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Top 14 - Quatorze questions pour un champion

Par Midi Olympique.
  • Quatorze questions pour un champion.
    Quatorze questions pour un champion.
Publié le Mis à jour
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Qui succédera à Montpellier le 17 juin prochain, et endossera le titre de 123e champion de France de l’histoire, dont il sera le tenant lors de la grand-messe de 2023 ? C’est bien cette interrogation qui nous accompagnera pendant 10 mois, durant lesquels chaque club devra lever les doutes qui l’accompagnent…

Toulon : Mignoni - Azéma, première à balles réelles

Face à l’Aviron Bayonnais, le duo de managers du RCT connaît son baptême du feu en match officiel. L’association, qui fait beaucoup causer sur la Rade, a trouvé ses marques et renforcé sa complémentarité durant la présaison. Si Galthié s’amuse du « il faut qu’on s’entraîne à entraîner », Mignoni et Azéma ont inventé une formule : « Il faut qu’on s’entraîne à manager en duo ». Lors des amicaux, les deux hommes forts ont varié les plaisirs : ensemble face à l’ASMCA, Mignoni est monté en tribunes contre Toulouse avant de rejoindre le manager varois sur le banc. Cette dernière formule devrait être utilisée contre l’Aviron. S’ils se savent être « reniflés », dixit Mignoni, ils bottent en touche lorsqu’ils sont questionnés sur leur organisation : « On n’a pas attendu les amicaux pour se connaître. On travaille encore, mais ce n’est pas vraiment un sujet, a balayé Azéma. L’essentiel est d’être ensemble pour aider l’équipe. » Mignoni en orateur, Azéma en fin observateur Face à la pression du résultat, le Toulon à deux têtes est-il viable ? Au Campus, la complémentarité des deux profils s’affirme. À effectif complet, le RCT se scinde en trois groupes entre Mignoni, Azéma et Gray. Le consultant aux attitudes aux contacts a déjà pris du galon. Les situations de match sont guidées par la voix explosive de « Pierrot », tandis que son compère analyse l’ensemble. Une nouvelle épreuve se dresse devant le tandem. Qui aura le dernier mot en match ? « Nous prendrons les décisions ensemble pour le bien du club, et si on commence à penser à ça, on ne va pas se régaler, a grincé Azéma. On doit rester spontané, avec nos qualités. On connaît le métier. On ne se bride pas, et on ne doit pas être la moitié de nous-même. On veut apporter l’un à l’autre pour l’équipe. » Vous l’avez compris, il n’est pas question d’égo pour l’heure, mais de bien commun.

 

Montpellier : les joueurs ont-ils digéré les fêtes ?

C’est bien connu. Les années qui suivent les titres sont toujours délicates à gérer. On reprend la saison plus tard, avec parfois un peu moins d’appétit parce que l’on vient d’accomplir quelque chose d’exceptionnel, et avec le statut d’équipe à battre. Souvent, cela donne des débuts de saison chaotiques. Ou pas, comme l’avaient bien montré les Toulousains lors de la saison dernière: malgré le doublé Coupe d’Europe/Top 14, les Haut-Garonnais s’étaient directement installés en tête de classement. Leur recette ? Pas mal de repos (6 semaines) après une saison à rallonge, et pas de match amical. Mais la recette magique n’existe pas. Bien sûr, les Héraultais ont pris le maximum de repos possible. Et ils n’ont joué qu’un match amical (contre Lyon) à l’issue de leur stage en Corse («Cela ne veut plus rien dire de disputer trois matchs amicaux pour préparer des saisons de 25 ou 30 rencontres», nous confiait récemment Philippe SaintAndré) lors duquel ils se sont plutôt bien comportés. Mais ontils vraiment «digéré» le titre, comme le veut l’expression consacrée ? «Si on a digéré ? C’est difficile à dire... posait PSA. J’ai l’impression que ça va, mais tant qu’on est pas dans l’action, à la Rochelle, dans une atmosphère hostile... on va voir comment on réagit !» De toute façon, ce seul match à la Rochelle n’apportera qu’une réponse parcellaire. La réponse, les Cistes l’apporteront tout au long de la saison. Mais pour l’heure, les Cistes vont savoir s’ils sont prêts à affronter le Top 14: « On va vite voir où on en est ! Contre les champions d’Europe, devant leur public. Cela va être un vrai test. On va voir si on est au niveau, si on a digéré notre titre... On rentre dans le vif du sujet et c’est tant mieux.»

 

Bordeaux-Bègles : la cohabitation joueurs-entraîneur peut-elle tenir ?

