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Médias - Comment Netflix tend les acteurs du Tournoi des 6 nations

Par Vincent Bissonnet
  • Après le golf, la formule 1 ou encore le tennis, Netflix a jeté son dévolu sur le rugby.
    Après le golf, la formule 1 ou encore le tennis, Netflix a jeté son dévolu sur le rugby. SUSA / Icon Sport - SUSA / Icon Sport
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Des équipes du service de programme à la demande sont en tournage pour proposer une « série-docu inside », attendue en 2024, sur l’envers du Tournoi. Ce qui n’est pas sans provoquer quelques frictions.

Lors d’une conférence de presse du Racing 92, mi-janvier, lors du stage des Bleus à Capbreton (Landes) la semaine dernière, au Portugal où le XV du Trèfle avait délocalisé sa préparation ou au stade Olympique de Rome le week-end dernier : impossible en ce moment de ne pas remarquer la présence des équipes de tournage de Netflix, aux quatre coins de l’Europe. Après avoir redonné ses lettres de noblesse à la Formule 1, apporté une notoriété internationale au club de foot de Sunderland ou encore dévoilé les coulisses du tennis mondial, le service de programme à la demande va offrir à ses abonnés - au nombre de 230 millions début 2023 - une immersion au sein de la plus historique des compétitions de rugby au monde.

Antoine Dupont, visiblement amateur, a accueilli la nouvelle de cette « série-docu » avec enthousiasme : « C’est important de pouvoir partager avec les supporters ce qu’il se passe de l’intérieur. C’est ce qui leur plaît. » Pour le sélectionneur de l’Italie, Kieran Crowley, son sport a tout à y gagner : « Je pense que nous avons le devoir de promouvoir le rugby alors que les tests-matchs sont devenus ennuyeux à bien des égards. » Nul doute que cette plongée dans les coulisses ravira les adeptes autant que les curieux.

Sexton aurait dit non, les Bleus balisent

Au-delà de cette promotion en mondiovision attendue sur les écrans pour l’année prochaine, le gain est d’ores et déjà financier pour l’organisateur et ses entités. Même si l’enveloppe paraît relativement modeste en comparaison des droits télés : chaque Fédération a reçu 113 500 € pour cette première saison, la somme pouvant atteindre 140 000 € en 2024 si le succès était au rendez-vous. Si les dirigeants ont validé le principe, entraîneurs et joueurs se montrent plus partagés, voire réticents pour certains. Aux yeux d’une frange des participants, ce qui se passe dans le vestiaire est censé y rester : « Nous n’avons aucun droit sur l’éditorial et c’est un peu préoccupant, a réagi Warren Gatland. Quand tu veux obtenir le meilleur de tes joueurs dans le vestiaire, certaines phrases ne sont peut-être pas appropriées pour une diffusion. La dernière chose que nous voulons, c’est être fade, mais il faut aussi voir comment on se protège. » 

Le technicien parle en connaissance de cause, lui qui a connu le procédé avec les Lions britanniques et irlandais. Tadgh Furlong, aussi : « Le danger avec les caméras est qu’elles aient une influence sur le comportement des gars alors qu’il faut rester soi-même. » Conserver l’intimité et l’authenticité d’une vie de groupe est un enjeu. Les considérations stratégiques en sont une autre. « Je ne sais pas à quel point l’on peut s’autoriser à dévoiler la propriété intellectuelle de notre rugby », interroge le pilier droit irlandais.

Les sélectionneurs ont d’ores et déjà imposé leurs vues. Le stage du XV du Trèfle, en Algarve, avait mis en lumière le grand écart potentiel entre ce que certains veulent montrer et ce que d’autres entendent préserver. Andy Farrell avait ainsi fermé la porte du vestiaire et de la salle de vie aux cameramen de « Box to box », la société britannique chargée du tournage. Par ailleurs, Netflix s’est vu opposer des refus de joueurs vedettes amenés à devenir des personnages principaux du récit. Selon la presse irlandaise, Jonathan Sexton aurait ainsi décliné. À Rome, la proposition de mettre les Français « sur écoute » a aussi été éconduite. De manière générale, le staff des Bleus a balisé le champ d’action des reporters. Certaines séquences seront transmises directement par Bastien Mathieu, le reporter habituel des Bleus… passé par « Box to Box .

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