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L'édito : l’aubaine

  • La joie de Matthieu Jalibert (France) et Baptiste Couilloud (France) face au Japon.
    La joie de Matthieu Jalibert (France) et Baptiste Couilloud (France) face au Japon. Icon Sport - Icon Sport
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Surtout, ne pas se plaindre. Vous pouvez râler avec nous, mais juste ce qu’il faut. Manière de ne pas oublier ce match que les Japonais nous ont offert sur un plateau, comme s’ils refusaient de le gagner. Merci, messieurs. Respect et sans rancune. Et vous, amis lecteurs, ne comptez pas sur nous pour cracher dans la soupe malgré les difficultés françaises aperçues face aux Brave Blossoms. Car nous avons assez mangé notre chapeau pour ne pas en profiter un peu…

Souvenez-vous donc de toutes les victoires qui ont échappé sur le fil au XV de France ces dernières années, quand il aurait mérité de l’emporter. C’est clairement tout l’inverse de ce samedi matin de juillet qui accouche d’un record de victoires (égalé) et d’une première place (à venir) au classement Mondial.

Oui, savourons ce succès de rapine mais si précieux et même pas encourageant, contrairement à tant de défaites passées qui mirent à mal nos nerfs et ruinèrent le mental de certains internationaux. Il tombe à pic et vient nous rappeler toute l’ingratitude de ce sport qui n’offre pas ses médailles sur l’autel de la générosité, de la flamboyance ou du mérite ; sans quoi nous aurions été champions du monde depuis belle lurette.

Ce jeu tire sa magnificence de tous les paradoxes qu’il se plaît à faire cohabiter en permanence, à tous les niveaux et sur tous les terrains. On parle de la fureur du combat et de ces inspirations primaires qui s’opposent à la froideur des stratégies les plus rigoureuses. Le feu et la glace. C’est l’essai de Lebel au bout du laser millimétré de Vakatawa. C’est celui de Couilloud marqué à l’instinct et à la rage, derrière une mêlée dominatrice. Il y a tout du rugby, résumé ici. Et certainement beaucoup des Bleus, au terme d’une saison historique terminée sur les rotules mais sans se prendre les crampons dans l’épais tapis rouge déroulé sous leurs pas.

Cette victoire au mental, au courage mais aussi à la chance, témoigne directement des progrès réalisés par cette équipe de France, toujours en marche vers son destin mondial. En marche, mais pas encore mature et totalement prête, on l’a vu. Cela tombe bien : il nous reste quatorze mois pour débarquer au top, effectif rutilant, plan de jeu au cordeau et maîtrise à l’avenant.

Or, l’histoire du XV de France est assez riche pour témoigner de ses difficultés à enchaîner les succès et à gérer le temps long pour arriver au sommet le jour J. Souvenez-vous des Grand Chelem 1998, 2002 et 2010, tous survenus une saison avant des Mondiaux qui portaient nos espoirs. À chaque fois, la gloire fut trop précoce, sans suite. Et il nous a toujours manqué quelque chose, un infime détail ou des dizaines d’atouts en moins que l’adversaire. Fabien Galthié et Raphaël Ibanez sont trop expérimentés pour ne pas l’avoir intégré à leur flèche du temps…

Ne nous leurrons pas : même si le Grand Chelem (2022) était une étape capitale dans la construction du groupe tricolore, il deviendra une délicieuse médaille en chocolat devant le trophée William Webb Ellis. Le plus dur va ainsi commencer pour la France qui est devenue l’équipe à battre, une forme de référence et la cible parfaite pour tous ses adversaires. Elle devra pourtant apprendre à durer et à résister, grandir encore et se réinventer si elle ne veut pas avoir eu raison trop tôt. Comme tant d’autres avant elle.

C’est ici que vient l’évidence : finalement, cette aimable tournée au Japon fut une aubaine. Parce qu’elle fit grossir le palmarès et la confiance tricolore mais qu’elle nous ramène déjà les pieds sur terre. Du miel pour n’importe quel sélectionneur…

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