Après la tempête de fin de saison, l’été a été calme. Trop ? Les différents protagonistes ont cherché à éteindre l’incendie que staff et effectif de l’UBB avaient eux même allumé. Dernier en date, Cameron Woki, qui dans ces colonnes tente d’expliquer que son transfert au Racing était prévu de longue date, et qu’il n’y a eu aucune urgence à sa signature avec les Franciliens, même si elle a eu lieu le tout dernier jour des mutations… Tout aurait été réglé, soldé lors durant l’intersaison, et une semaine qui selon le programme concocté par Christophe Urios était estampillée : Un pour tous, tous pour un ». Staff et joueurs seraient donc sur la même longueur d’ondes au coup d’envoi de la saison. Le président Laurent Marti, a quand même tenu, chez nos confrères de Sud-Ouest, à conforter Christophe Urios dans ses prérogatives : « Je me suis battu pour qu’il prolonge. Je pense qu’il peut beaucoup apporter à cette équipe même s’il a de son côté des points d’amélioration sur lesquels il réfléchit ». Soit, pourtant en coulisses, certains joueurs et non des moindres ont déjà fait état à leurs conseil ou agent de leur envie d’ailleurs, notamment en raison du contrat longue durée (2025) dont bénéficie le manager. Le début de saison s’annonce crucial et notamment les trois premières journées avec les réceptions de Toulouse et Castres, entrecoupées d’un déplacement chez les champions de France. De quoi permettre d’analyser si la cohésion du groupe bordelais visà-vis des entraîneurs est solide ou simplement une façade. P

 

Racing 92 : l’Arena est-elle devenue un handicap ?

Il fut un temps où se déplacer à la Paris - La Défense - Arena était synonyme de mauvais temps pour les adversaires du Racing 92. Souvenez-vous des premières rencontres disputées dans cette enceinte 3.0. Jacky Lorenzetti avait promis du spectacle, il n’avait pas menti. Exit « les bains de boue » comme le patron du club francilien aimait le dire, place avait été faite à un rugby alliant vitesse et déplacement. Une pelouse synthétique dernière génération, un effectif taillé pour courir vite et un projet de jeu tirant la quintessence des deux premiers éléments, voilà ce qu’était le Racing 92. Résultats ? Des essais en pagaille et une équipe régulièrement en tête du classement des meilleures attaques du Top 14. Sauf que. Passé l’effet de surprise, les adversaires ont apprivoisé les conditions de jeu de l’Arena. Et très vite, la meilleure attaque du Top 14 à domicile est aussi devenue une des plus mauvaises défenses. La saison dernière, les joueurs de Laurent Travers ont subi deux défaites dans leur salle de spectacle. Rien de déshonorant. Toutefois, les difficultés rencontrées dans le jeu d’avants conjugué à cette opposition devenue également très « joueuse » – le Racing n’est plus le seul club a constamment évoluer sur une pelouse synthétique ou hybride – a conduit le staff à revoir sa politique. L’effort a été fait dans le recrutement sur des joueurs peut-être moins mobiles, mais bien plus denses tel le deuxième ligne Veikoso Poloniati (2,03 m, 130 kg). L’arrivée de Rory Teague, aux ambitions de jeu plus pragmatiques, n’est pas non plus anodine. Ces éléments laissent penser que l’Arena ne procure plus ce petit avantage et que le staff du Racing l’a bien compris.

 

Bayonne : l’après-Bru : trop de changements pour un maintien ?

L’Aviron Bayonnais a retrouvé le Top 14, mais sans jouer la carte de la continuité. Le manager a changé avec le départ de Yannick Bru, remplacé par Gregory Patat. La situation est finalement assez rare. L’effectif aussi a été clairement changé avec quelques recrues de niveau international. Maxime Machenaud et Camille Lopez, ça a quand même de l’allure. Ce fut la charnière du XV de France dans les années 2010. L’Aviron commence clairement un nouveau cycle, est ce le bon moment quand on change de division ? On verra ce que ça donnera dans la bataille pour le maintien qui s’annonce avec les Brive, Perpignan, concurrents désignés. Mais d’autres peuvent se présenter

 

Clermont : Penaud, sujet brûlant ?

Il est le dernier Clermontois à être encore un régulier du XV de France. Pas une mince affaire, pour un club qui comptait encore dix joueurs en Bleu lors de la Coupe du monde au Japon (2019). Problème : Damian Penaud est en fin de contrat à la fin de la saison et rien ne dit qu’il va prolonger. La tendance actuelle penche même plutôt du côté d’un départ, le Racing 92 et Toulouse en destinations privilégiées. À ce sujet, le joueur entretient le suspense : « Mon avenir est un peu flou. J’ai envie de me laisser du temps de réflexion. Je prendrai ma décision en mars après le Tournoi. J’attends de voir comment Clermont va évoluer, pour voir si l’équipe sera compétitive dans les deux compétitions. » Pas de quoi franchement rassurer ses supporters en Auvergne. D’autant que, après deux saisons franchement poussives (5e et 7e du Top 14), les Auvergnats en perte de vitesse ont besoin de rassurer. En interne, comme en externe, un départ de Penaud serait un bien mauvais signal envoyé. Et un écueil supplémentaire en milieu de saison.

