté fidèle à ses principes : "Nous, on ne prend pas de vedettes, on les forme." Après Roelofse (Stade français), Papidze (La Rochelle) et Raisuqe (Castres) l’an passé, Nevers voit partir vers le haut des joueurs révélés en son sein - le talonneur Janick Tarrit au Racing, le deuxième ligne irlandais Frank Bradshaw en Ulster, après avoir initialement prolongé son contrat dans la Nièvre. "Frank nous a donné beaucoup, alors on lui a dit : "Vas-y, et si ça ne marche pas, la famille sera là".", explique le président qui confesse un lien "affectif" avec les joueurs et le staff, sans être dupe : "Les joueurs se sentent bien, mais s’ils voient qu’ils peuvent être mieux payés ailleurs, d’un seul coup ils se sentent moins bien. J’ai accepté ça."

Passée de la Fédérale 2 au Pro D2 en quelques années sous l’impulsion du self-made-man nivernais, l’Uson Nevers Rugby a gagné ses galons et sa légitimité dans un monde du rugby qui a longtemps regardé de travers l’ascension fulgurante d’un club planté dans la diagonale du vide rugbystique. Loin des métropoles et de la mer, le club a dû trouver d’autres arguments, pendant des années, pour attirer des joueurs. Dans un contexte crispé par la crise sanitaire et économique, les négociations pour les prolongations de contrat ont évolué : "J’ai demandé aux joueurs de baisser leur salaire." Une quinzaine d’entre eux a accepté. La masse salariale, qui était la plus élevée de Pro D2, est désormais dans la fourchette haute : "Je veux construire un esprit club. Si un joueur n’est intéressé que par le salaire, il ne vient pas."

Dans la négociation, le club doit aussi composer avec l’aspiration de couple : "Des joueurs sont partis pour des clubs où ils sont moins bien payés que chez nous, mais parce que leur femme préfère vivre en bord de mer. Nevers, pour jouer, c’est bien, mais pour une femme, ce n’est pas exceptionnel. Alors on travaille aussi sur la reconversion, pour créer un esprit famille : le club t’a donné, alors tu redonnes au club."

Réduire la voilure salariale permet aussi à Régis Dumange de "réinvestir sur les infrastructures" : extension du centre de formation (classé quatrième de Pro D2 l’an passé) et agrandissement du Pré-Fleuri. "On va refaire la tribune Nièvre pour la faire passer de trois mille huit cents à six mille places, dans l’esprit de celles de Bayonne et La Rochelle, avec une meilleure vision et un système réceptif à mi-niveau. On veut aussi faire la quatrième tribune." L’ensemble devrait coûter "de huit à dix millions d’euros".

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