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La Rochelle ou l’art de défendre par l’attaque

Par Romain ASSELIN
  • Entrevue seulement par séquence en janvier, lors de la victoire autoritaire de Montpellier à Deflandre (23-29), l’attaque sans ballon des rochelais a depuis trouvé son rythme de croisière. Photo Icon Sport
    Entrevue seulement par séquence en janvier, lors de la victoire autoritaire de Montpellier à Deflandre (23-29), l’attaque sans ballon des rochelais a depuis trouvé son rythme de croisière. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
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Solidifiée par les préceptes anglo-saxons de Ronan O’Gara depuis 2019, la défense du club à la caravelle cultive la notion d’attaque sans ballon, à l’efficacité retrouvée depuis fin mars.

Le vice-champion d’Europe en titre a le chic pour mettre en avant des acronymes, sur la scène continentale. Souvenez-vous du "KBA" – "Keep ball alive" à traduire par "garder le ballon en vie" – brandi par Ronan O’Gara, au sortir du 8e de finale de Champions Cup victorieux, la saison dernière, à Gloucester. Il y a un mois, au même stade de la compétition, Raymond Rhule en a révélé un autre, véritable identité du jeu à la rochelaise : "ASB". Comprenez l’attaque sans ballon. Ou comment, rien que sur le papier, rendre mentalement bien plus emballante la manière d’aborder les tâches supposées ingrates.

«C’est plus sexy», en convient Pierre Bourgarit, friand de la bataille au sol «pour récupérer des ballons de turnover et pouvoir les exploiter à la main. On base beaucoup notre jeu de dépossession sur l’ASB. Le staff fait un travail monstre là-dessus, je pense qu’ils passent des heures devant les ordis pour étudier l’adversaire à la lettre» Les fameux détails dont parlait Romain Carmignani, après la démonstration de force à Chaban, durant laquelle Bordeaux-Bègles s’est fait manger tout cru par le harcèlement défensif du rival maritime. «L’ASB ? C’est une marque de fabrique de la maison, livrait alors l’entraîneur des avants. La semaine, notre travail défensif est basé sur la vitesse de la ligne»

«Le système est très intéressant. Ça met l’adverse sous pression. Tu montes très fort, il y a tout le temps deux mecs qui viennent taper fort, ça ralentit les ballons», énonce un Rémi Picquette rapidement devenu adepte des principes importés sur les bords de l’Atlantique par coach O’Gara. Et dont Shaun Edwards, entraîneur de la défense du XV de France, fait aussi siens. Avec le brio que l’on connaît.

«Au début, ça nous a fait rire»

«La meilleure défense, c’est l’attaque», dit l’adage. C’est justement l’essence même du dispositif jaune et noir. «Quand on perd le ballon, ça switche dans la tête, on est en mode ASB, chacun a son rôle, c’est excitant, dégaine Jules Favre comme habité d’une conviction. Au début, c’était un mot comme ça, ça nous a fait rire en tant que Français, non anglophones, très cartésiens. En fait, ce petit ASB a pris du poids avec les saisons ! Des fois, à l’entraînement, c’est l’équipe titulaire qui défend, pendant 25 minutes. Ça fait deux ans qu’on est dans le top 3 des meilleures défenses du championnat et trois qu’on se qualifie, il n’y a pas de secret»

Actuel rideau le plus hermétique du Top 14 derrière Toulouse, le Stade rochelais semble retrouver son rendement défensif du printemps 2021. Quinze points encaissés en moyenne par match, toutes compétitions confondues, depuis la déculottée à Toulon (41-11), mi-mars. Personne ne fait mieux, actuellement, en France et parmi les cadors encore en lice en Champions Cup. «Jouer contre une équipe qui défend comme nous, c’est assez compliqué, pense Picquette. Quand on sort d’une phase où les mecs en face n’arrivent pas à marquer et sont tous complètement amorphes, après une pénalité grattée, tu sens qu’on prend vachement de plaisir.» «Sur bien des matchs, on ne se sent même pas inquiétés dans nos têtes, complète Bourgarit. Quand tu as cette sensation-là, ça t’évite de manquer de lucidité pour autre chose.» Pour attaquer ? Avec le ballon, cette fois.

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