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Top 14 - Élissalde-Paillaugue (Montpellier), une complicité au-delà des terrains

  • Benoît Paillaugue, buteur et acteur majeur dans le premier bouclier du MHR
    Benoît Paillaugue, buteur et acteur majeur dans le premier bouclier du MHR Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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En 2011, « JBE » avait consolé Benoît Paillaugue après la victoire de Toulouse contre Montpellier. Onze ans après, les deux hommes ont décroché le Graal ensemble. Un magnifique accomplissement pour les anciens voisins de La Rochelle, liés par une forte histoire commune.

Vendredi soir, Jean-Baptiste Elissalde a enlacé un Benoît Paillaugue larmoyant au coup de sifflet final. Une scène aux airs de déjà-vu : onze ans plus tôt, les deux hommes avaient déjà terminé dans les bras l’un de l’autre sur cette même pelouse. Ce jour-là, les larmes de « La Paille » avaient été douloureuses. Toulouse avait triomphé de Montpellier, 15 à 10, au terme d’une partie longtemps restée indécise.

« JBE » n’a rien oublié de ce moment aussi triste que beau, paradoxalement : « Je m’en souviens très bien. C’était mon premier titre en tant qu’entraîneur. Je l’avais vu malheureux au bord du terrain. Au lieu de faire la fête avec mon club, j’avais attendu un peu et j’étais allé le voir. En plus, il avait pris un carton jaune, je savais que Fabien Galthié allait le triquer. J’étais heureux pour nous. Mais lui, c’est mon petit frère. J’avais été l’embrasser. » Et l’entraîneur de s’amuser de ce clin d’œil du destin : « Il pleure encore, d’ailleurs. Il pleure tout le temps. Mais c’est bien mieux cette fois. » La tendresse de l’aîné pour son protégé affleure. Profonde. Presque viscérale. « Benoît, c’est la famille. Mon père a joué avec son père, mon père a entraîné son père et Benoît, quand il était petit, me renvoyait les ballons. » Le temps n’a pas effacé les souvenirs des jeunes années rochelaises. Il a même contribué à rapprocher les deux hommes, au poste et au profil similaires : « Par le gabarit, on se ressemble. Mais ce sont surtout nos racines qui sont communes. On a grandi à La Rochelle à une époque où ce n’était pas aussi sexy que maintenant. La famille, ça fait partie de notre éducation aussi. J’ai toujours connu le père de Benoît à la maison. Ils étaient parfois cul et chemise, parfois chien et chat. Benoît a le même tempérament que lui. Son père est casse-c… mais alors lui. En même temps, quand tu fais 1,70 m, il faut en avoir du caractère. »

"Ça a été un de mes moteurs"

Du caractère, il en a fallu à Benoît Paillaugue pour se relever d'une rupture du ligament croisé d’un genou, contractée le 4 septembre, à Toulon. « Il s’est blessé tôt, je savais qu’il allait revenir à la fin », assène l’ancien demi de mêlée international. La présence de son cadet - "on m’a branché sur le sujet : « C’est ton fils, ton petit frère... »" - a été un levier : « Ça a été un de mes moteurs. Avant la demi-finale, à l'occasion de la causerie où j’ai remis le maillot aux demis de mêlée, j’ai raconté cette histoire. Vous savez, c’est juste une anecdote », tempère l’ancien adjoint de Guy Novès chez les Bleus. C’est devenu bien plus au fil des semaines. Le retour au premier plan de Benoît Paillaugue coïncidé à la blessure de Cobus Reinach a redessiné les plans héraultais. Avec le succès que l’on connaît. « Si Cobus avait été là et en forme, peut-être que l’histoire aurait été différente. Mais l’année dernière, sur la fin de saison, c’est Benoît qui avait commencé la finale de Coupe d’Europe. J’aurais été honnête, en tout cas : le meilleur aurait joué. Si ça avait dû être Cobus, ça aurait été lui. Là, c’est Benoît. Et il y a Gela (Aprasidze) qui nous met les pénalités. C’est incroyable. Et Martin Doan qui venait de Fédérale 1 et qui nous a fait cinq, six matchs. Et Aubin Eymeri et le petit Foursans qui ont aussi participé. »

Jean-Baptiste Elissalde ne veut oublier personne. Mais ce 24 juin restera le jour de gloire de celui qui lui renvoyait les ballons, dans ses jeunes années : « Il a été bon mais qui ne l’a pas été ? », évacue le technicien. Sa passe sur le pas à l’origine du premier essai, la rapidité de ses libérations, sa justesse technique et la qualité de ses jeux au pied auront été autant de bénédictions pour Montpellier. Paolo Garbisi, s’il n’a joué qu’une demi-douzaine de rencontres à ses côtés, admire le sportif autant que l’homme. Leur improbable association transgénérationnelle, quand la logique aurait volontiers placé la charnière de champions du monde Springboks Reinach-Pollard, a été une des clés de la réussite héraultaise : « Ben, c’est un joueur incroyable. Il nous a beaucoup aidés dans la gestion du match et des avants. Mais ce n’est pas nouveau, tout le monde connaît ses qualités. C'est surtout la personne qui me marque. Je suis trop content pour lui car il est revenu d’une grave blessure. À 34 ans, c’est fort. Il a donné toute sa carrière pour Montpellier. C’est vraiment la fin qu’il méritait. » Et l’ouvreur transalpin de conclure l’hommage par une note d’humour : « Bon, après, je suis désolé pour lui car c’est la dernière finale qu’il va jouer, vu qu’il part à Toulon. » Méfiance, tout de même : avec Benoît Paillaugue, tout est possible. Ce n’est pas Jean-Baptiste Elissalde qui dira le contraire.

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