INFO MIDOL : un traitement contre les commotions est à l’étude

Par Marc DUZAN
  • Keith Earls (Irlande) avait subi une commotion cérébrale lors d'Irlande-Australie, le 9 juin 2018.
    Keith Earls (Irlande) avait subi une commotion cérébrale lors d'Irlande-Australie, le 9 juin 2018. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
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Sous l’impulsion du neurologue Jean-François Chermann, l’hôpital Pompidou de Paris réalise actuellement une batterie d’examens chez des sportifs et sportives récemment commotionnés afin de tester chez eux un nouveau traitement innovant. La recherche s’apprête-t-elle à vaincre les commotions cérébrales ?

Le rugby n’est pas plus traumatisant que le football, l’équitation ou la boxe anglaise. Sport de combat collectif par excellence, il est néanmoins surexposé à la problématique des commotions cérébrales. Le dernier France- Afrique du Sud a par exemple recensé cinq commotions quand plus en amont, Carl Hayman et plusieurs dizaines d’anciens joueurs internationaux ont attaqué World Rugby en justice pour mise en danger de la vie d’autrui. Jean-François Chermann, neurologue et ancien rugbyman, explique en préambule que si le rugby fut le sport ayant le plus rapidement pris en compte le danger des commotions cérébrales, la pratique n’en demeure pas moins épargnée, à tel point que l’on dénombre selon lui 0,31 commotion par match de Top 14, soit un K.-O. tous les trois matchs par effectif professionnel.

Qu’est-ce qu’une commotion ? Et comment se caractérise-t-elle ? Au vrai, elle est le plus souvent prolongée par des symptômes allant du simple mal de tête à l’amnésie, en passant par une sensation de vertiges. Elle peut également s’accompagner de "céphalées", c’est-à-dire une vision dédoublée de l’environnement. Au-delà de ces symptômes plutôt courants et qui disparaissent au bout d’une quinzaine de jours dans la plupart des cas, Chermann fait état d’un phénomène nouveau et qu’il appelle "syndrome de l’automate" : ici, l’individu commotionné demeure sur le terrain dans un état second et continue d’exercer des gestes machinaux, à la façon d’un robot ; il peut aussi, en certains cas, apparaître chez le sportif commotionné une impression de "déjà-vu", où le joueur croit pouvoir être capable de prévoir l’action sur les dix prochaines secondes. Une impression bien évidemment fallacieuse… Concernant les complications à long terme, de plus en plus d’études documentent le risque de développer une maladie neurodégénérative de la classe des tauopathies : l’encéphalopathie chronique post-traumatique. Bien que ses mécanismes restent méconnus, la CTE a été définie comme une maladie neurodégénérative à début retardé : les symptômes apparaissent en milieu de vie ou des décennies après l’exposition. Là encore, tous les sports sont concernés. Des cas ont été observés dans la boxe, le football américain, le hockey sur glace, le rugby, l’équitation et le football, où l’accumulation de "têtes" peut parfois provoquer des microlésions dans le cerveau. Par exemple, on sait maintenant, et après l’examen de son cerveau, que l’un des plus grands boxeurs de l’histoire, l’Américain Sugar Ray Robinson (1921-1989), en est mort.

Une batterie de tests à Pompidou

Mais une lueur d’espoir subsiste-t-elle au sujet du problème des commotions dans le sport ? Cela se pourrait : en effet, une stratégie thérapeutique novatrice et fondée sur une exposition à la lumière infrarouge, issue de lasers à basse intensité, constitue aujourd’hui une piste à explorer selon les chercheurs français et nord-américains. Ici, l’idée consiste à exposer à cette lumière certaines parties du cerveau, la lumière infrarouge étant en capacité de pénétrer à quelques millimètres de profondeur sans causer la moindre douleur. Après des résultats prometteurs chez les rongeurs (chez certains cobayes, la lésion traumatique initiale a été considérablement réduite par le laser), mais aussi chez des grands traumatisés crâniens, tels des vétérans de guerre, cette technique est en ce moment évaluée à grande ampleur, à Paris. Depuis la semaine dernière et sous l’impulsion des spécialistes Jean-François Chermann et Philippe Malafosse, l’hôpital Georges-Pompidou, au sein du service du professeur Jouven, réalise donc des batteries de tests chez des sportifs et sportives ayant récemment été commotionnés. Et pour avancer dans leurs recherches et peaufiner leur technique, les chercheurs ont aujourd’hui besoin de davantage de volontaires. Pour toute prise de contact, si vous avez été victime d’une commotion il y a moins de trois jours et avez plus de 18 ans : jfchermann@gmail.com

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