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Laporte - Guerres et lauriers : le vrai bilan de ses six ans

  • De l’obtention de la Coupe du monde 2023 à cette affaire "Laporte-Altrad" en passant par le renouveau du XV de France avec Fabien Galthié à sa tête, Bernard Laporte est passé par toutes les émotions… Photos Icon Sport
    De l’obtention de la Coupe du monde 2023 à cette affaire "Laporte-Altrad" en passant par le renouveau du XV de France avec Fabien Galthié à sa tête, Bernard Laporte est passé par toutes les émotions… Photos Icon Sport
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Si l’actualité de Bernard Laporte est évidemment sinistre, l’ancien sélectionneur des Bleus a également connu son lot de réussites, en six ans de règne. Laporte président ? Voici ce qu’on en retiendrait aujourd’hui…

Que restera-t-il des six ans de présidence de Bernard Laporte, s’il venait à partir demain ? Cette sinistre fin de règne, largement emplâtrée par une décision de justice portant lourdement atteinte à l’image du rugby français ? Ou le reste, soit la façon qu’eut Bernie, aux premières années de son mandat, de faire bouger les lignes ? À l’heure du bilan, l’ancien sélectionneur du XV de France comptera comme souvent des fidèles qui défendront son bilan jusqu’à la mort, et des opposants n’ayant jamais supporté le vent d’affairisme qui accompagna sa présidence et la piétineront dans sa globalité…

2023, son bébé

Si l’on reprend le fil de l’histoire de façon purement factuelle, on soulignera pourtant que la politique de Bernard Laporte a connu, à ses prémices, quelques francs succès. Par exemple, s’il n’avait pas jugé opportun, voire vital, de relancer à son arrivée au pouvoir le dossier de candidature de France 2023, la Coupe du monde aurait eu lieu en Afrique du Sud ou en Irlande, l’ancien président de la FFR, feu Pierre Camou, n’ayant visiblement pas fait du Mondial une priorité. "Nous sommes repartis de zéro ou presque, disait Laporte à ce sujet, lors de son procès. Nos prédécesseurs n’avaient ici rempli qu’un dossier de courtoisie. Cette réussite est donc la nôtre : nous avons combattu jour et nuit pour rattraper le retard accumulé sur nos rivaux dans cette course au Mondial." Il est ici impossible de donner tort à Bernie, qui a mis son énergie et son réseau au service d’une cause qu’il jugeait noble.

Les Bleus, son autre succès

L’autre réussite majeure de Laporte ? Le XV de France, sans nul doute. Lors de la même audience, au tribunal correctionnel de Paris, il disait d’ailleurs ceci : "J’ai quitté le giron professionnel et brigué la présidence de la FFR parce que le rugby français reculait. Je voulais faire revivre un XV de France en plein déclin : je savais que si l’étoile de l’équipe nationale se remettait à briller, le reste suivrait et les licenciés reviendraient." Alors, Laporte, qui avait d’abord pensé à Warren Gatland au poste de sélectionneur, a pété sa tirelire pour s’offrir un staff XXL incarné par Fabien Galthié, Laurent Labit, William Servat, Karim Ghezal, Thibault Giroud et Shaun Edwards.

"CVC" et les "CTC"

Dans la foulée, le président est encore monté au créneau pour donner à Galthié ce que ses prédécesseurs n’avaient pas eu, c’est-à-dire un inestimable confort de travail : ici, le président a fait plier la Ligue au sujet de la libération des internationaux, offert à "Galette" les 42 meilleurs joueurs français que le sélectionneur souhaitait regrouper à Marcoussis avant les grandes compétitions. Peu à peu, le XV de France a dès lors retrouvé de l’allure, gagné des titres, offert une deuxième vie à un Stade de France trop longtemps livide et stabilisé la chute des licenciés. Sur le terrain du rugby amateur, Laporte a aussi recruté 180 conseillers techniques (CTC), lesquels sillonnent aujourd’hui le territoire pour aider les clubs et leurs bénévoles à bâtir, transmettre, éduquer. Enfin, sur le plan financier, la signature du contrat avec le géant CVC – qui limitera tôt ou tard la liberté d’action de la FFR- a aussi permis de renflouer les caisses… Heureuse nouvelle : les 80 millions d’euros de trésorerie laissés par Camou avaient été disséminés dans différents projets, dont le déploiement des fameux CTC. Dans son délibéré, Rose-Marie Hunault reconnaissait d’ailleurs qu’à aucun moment et sous aucune forme, Bernard Laporte n’avait "contribué à l’appauvrissement de la fédération".

Les affaires, son péché

Ce que l’on regrette en revanche, au fil de ces six ans de présidence, c’est déjà ce contrat d’image au mieux maladroit, au pire idiot, ayant fait de Laporte "l’obligé" (tels furent, mardi dernier, les termes de la présidente du tribunal, Rose-Marie Hunault) de Mohed Altrad, le président du MHR. Ce que l’on déplore, chez Bernie, c’est cette fin de règne qui tendrait à effacer tout le reste et laissera, quoi qu’on en pense, une trace indélébile sur le rugby d’ici. Hein ? Vous avez des réserves ? Bernard Laporte était un président de fédération bénévole, ses finances étaient en souffrance (sa société BL Communications présentait lors de la signature dudit contrat un solde débiteur de 126 590 euros), avait besoin de vivre et ne pouvait refuser ce contrat ? C’est une certitude. Mais avant de le parapher, il aurait évidemment dû y discerner un conflit d’intérêts manifeste…

Les écueils du "guerrier"

Concernant Laporte, on dira également que si son tempérament "va t’en guerre" a servi les intérêts du XV de France et de Galthié, il a aussi maintes fois exaspéré les acteurs et les observateurs du rugby français. Le patron fédéral a dès son arrivée au pouvoir décrété qu’il aurait la tête de la Ligue nationale de rugby. S’en suivirent d’ailleurs, face à Paul Goze, des années de guerre de communiqués, d’attaques diverses et d’insultes variées ; un rugby de parquet qui fut indigne, imbitable. Le combat frontal fut perdu par Laporte. Il ne gagna finalement du terrain à la Ligue qu’en 2021, au gré de soutiens trouvés chez certains présidents de club. "Les tensions sont survenues en 2016 quand nous sommes arrivés au pouvoir, expliquait encore Laporte. J’avais dit au fil de ma campagne que j’irai chercher de l’argent à la Ligue pour aider le rugby amateur et ils n’étaient pas d’accord. À cette époque, ils géraient tout et surtout la catastrophe de nos équipes de France. Depuis, les choses ont changé, les rapports aussi. Et tout le monde est gagnant." Sauf lui, qui assistera peut-être au prochain Mondial en simple témoin. Il avait longtemps pensé en être "l’homme du match"…

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