On va savoir ce que vaut vraiment cette USAP

Perpignan aime les finales. Et tout ce qui s’y apparente. Depuis celle de Pro D2 face à Biarritz, en juin 2021, les Catalans ont régulièrement su répondre présent sur les jours J. Ça avait été le cas lors des rencontres présentées comme décisives la saison passée : à Aguilera en janvier 2022, à l’occasion d’un prébarrage pour la 13e place ; face à Brive en avril puis contre l’UBB lors de la 26e journée pour se donner les moyens de croire en un maintien direct ; et, enfin, à Mont-de-Marsan, lors d’un access-match qui n’avait jusqu’alors jamais souri aux formations de l’élite. À neuf journées du verdict de la phase régulière, l’affiche de samedi au Stadium municipal revêt les allures du match à huit points : samedi soir, l’Usap sera reléguée à deux victoires du CABCL ou sera revenue à sa hauteur, voire mieux. Le décor est planté. Le scénario, lui, reste à écrire. Et les centaines de spectateurs catalans sur le point d’effectuer le déplacement à Brive peuvent légitimement se poser cette question : quel visage leurs Sang et Or offriront-ils en Corrèze ? Celui de Pau et Bayonne – les deux seuls déplacements au terme desquels ils ont ramené un point cette saison, résistant et solidaire mais fébrile à l’heure de vérité ?

Celui de Montpellier ou de Jean-Bouin, où ils avaient été à côté de leurs crampons et hors sujet ? Ou encore celui dernièrement affiché contre Clermont et Paris, audacieux, fougueux et un tantinet nerveux sur les bords ? Sur la dynamique de janvier, Jeronimo De La Fuente et ses partenaires ne méritent pas leur place de lanterne rouge : à Marcel-Michelin, avec deux essais venus d’ailleurs, ils étaient passés à quelques minutes d’un exploit mérité ; face au dauphin et à la meilleure défense du championnat, samedi dernier, ils ont inscrit la bagatelle de quatre essais, avec une nouvelle merveille de séquence collective et un maul destructeur. "Nous avions l’habitude de faire ce genre d’action, c’est même notre jeu : mettre de l’envie en étant dans l’avancée", relève Patrick Arlettaz en référence aux actions au long cours de ses joueurs, comme libérés. Face à Paris, surtout, ils ont été étonnamment performants dans la gestion des temps forts et faibles.

Des individualités en verve

Au niveau de la confiance et de la dynamique, Perpignan ne pouvait pas espérer mieux à l’heure de se déplacer chez son principal rival. "C’est un très bon moment pour l’équipe, sourit Jake Mc Intyre, particulièrement inspiré à la baguette. Les quarante premières minutes face au Stade français sont à mon avis les meilleures de notre saison. J’espère que l’on pourra jouer comme ça jusqu’à la fin de la saison. On peut faire encore mieux. Ça commence par Brive où ce sera un gros défi vu le contexte."

L’Usap peut en tout cas s’y présenter sans complexe : si l’absence de Siua Halanukonuka est pénalisante à droite de la mêlée, pour le reste, elle possède les moyens de renverser la tendance dans la course au maintien. Ses individualités en sont capables : Giorgi Tetrashvili monte en puissance à chaque sortie, Brad Shields a apporté une densité et un abattage précieux, Mamea Lemalu est de nouveau en mode perce-muraille, Jake Mc Intyre joue sur un nuage, Ali Crossdale possède une pointe de vitesse rare, Tristan Tedder est déjà de retour en forme… Alors, que vaut vraiment l’Usap ? L’embellie de janvier n’est-il qu’une passade ou affiche-t-elle enfin son véritable niveau ? Le duel de ce samedi, véritable sommet du bas de tableau, sera aussi révélateur que déterminant.