L’édito du lundi : l’expression française

Par Emmanuel MASSICARD
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard...

Bon, d’accord : une tournée au Japon n’a rien à voir avec une virée en Nouvelle-Zélande où les Irlandais ont goûté au froid réalisme des All Blacks, pas toujours géniaux dans leurs constructions mais diablement efficaces à l’instant d’exploiter la moindre faute ou le plus petit cadeau de l’adversaire.

Face à une telle équipe, pas sûr que la start-up XV de France – la sélection est devenue notre incubateur de talents en l’absence des tauliers - ait été aussi facile que contre les Japonais, avec 5 essais inscrits et un score sans appel, large et fidèle aux confrontations passées, en dehors de l’accidentel match nul concédé à Paris en 2017 ; les dés étaient alors pipés.

Pour être honnête, nous imaginerions difficilement Fabien Galthié construire le même groupe, laissant Ntamack et compagnie en vacances, s’il avait dû aller défendre sa deuxième place au classement mondial et sa série d’invincibilité chez les Néo-Zélandais. Car le sélectionneur est assez madré pour adapter ses ambitions au contexte.

Pour savoir ce que pourrait donner le dispositif "anti mythe" des Bleus concocté par Galthié, il faudra attendre quatorze mois et le premier match du Mondial face aux Blacks. Pour patienter, nous nous contentons donc de cette tournée au Japon censée renforcer le réservoir et le palmarès de l’équipe de France ; à ce jour, il ne manque plus qu’un succès pour égaler le record de 1937 et regarder l’Histoire dans les yeux.

Mais nous n’aurons pas tout perdu avec cette aimable virée au pays du soleil levant. Vous l’aurez ainsi noté, le XV de France a confirmé son incroyable potentiel offensif dans le sillage des Penaud et Moefana qui furent déterminants. Avec eux, la moindre miette devient festin. Surtout face à une défense d’une naïveté confondante au point de faire oublier toute la modernité de ce rugby japonais porté par le triptyque possession-vitesse-intensité qui le rend si agréable à suivre. Dommage.

N’empêche, il y avait matière à mieux. Et nous pouvons légitimement regretter de ne pas voir l’équipe de France plus constante dans sa production au lieu de jouer par à-coups, selon les moments décisifs de la rencontre. Mais on ne se refait pas et, malgré la rigueur du système Galthié, les Bleus conservent cette fâcheuse tendance à s’oublier par instants sur les bases - défensives et collectives- à force d’être attirés par le jeu.

C’est évidemment leur - petite- part d’ombre, le revers de la médaille de cet impressionnant talent nous (re) collant à la peau, qui est parfois si difficile à maîtriser.

À tout bien considérer, ce XV de France expérimental est aussi là pour nous rappeler combien la continuité et les repères sont des luxes à cultiver. Combien, enfin, le très haut niveau de performance des tauliers a impacté la réussite du collectif.

Bref, n’est pas All Black qui veut et surtout pas du jour au lendemain. Si la comparaison doit être relativisée au regard des nombreuses absences tricolores et du déséquilibre des calendriers (les uns débutent, frais, quand les autres terminent, sur les rotules), ce premier week-end de tournée estivale sur l’air des confrontations nord/sud nous raconte au présent la part du chemin restant à parcourir d’ici à la Coupe du monde…

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