Les Blacks par échec et mat

Les hommes en noir ont tenu leur parole. Dans un Eden Park comble, qui n’a plus connu la défaite depuis 1994, les All Blacks ont mis fin à une dérangeante série de deux revers d’affilée, subis en novembre dernier face à l’Irlande et la France. Pour leur première joute de 2022, les coéquipiers de Sam Whitelock ont remis les pendules à l’heure en une mi-temps. Malgré un début de match impressionnant des Verts, avec un essai de Earls après dix-huit phases de jeu, les triples champions du monde n’ont pas douté. S’ils ont mis vingt minutes à rentrer dans la partie, la Nouvelle-Zélande a pu compter sur ses cadres pour lancer la tournée irlandaise. Une percussion tranchante d’Ardie Savea, une gestion parfaite d’Aaron Smith et une finition en puissance de Jordie Barrett ont permis aux Blacks de reprendre le fil du match, qu’ils n’ont plus jamais lâché ensuite. Mieux, la bande de Sam Cane a plié la rencontre en trente-cinq minutes chrono. Pourtant l’Irlande était toute proche de faire douter davantage les Néo-Zélandais. Andy Farrell et son staff ressasseront certainement cette interception malheureuse de Sevu Reece à la 30e minute alors que les Verts pilonnaient les vingt-deux mètres noirs.

Savea écœure l’Irlande

La réussite des All Blacks a éteint le XV du Trèfle. Avec plus de possession (58 %) et d’occupation (60 %) que leurs adversaires, les Irlandais n’ont pas su déployer leur jeu malgré ses fortes individualités. Pire, ils n’ont marqué que trois essais contre six pour les Néo-Zélandais. Robbie Henshaw et Garry Ringrose ont certes fait avancer leurs coéquipiers, mais les Verts ont manqué de fantaisie et de créativité pour inquiéter les locaux. Par quatre fois les Irlandais se sont effondrés dans l’en-but sans marquer. À l’inverse, Ardie Savea a porté les siens durant quatre-vingts minutes. Deux essais, soixante et un mètres parcourus, dix-sept plaquages sur dix-huit, le numéro 8 a été partout. Savea s’est même permis de déborder Ringrose sur sa deuxième réalisation, symbole de la supériorité néo-zélandaise sur ce premier test. Une intensité physique qui a laissé des traces chez les hommes en vert.

Les Verts avec Sexton ?

La sortie de Jonathan Sexton a-t-elle fait plonger l’Irlande ? Le maestro irlandais a laissé ses coéquipiers à la 30e minute sur une énième commotion cérébrale. Son choc à la tête a coïncidé avec l’effondrement des Irlandais et le début de la domination néo-zélandaise. Jamison Gibson-Park semblait lui aussi déboussolé dès lors que "son" ouvreur rejoignait le banc de touche. Joey Carbery, qui avait illuminé la dernière confrontation entre les deux équipes, n’a pas su dicter le jeu de ses coéquipiers. Le numéro 10 du Munster s’est même rendu coupable d’un "air plaquage" sur l’essai de Sowakula en fin de rencontre. Dès la fin du match, Andy Farrell a assuré que Sexton "allait bien" et qu’il avait "les esprits clairs". Le règlement prévoit pourtant un forfait pour le numéro 10 irlandais. En plus de la blessure de Iain Henderson, l’absence du "Leinsterman" pourrait être un coup fatal en prévision du deuxième test.