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Référendum de la FFR : « Concentrons-nous sur l’unité »

  • Alexandre Martinez (trésorier de la FFR) et Jean-Marc Lhermet (Ovale ensemble)
    Alexandre Martinez (trésorier de la FFR) et Jean-Marc Lhermet (Ovale ensemble) FFR/Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À quelques jours du référendum qui verra (du 23 au 26 janvier) les clubs approuver ou refuser la désignation de patrick buisson comme président délégué de la FFR, il semblait essentiel de donner une dernière fois la parole aux camps de la majorité et de l’opposition. Dernière passe d’armes entre les deux camps, avec Alexandre Martinez (Trésorier de la FFR) et Jean-Marc Lhermet (Ovale Ensemble), avant le verdict des urnes...

La mise en retrait de Bernard Laporte ayant été actée, ce référendum pour l’approbation d’un Président délégué est-il la moins mauvaise des solutions, entre vos exigences réciproques divergentes ?

Alexandre MARTINEZ : Certains ont appelé à la démission du Comité Directeur, mais les membres élus par les clubs font un excellent travail reconnu par tous. Cette demande est une manœuvre politicienne qui ne va pas dans le sens de l’intérêt général. Le Comité d’Éthique, souverain et indépendant, a choisi une voie respectueuse du droit et de nos statuts en proposant une mise en retrait et la désignation d’un Président Délégué. Bernard Laporte a suivi cet avis et la Ministre a approuvé ce principe en demandant une consultation référendaire pour l’approbation du Président Délégué. Cela démontre le fonctionnement démocratique de l’institution.

Jean-Marc LHERMET : Je ne me pose pas la question comme ça. Ce référendum est une solution insuffisante. Nous l’avons accepté parce que nous sommes légalistes. Il était demandé par le Comité d’éthique et approuvé par la ministre. Dès lors, nous l’acceptons. Mais nous l’avons dit et répété : le seul moyen d’apaiser notre rugby, ce sont les élections générales. Elles peuvent s’organiser très rapidement, en 6 semaines.

 

Craignez-vous que ce référendum se transforme d’un « oui ou non à Patrick Buisson » en un « pour ou contre Bernard Laporte » ?

A.M. : Les clubs comprennent l’importance de ce référendum en cette année de Coupe du Monde. Ils doivent décider si oui ou non, ils souhaitent maintenir la paix et la sérénité pour permettre au XV de France de se préparer efficacement, si l’équipe dirigeante élue, qui n’a rien à se reprocher, peut continuer à mener cette action positive jusqu’à la fin de son mandat. L’autre option serait de plonger le rugby français dans le chaos en engageant une campagne électorale en plein tournoi des 6 Nations, à quelques semaines de la Coupe du monde. Cela est-il vraiment responsable ? Le sélectionneur Fabien Galthié a appelé à la continuité. 2023 ne doit pas être l’année de la division, mais l’année du rassemblement pour que soit réalisée sereinement la meilleure Coupe du Monde possible.

J.-M.L. : Je ne pense pas que cela se jouera comme ça. Ce n’est pas « pour ou contre un homme », puisque Bernard Laporte s’est aujourd’hui mis en retrait. En revanche, Patrick Buisson incarne un système, celui de Bernard Laporte qui l’a désigné, de Serge Simon ou de Christian Dullin. Ce référendum doit répondre à cette question : êtes-vous pour un processus démocratique, avec l’organisation de nouvelles élections ; ou êtes-vous pour la continuité d’un système qui est au pouvoir depuis plusieurs années. Avec les résultats que l’on sait.

Jean-Marc Lhermet, membre de l'opposition Ovale Ensemble
Jean-Marc Lhermet, membre de l'opposition Ovale Ensemble Icon Sport - Dave Winter

En cas de « non », faudra-t-il en passer selon vous par des élections générales à la présidence, même si les statuts actuels ne prévoient pas ce cas de figure ?

A.M. : Si le vote est non, les statuts et l’accord avec le Ministère prévoient que Bernard Laporte puisse désigner un nouveau Président Délégué pour une nouvelle consultation. Pour arriver à des élections générales, il y a deux scénarios possibles. Le 1er est que la moitié des membres du Comité Directeur démissionnent, mais étant donné qu’aucun membre hormis le Président n’a été condamné, cela n’a pas de sens pour les bénévoles qui se sont investis pleinement. Le second scénario est que l’opposition parvienne à convoquer une assemblée générale pour démettre le Comité Directeur. Si cela arrive, il faudrait convoquer une assemblée générale élective pour désigner un Comité Directeur. Cela ferait deux assemblées à organiser, pour un aboutissement au plus tôt cet été, soit en pleine période de préparation à la Coupe du Monde.