 

Pau : condamné au ventre mou ?

Dixième au terme de la saison dernière, la Section paloise a entamé une progression avec l’arrivée de Sébastien Piqueronies. Reste à savoitr si la formation paloise peut viser plus haut, elle qui avait sept points d’avance sur Perpignan et donc la treizième place au terme de l’exercice précédent, mais surtout vingt de retard par rapport à une éventuelle sixième place synonyme de qualification. Néanmoins, les Palois étaient toujours dans la course à quatre journées de la fin, ce qui peut laisser à penser qu’ils peuvent encore se rapprocher un peu plus des places qualificatives et tenir la cadence lors du sprint final et ainsi s’éviter une place dans un Top 14 qui ne devrait pas être bedonnant. 

 

Lyon : « Garba », une greffe à prise rapide ?

D’aucuns parleraient de cadeau empoisonné au sujet de la succession de Pierre Mignoni à Lyon, après un règne long de sept saisons conclu sur un titre européen. Une gageure que Xavier Garbajosa voudra pourtant relever, soucieux de ne pas révolutionner le système, tout en y apposant sa patte. « Au-delà du côté rugbystique sur lequel nous avons de relatives certitudes, il était nécessaire de rentrer dans une certaine individualisation, nous confiait « Garba » à la reprise. Le but étant de proposer un rugby qui ressemble au caractère et aux caractéristiques de nos joueurs. » Un ADN évidemment éminemment offensif, auquel le nouveau manager du Lou souhaitera greffer la part d’agressivité et de constance qui semblait parfois manquer aux Rhodaniens ces derniers mois. Sacré pari...

 

Toulouse : comment mieux gérer les doublons ?

La saison passée, Toulouse a payé un très (trop ?) lourd tribut durant la période de doublons, lesquels s’étaient accumulés avec le report en raison de la crise de Covid. En début d’année 2022, pendant que les nombreux internationaux brillaient avec le XV de France, le club enchaînait les défaites et avait ainsi perdu le matelas de points sur lequel il s’appuyait, l’obligeant à utiliser ses Bleus plus qu’il ne l’aurait voulu dans l’ultime ligne pour assurer la qualification. Mais ces derniers ont fini sur les rotules... Le constat fut évident pour le président Didier Lacroix, qui veut dénicher des solutions cette saison pour ne pas revivre la même chose : « Il faudra encore en trouver, sur la gestion d’effectif, avec la prise en compte des périodes internationales Chaque fois que Toulouse a été performant sur les fins de saisons, il l’a été sur les doublons. » Or, comme son manager Ugo Mola, il sait que les pensionnaires de la sélection seront encore beaucoup sollicités avec l’équipe nationale, dans une saison si particulière qui mènera jusqu’au Mondial 2023. Parmi les enseignements tirés lors de la grosse remise en question effectuée en début d’été, il fut question de responsabiliser encore davantage la jeunesse toulousaine. Si les Placines, Neti, Ahki ou Meafou doivent définitivement assumer leur statut de cadres quand les autres patrons ne sont pas là, les Cramont, Ainu’u, Mallez, Brennan, Youyoutte, Graou ou Delibes ont l’occasion de vraiment changer de dimension. Le staff entend ne pas se montrer frileux avec eux pour les mettre en confiance. C’est une des rasions pour lesquelles, si le besoin de recrues était grand derrière, seul Alexandre Roumat est venu renforcer le paquet d’avants.

 

Brive : quelle identité de jeu pour cette équipe ?

À quoi va ressembler le CABCL ? Historiquement reconnu pour son jeu d’avants et son expertise de la conquête, qui ont permis de mener à bien de nombreuses opérations maintien, les Corréziens ont entamé une mutation assumée depuis quelques années. Sur leur pelouse hybride, ils veulent développer un jeu plus entreprenant et plus spectaculaire. Il faut dire, que dans la ligne de trois-quarts notamment, ils possèdent quelques solites qui offrent ce profil, tels Olding, Tuicuvu, Bituniyata, Lee, Hervé ou Jurand. Pour autant, lorsque la situation devenait tendue sur le plan comptable lors du dernier excercice, il a aussi fallu revenir aux fondamentaux. Ce groupe est-il équipé pour cela ? Nul doute qu’il cherchera à trouver le bon équilibre.

