Top 14 - Toulon : la délocalisation fait enrager les clubs de supporters varois

Par Mathias Merlo
  • Les fans toulonnais en colère pour la délocalisation au Vélodrome
    Les fans toulonnais en colère pour la délocalisation au Vélodrome Icon Sport - Icon Sport
Publié le
Partager :

TOP 14 - En plus de délocaliser la rencontre face à La Rochelle, les dirigeants du RCT ont pris le pari, malgré un contexte plutôt défavorable sur le papier (6 Nations, période de vacances scolaires…), de jouer Toulouse au Vélodrome. À l’approche de ce rendez-vous, les supporters varois ne décolèrent pas de cette décision.  

"Le RCT, c’est Mayol. Stop aux delocs." Mardi matin, une banderole placée par un anonyme a été accrochée à l’entrée de l’enceinte varoise. Si la forme n’a pas été plébiscitée par les principaux clubs de supporters, le fond est largement partagé. En septembre dernier, ils étaient unanimes pour s’opposer à leur direction. Personne ne voulait d’une deuxième délocalisation au Vélodrome. « Notre première réaction a été claire : "Ils font chier", expose Manu Bielecki, président des Zacrau du RCT. "On se faisait une joie de bien recevoir Toulouse à Mayol, dans un stade qui aurait sûrement été à guichets fermés. Là, ça embête tout le monde et l'engouement n'y est pas."

Julien Perpère, président des Fils de Besagne, prend la balle au bond de son confrère. "Il y a deux types de supporters : ceux qui y vont en traînant des pieds, ceux qui sont en colère et qui n’y vont pas. Au-delà de ça, on se sent doublement trahis par cette décision. On a été mis devant le fait accompli, trente minutes avant l’annonce officielle, alors que notre direction se targue d’être dans l’échange avec les membres de sa famille... Deuxièmement, le deal avec les supporters lors de la campagne d’abonnements n’a pas été respecté puisque le RCT a communiqué sur une seule délocalisation. J’ai parfois l’impression qu’il y a une nouvelle règle qui stipule que Toulon a match perdu si on ne joue pas Toulouse au Vélodrome. La direction du club a fait le choix de privilégier le business au sportif en jouant ce rendez-vous sur un terrain neutre."Les "FDB"n’apporteront pas de tambours, ni leur bâche qui les accompagne d’habitude à Mayol comme à l’extérieur. Autre club de supporters d’envergure, les Fadas du RCT n’animeront pas les travées de l’enceinte phocéenne.

La saison dernière Toulon s'était imposé 19-15
La saison dernière Toulon s'était imposé 19-15 Icon Sport - Icon Sport

Par la voix de son directeur exécutif François Pesenti, le RCT se défend de son choix. "Comme exprimé, le club n’a pas compris le choix de la LNR de placer cette rencontre au mois de février. Pour nous, la Fête du Rugby est incontournable pour le rayonnement de notre club au sein du bassin sud-est, ainsi que pour le rugby français. On aurait aimé que ça ne se passe pas comme ça. Mais après beaucoup de réflexions, nous avons eu la volonté de ne pas renoncer à ce traditionnel Toulon – Toulouse au Vélodrome. Je ne suis pas Toulonnais, je le dis de manière neutre, mais c’est une énorme fierté pour le club et ses supporters de remplir ce stade. C’est le seul club en dehors de l’OM capable de générer de la ferveur dans le deuxième plus gros stade du pays. Marseille n’a pas de club de rugby de haut-niveau, mais elle a fait de Toulon son club."

Pour le RCT, il fallait aussi combler un trou inattendu dans le budget de fonctionnement. Selon nos informations, le dernier Toulon – Toulouse avait eu une incidence positive de 400 000€. Une somme qui n’aurait pas été atteinte, selon les projections, avec la seule venue du Stade Rochelais.

La crainte qu’une exception devienne la norme

À quelques jours de l’événement, plus de 40 000 billets ont été édités pour ce Toulon - Toulouse. « C’est un objectif satisfaisant, ajoute le dirigeant varois. On essaie aussi bien de répondre aux problématiques de nos supporters, notamment en termes de logistiques avec des cars mis à disposition, qu’au maintien d’une dynamique positive auprès des partenaires régionaux et notamment avec le territoire des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. »

De quoi rééditer l’expérience d’une double délocalisation l’an prochain ? "Au niveau du contrat avec la mairie de Toulon et de l’exploitation de Mayol, nous avons la possibilité de jouer deux matchs en dehors de notre stade, confirme l’intéressé. L’an prochain, la décision n'est pas actée. Le Vélodrome accueillera un match du 6 Nations et la finale du Top 14. On va tenir compte de cela et de notre propre calendrier pour tenir un plan de bataille." Toujours d’après nos indiscrétions, la possibilité d’une saison à deux délocalisations au Vélodrome est largement évoquée en interne du côté du RCT Campus. Ce scénario a même été travaillé par des équipes.

Une projection qui hérisse les poils de Julien Perpère. "On ne prend en compte aucun contexte. Il y a 15 ans, on est partis au Vélodrome parce que Mayol était trop petit. Aujourd’hui, on est très loin d’être à l’étroit dans notre stade. La direction accuse la LNR, mais elle n’est pas fautive de cette double délocalisation. La direction n’entend pas la colère des gens. Les supporters se mobilisent contre. Ils le crient, mais la direction n’écoute pas. Il y a une fracture entre les supporters et les dirigeants. Cette deuxième délocalisation a agrandi cette fracture et cela pourrait perdurer à l’avenir."

La possibilité d’une saison à deux délocalisations au Vélodrome est largement évoquée en interne du côté du RCT
La possibilité d’une saison à deux délocalisations au Vélodrome est largement évoquée en interne du côté du RCT Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport

Le constat est partagé par Manu Bielecki. "Je crains aussi cette possibilité. Si c’est le cas, la direction le sentira passer lors de la prochaine campagne d’abonnements. Tu ne peux pas attirer des gens en procédant comme ça. Le supporter toulonnais a toujours été ouvert à une grosse délocalisation pour aider le club, et ça nous permettait de nous mettre en route pour la phase finale. À l’époque, d’un point de vue sportif, la supériorité du club nous permettait de gagner partout, contre n’importe qui. Là, on a parfois le sentiment de jouer deux matchs de plus à l’extérieur. Ce n’est pas idéal. L’heure est à resserrer les liens entre nous. Là… c’est une idée qui ne serait vraiment pas la bienvenue."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?