J.-M.L. : Il m’apparaît complètement inaudible, si le « non » l’emporte aux élections, de ne pas en passer par là. Ils présentent leur meilleur candidat en la personne de Patrick Buisson. S’il échoue, tous les autres échoueront et on ne va pas s’épuiser dans une séquence qui n’en finira pas. Le rugby français serait le grand perdant. Le vendredi 27 janvier, le comité directeur actera le résultat. La ministre Amélie Oudéa-Castéra sera présente et c’est un message fort : si le « oui » l’emporte, on devra tous se mettre en ordre de bataille derrière Patrick Buisson. On le fera, pour le bien du rugby français. En revanche, si le « non » l’emporte, il faudra que le comité directeur dans son intégralité ait l’élégance de démissionner pour faire place à l’organisation de nouvelles élections. Il en va de l’intérêt général du rugby.

 

Ce sont les clubs amateurs qui se prononceront : estimez-vous que leur accompagnement et leur considération ces dernières saisons ont été suffisants pour les faire adhérer au « oui » ?

A.M. : L’équipe élue a rendu le pouvoir de vote aux clubs, augmenté les ressources, modernisé l’institution, aidé les clubs pendant la pandémie et remis le XV de France à un niveau élevé. Il y a encore du travail à faire, mais il est temps de se concentrer sur la Coupe du monde plutôt que sur la politique. L’heure est au rassemblement, à la sérénité, à la continuité.

Alexandre Martinez, trésorier de la FFR.
Alexandre Martinez, trésorier de la FFR. FFR

J.-M.L. : Le référendum sera un bon moyen d’apporter une réponse. Par les remontées que j’ai des présidents avec lesquels je discute, le message n’est pas positif. Est-ce qu’on peut penser qu’un club ou un président se satisfait de promesses non-tenues, comme celle de la prise en charge des frais d’arbitrage dès que CVC se serait engagé et qui n’a jamais connu de suite dans les faits ? Est-ce qu’ils peuvent se satisfaire de ne pas avoir de places pour le Coupe du monde, quand des personnalités proches de la gouvernance semblent en obtenir beaucoup plus facilement ? Ces dernières années, l’image de notre rugby est très négative et cela affecte directement les effectifs des écoles du rugby. Les partenaires de la FFR aussi, qui s’interrogent sur le message véhiculé par cette fédération, bien loin des vertus qui leur avaient été promues.

 

À huit mois de la Coupe du monde, l’urgence n’est-elle pas à une entente cordiale dans l’intérêt supérieur du rugby français, les prochaines élections étant prévues dans 16 mois ?

A.M. : Il n’est pas opportun de changer de cap avec le Tournoi des 6 Nations et la Coupe du Monde qui sont là. Il y a un temps pour tout. 2023 doit être celui de la raison, de la sérénité et du rassemblement. On ne change pas une équipe qui gagne, surtout pas à la veille d’une compétition cruciale pour notre avenir et notre histoire. L’équipe de France a besoin de stabilité et de continuité. Mettons de côté les différences et concentrons-nous sur l’unité. Les élections auront lieu dans 16 mois à peine. Nous avons donné le pouvoir aux clubs, ils pourront décider souverainement de leur avenir.

J.-M.L. : Je suis gêné par cette idée. Cela voudrait dire que des dirigeants au sein d’un comité directeur décident seuls, entre eux, de se mettre d’accord sur un mode de fonctionnement. Au contraire, je crois que c’est aux clubs de décider. Le rugby français n’appartient pas à 30 personnes mais à tous ses clubs. Si ces clubs disent « oui » au référendum, je le répète, nous nous mettrons en ordre de marche derrière Patrick Buisson. L’intérêt de notre rugby le réclame : l’intelligence de fonctionnement devra présider pour préserver le bon déroulé de la Coupe du monde. Mais si les clubs disent « non », alors il faudra une élection générale. Patrick Buisson se présentera peut-être, Florian Grill aussi. Peut-être une autre personne. Alors, tout le monde devra respecter le résultat de ces nouvelles élections pour se mettre en marche derrière le président, en phase avec la décision de clubs. Et tout cela peut être vite réglé, dès le mois de mars.

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