 

Perpignan : Marty, au bon moment ?

La lutte pour le maintien est épuisante. Il faut rester optimiste pendant vingt-six journées tout en se préparant à disputer un vingt-septième match décisif. Il faut une énergie de tous les instants. L’arrivée de David Marty, plus jeune entraîneur à la tête d’une équipe de Top 14 cette saison, va permettre à Perpignan de débuter cette nouvelle saison avec une nouvelle frâicheur tout en gardant les connaissances acquises l’an passé avec Patrick Arlettaz toujours présent auprès du staff piloté par l’ancien trois-quarts centre. C’est aussi l’occasion d’éviter une redondance dans les discours d’une saison à l’autre. C’est certainement une des clés dans la quête du maintien.

 

Paris : Parra, le patron qu’il fallait pour réveiller le club ?

En manque cruel de caractère au cours de la saison dernière, le Stade français tente de reconstruire un nouvel état d’esprit. C’est avec cette idée qu’a été orchestré le recrutement de Morgan Parra. « L’expérience de Morgan, sa maturité et sa façon d’emmener les mecs à l’approche des matchs, ça va leur faire du bien aux Parisiens, souligne son ancien partenaire Damian Penaud. Pour en avoir discuté avec Sekou (Macalou), il m’a dit que ça avait déjà porté ses fruits. Je suis sûr que Morgan sera un joueur important dans la construction du projet du Stade français et dans l’accompagnement des jeunes. Avoir un tel joueur dans une équipe, c’est forcément un atout. Pour Paris, c’est vraiment une bonne pioche. » Parra, tel le messie, changera-t-il la donne ? La question est légitime. Mais, s’il y en a un qui peut le faire, c’est bien lui ! 

 

Castres : un recrutement intelligent ou dangereux ?

Le CO et sa cellule de recrutement gardent le cap. Hormis l’opportunité Nakarawa, saisie au bond sur la fin du marché, le recrutement estival du CO se résume à six joueurs jeunes et pour la plupart français, issus du Pro D2. Les Séguret, Maravat, Doubrère, Azar et Usaraga seront-ils au niveau attendu pour exister en Top 14 ? C’est le principe même d’un pari. On ne sait jamais si il y aura un retour sur l’investissement. À l’heure où le championnat promet d’être plus relevé que jamais et que Castres, dernier finaliste et auteur d’un Top 14 remarquable la saison passée, voudra aussi jouer sur le tableau européen, ce recrutement sera-t-il suffisant ? Réponse dans les prochaines semaines, même si on peut faire confiance à Pierre-Henry Broncan, qui n’a pas l’habitude de se tromper, d’autant plus qu’il a su aussi prolonger tous ses cadres.

 

La Rochelle : la concurrence exacerbée, une vraie bonne idée ?

Le recrutement des Champions d’Europe n’est pas passé inaperçu. Les arrivées conjuguées d’Hastoy, Tanga, Thomas, Lespiaucq-Brettes, ou encore Seuteni ou le solide Irlandais Dillane ont marqué les esprits. C’était une volonté du staff et en particulier de Ronan O’Gara qui clamait depuis sa prise de fonction l’an passé, « vouloir deux titulaires pour chaque poste » C’est chose faite avec une première conséquence dévoilée par le patron du sportif du Stade Rochelais lui-même, lors de son rendez-vous avec la presse qui présentait la saison. « Cela permet d’avoir pas mal de compétitivités lors des séances. On va avoir des décisions plus difficiles à prendre pour les compositions », indiquait-il avant que son adjoint Sébastien Boboul ne complète son propos. « Il nous fallait un effectif conséquent. La saison passée, on s’est rendu compte sur certaines rencontres, qu’il nous manquait des joueurs. Quand on a tout le monde, une compétition s’installe sur le terrain, et nous pouvons compter sur des séances d’entraînement de très grande qualité ». Une concurrence exacerbée qui s’est bien passée, en l’absence de compétition mais qui sera maintenant plus ardue, non pas à maintenir, mais contenir dans un climat social apaisé. Pour cela, Ronan O’Gara explicitait, que pour se renforcer La Rochelle avait cherché des bons joueurs mais s’était aussi intéressé à l’humain. « Nous nous focalisons aussi sur l’homme. Avoir un homme heureux, pour avoir un joueur content. Pour cela avec le staff, nous avons effectué pas mal de rencontres individuelles, avant et après signature. Il s’agissait de favoriser l’intégration au club des recrues ». Reste maintenant à voir tout cela en pratique. Sur le papier, cela paraît terriblement excitant.

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