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Reportage - Aurillac ou l’art de la débrouille

Par Tristan FAILLER
  • Depuis plusieurs saisons déjà, Roméo Gontinéac et ses hommes composent avec les moyens du bord. Exemple ici, avec un entraînement à Baradel sur un terrain partagé avec le club de football de la ville.
    Depuis plusieurs saisons déjà, Roméo Gontinéac et ses hommes composent avec les moyens du bord. Exemple ici, avec un entraînement à Baradel sur un terrain partagé avec le club de football de la ville. Stade Aurillacois - Stade Aurillacois
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Aurillac évolue dans un environnement de travail qui doit être amélioré mais les finances sont limitées. Malgré les difficultés, l’inventivité et l’adaptation permanente sont devenues des habitudes.

Au-delà d’une rencontre de championnat, c’est un véritable choc des mondes qui aura lieu au Stade des Alpes ce vendredi. Leur adversaire, Grenoble, détient le 1er budget de Pro D2 (13 400 000 euros) quand les coéquipiers de Didier Tison se classent 14e (5 964 000 euros). Les Aurillacois se placent juste devant Massy et à quasi-égalité avec Carcassonne. Chaque saison, le classement des budgets est en corrélation avec le classement final, sauf quelques exceptions. Malgré cette réalité, le président Christian Millette affichait en début de saison des ambitions de qualification. Alors qu’est-ce que le quotidien d’une des plus pauvres équipes du Pro D2 ? « On s’adapte », « on se débrouille », « on fait avec » : voilà les premières expressions lorsqu’on questionne les joueurs. « Mais ces conditions ne se ressentent pas lors des matchs je crois, et c’est ce qui compte le plus », ajoute le demi de mêlée Hugo Bouyssou.

Trois lieux d’entraînement

L’analyse vidéo prévue à 9 heures illustre d’emblée l’adaptation. La séance a lieu à la Maison des sports, dans un petit amphithéâtre prêté par le département. Ensuite, juste derrière ce même bâtiment, direction le terrain d’entraînement de la Ponétie où le staff a obtenu un créneau pour organiser sa matinée. « Nous ne pouvons pas nous entraîner sur la pelouse de Jean-Alric en raison d’un champignon, explique Roméo Gontinéac, le manager du Stade. Elle n’est pas en bon état, donc nous venons ici. »

Devant nous, un terrain dans un état clairement indigne pour une équipe de Pro D2. Asséché, poussiéreux et parsemé de trous, ce même terrain a servi aussi de camping lors du festival de Théâtre de rue fin août. Pas étonnant donc que l’arrière Peter Nelson se soit, devant nos yeux, blessé à la cheville en se réceptionnant un ballon dans un de ces trous, victime d’une très grosse entorse. On sentait de l’agacement concernant le jeu proposé mais aussi dans les conditions de l’entraînement, sans doute pas dissociables. « Il est vraiment mauvais le terrain », entendait-on pendant les moments de pause. Parfois, les joueurs du Stade s’entraînent aussi sur le terrain de Baradel, partagé avec le club de football de la ville. Avec Jean-Alric, cela fait donc trois lieux d’entraînement différents.

« Est-ce que tu préfères un certain confort et peut-être ne pas jouer, ou être à Aurillac, s’adapter mais être sur le terrain et progresser.. »

Hugo BOUYSSOU, demi de mêlée

Une fois la matinée terminée, à la pause du déjeuner, chaque joueur rentre chez lui puis se rend au stade Jean-Alric, à 14 h30. « C’est un de nos soucis principaux, raconte Roméo Gontinéac. On aimerait qu’ils puissent faire une journée en continu au même endroit. Poser leur voiture le matin et ne repartir qu’en fin de journée. » Bien que les déjeuners en famille soient une bonne chose pour les joueurs, cela reste une problématique sportive qui empêche une vraie concentration tout au long de la journée. Son de cloche similaire pour Hugo Bouyssou qui aimerait un lieu de vie collectif. « Ce qui manque un peu à mon sens, ça serait d’avoir une salle de vie où on prend le petit-déjeuner ensemble, où on peut se retrouver hors terrain. Ça semble anodin mais c’est important. Moi je n’ai connu que ça mais je discute avec les autres joueurs, il y a plus de confort ailleurs c’est sûr. Après, est-ce que tu préfères un certain confort et peut-être ne pas jouer, ou être à Aurillac, s’adapter mais être sur le terrain et progresser… »

Se construire dans la difficulté

Pour la séance de l’après-midi, le demi-terrain synthétique oblige le staff à diviser les séances entre avant et trois quarts puisque tous ne rentrent pas pour une mise en place commune. Quand les uns sont sur le petit carré vert, les autres sont à la musculation et vice-versa. Une salle de 80 m2 qui elle aussi ne peut pas accueillir l’ensemble de l’effectif en même temps. Pour autant, l’entraîneur adjoint Jérémy Wanin y voit lui du positif : « Cette atmosphère de contraintes, d’ajustements, cela renforce la cohésion et la force de caractère de cette équipe je crois. Le groupe se construit dans cet environnement, c’est un mal pour un bien. » Afin d’optimiser le quotidien, la direction a investi pour la première année dans des balises GPS, qui étaient déjà légion au sein du paysage professionnel depuis plusieurs saisons déjà. La partie médicale a aussi été améliorée avec du matériel, des ressources humaines, un bassin de récupération et des appareils de compression. Ces quelques modifications viennent reverdir un système D devenu coutume. Des habitudes que l’on inculque tôt dans les équipes jeunes et que les joueurs assimilent en franchissant les catégories. Avec l’un si ce n’est le meilleur centre de formation de Pro D2, le club s’appuie sur ses jeunes et structure un modèle qui fonctionne plutôt bien malgré les à-côtés pas forcément idéaux. Et comme le dit le dicton, le Stade aurillacois c’est « bien plus qu’un maillot », c’est une manière de vivre.

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